Serge Guérin : « On a la chance d’être en forme à un âge où nos parents étaient morts »

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Par Propos recueillis par Patricia Guipponi

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La vision de la vieillesse a-t-elle changé dans notre société ? Le point avec Serge Guérin, sociologue, professeur à l’Inseec SBE, spécialiste des questions liées au vieillissement.

Qu’entend-on par bien vieillir ?

Serge Guérin : Bien vieillir, ce n’est pas refuser de vieillir. C’est faire au mieux avec ce que l’on a, se réinventer, renforcer ses capacités restantes. On a la chance d’être en forme à un âge où nos parents étaient morts ou déjà très fragiles.

Bien vieillir, c’est profiter, prendre soin de soi, s’alimenter sainement, faire de l’exercice, être en lien avec les autres, rechercher du sens.

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Les vieux ne sont-ils pas de plus en plus jeunes ?

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Crédit photo : G. Roubaud

S.G. : On a rajeuni. L’espérance de vie s’est allongée. En 1900, à 40 ans, on n’avait en théorie plus que six ans devant soi. Aujourd’hui, on peut encore vivre au moins quarante-cinq ans de plus. Or le regard social n’a pas changé. Le système économique et idéologique survalorise le récent, le jeune. Le vieux, par essence, n’est pas nouveau. La notion d’obsolescence sur les produits est aussi attachée aux personnes. On est vieux dans le regard des autres et des institutions.

Dans l’entreprise, on peut être considéré sénior dès l’âge de 45 ans. On va être vieux car on va se sentir vieux : on se compare avec ce que l’on était ou ce que l’on croit avoir été. C’est subjectif et relatif. Bien qu’il y ait des réalités objectives. Selon sa personnalité, sa génétique, son mode de vie, on vieillit plus ou moins vite.

En vidéo : Pour Jean-Louis Servan-Schreiber, « la vieillesse est un âge de la vie qu’il faut traverser »

Découvrez l’interview de l’ancien patron de presse, âgé de 81 ans.

Les Quincados*, sujets de votre dernier livre, refusent-ils de vieillir ?

S.G. : C’est une génération qui se découvre vieillissante mais qui est bien plus jeune que ses parents au même âge. Les quincados ont devant eux un temps fou. Ils ont conscience de ce qu’est vieillir en observant leurs ascendants. Donc ils ont un sens du tragique. En même temps, ils se sentent jeunes, en capacité de rebondir. Ils veulent vivre, prennent le risque de changer de cap professionnel, personnel, avec leur expérience en plus. Ils s’habillent tendance, portent des baskets, mais restent à leur place.

Ce ne sont pas de faux jeunes. Ils ne fuient pas leurs responsabilités : s’occuper d’un parent souffrant, aider un enfant dans ses études, son installation. Ils assument d’avoir pris de l’âge et veulent décider de la suite de leur vie.

* Le mot quincado recoupe les termes quinquagénaire et adolescent. Entendre : des 50 ans et plus qui se sentent jeunes. Les Quincados, aux éditions Calmann-Levy.

Par Propos recueillis par Patricia Guipponi

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