Le « doomscrolling », nouvelle pratique addictive et nocive

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Par Céline Durr (ANPM-France Mutualité)

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Faire défiler du contenu anxiogène sans fin sur son portable : cette habitude pas si banale entraînerait stress et anxiété, en particulier chez les jeunes.

Mot-valise émergé sur Twitter en 2018, le doomscrolling (pour « défilement morbide ») désigne le fait de faire défiler de façon compulsive les fils d’actualité sur les réseaux sociaux. À première vue, rien d’alarmant. Sauf que… Lorsque l’actualité se résume à une succession de faits divers et d’événements tragiques : pandémie, guerre en Ukraine, réchauffement climatique, crise économique… le simple acte de « scroller » sur son téléphone peut s’avérer délétère pour la santé. Si le phénomène ne crée pas de pathologie à proprement parler, il exacerbe en revanche le mal-être chez les sujets fragiles. La raison avancée par les psychologues : sorti de son contexte, ce flot d’images et de vidéos ne peut être « assimilé » par le cerveau qui le reçoit de façon brute, sans pouvoir lui donner du sens. Avec, pour effet : une hausse du taux de cortisol, l’hormone du stress. Entraînant émotions négatives, insomnie et anxiété, cette pratique est alimentée par un autre phénomène : le syndrome de FOMO (pour Fear of missing out), la peur de manquer quelque chose ou de rater un événement.

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Les jeunes en première ligne

Certaines populations sont plus à risque que d’autres. À commencer par les jeunes. Selon une étude réalisée par la société NordVPN, 77 % des 18-24 ans consultent leur portable dès le réveil. Une hyperconnectivité qui n’est pas sans effet sur leur développement. Une étude publiée dans la revue britannique Nature Communications établit qu’en fonction de l’âge, le cerveau ne réagit pas de la même façon à l’impact des réseaux sociaux. Et pour cause. Conçu, à l’instar de l’alcool, pour rendre accro en stimulant la dopamine (l’hormone du bonheur), leur usage en excès perturbe la maturation du cortex cérébral, immature jusqu’à l’âge de 25 ans. Autre conséquence : une aggravation du sentiment d’isolement, nourrit par la comparaison et le système de « like », à un âge où le lien et le besoin de validation par ses pairs sont cruciaux.

Les bons réflexes à adopter

L’info pourrait prêter à sourire, si elle ne témoignait pas d’un réel enjeu de santé publique. En 2014, un article du New York Times révèle que les dirigeants des GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) interdisent les écrans à leurs enfants jusqu’à l’âge de 15 ans, conscients de la dangerosité de leurs propres produits. Mais diaboliser les réseaux ou en interdire l’accès s’avère vain selon les experts qui préconisent plutôt d’en contrôler l’usage en adoptant les bons réflexes : désactiver les notifications, fixer une limite de temps, ne pas allumer son téléphone au saut du lit. Autant de gestes qui permettent de se libérer de l’emprise de la technologie sur nos vies.

Comment gérer son temps sur les applications du téléphone ?

Des applis pour gérer le temps passé sur les applis ? Il fallait y penser. Quelques exemples.
Space. Auparavant connue sous le nom de Breakfree et téléchargée par plus de 800 000 personnes, cette appli permet de limiter son temps de connexion.
Forest. Le concept : on fixe une plage de travail pendant laquelle on souhaite rester concentré sur une tâche et un arbre virtuel pousse. Si on quitte l’application, l’arbre meurt.
Moment. Mesurant le temps passé sur les réseaux sociaux, cette application permet de créer des alertes personnalisées qui apparaissent après un certain temps d’utilisation.

Par Céline Durr (ANPM-France Mutualité)

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