Violence et harcèlement sur le net : les filles plus exposées

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Par Émilie Gilmer

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Tandis que le harcèlement scolaire touche indifféremment filles et garçons, la cyberviolence et le cyberharcèlement sont clairement prédominants chez les filles. Les explications du pédopsychiatre Stéphane Clerget*.

Pourquoi les filles sont-elles plus exposées à la violence et au harcèlement sur internet ?

Stéphane Clerget : Les filles sont beaucoup plus consommatrices des réseaux sociaux que les garçons, qui préfèrent en majorité les jeux vidéo. Résultat, elles y passent proportionnellement plus de temps. Par ailleurs, la violence masculine est statistiquement beaucoup plus physique que verbale, tandis que chez les filles, la violence verbale est dominante. Autrement dit, le cyberharcèlement correspond mieux à la façon dont les filles expriment leur violence.

 

Cyberviolence ou cyberharcèlement ?

La cyberviolence se définit comme un acte agressif, intentionnel, perpétré par un individu ou un groupe aux moyens de médias numériques à l’encontre d’une ou plusieurs victimes (Source : ministère de l’Éducation nationale).

Le cyberharcèlement se distingue de la cyberviolence dans le sens où il s’exerce de façon répétée, à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule.

Le cyberharcèlement est-il toujours le prolongement de ce qui se passe dans la cour d’école ?

S.C. : Pas toujours non, même si c’est le cas la plupart du temps. J’ai en tête l’exemple d’une jeune fille qui, parce qu’elle avait « liké » la photo d’un jeune homme, est devenue la cible de la petite amie du jeune homme, et des relations de celle-ci. Cette jeune fille a donc été harcelée par des gens qu’elle ne connaissait pas et qui ne la connaissaient pas. Ainsi, contrairement au harcèlement scolaire qui concerne prioritairement des adolescents fragilisés, le cyberharcèlement peut être dirigé vers n’importe qui.

Dans ce cas, si le harceleur ne connaît pas sa victime, quel est le moteur du harcèlement ?

S.C. : En apparence, le moteur est la jalousie : la harceleuse s’en prend à sa victime parce que celle-ci est entrée en contact avec son petit ami. Mais on peut imaginer qu’il y a derrière ce motif un désir plus inconscient d’entrer en relation avec l’autre. C’est un schéma typique de l’adolescence, une sorte de coup de foudre inversé. Au même titre qu’à l’adolescence, on peut tomber violemment amoureux de quelqu’un, on peut aussi se mettre à haïr quelqu’un de manière très passionnelle. Ce n’est pas plus élaboré que cela…

On constate un sentiment d’impunité chez les cyberharceleurs, de quoi se nourrit-il ?

S.C. : De la dimension virtuelle des réseaux sociaux. Les harceleurs n’ont pas le sentiment d’agresser quelqu’un, mais plutôt une image. Dans la réalité, on peut ressentir de l’empathie pour la personne agressée. Lorsqu’on prend conscience que l’on fait souffrir l’autre, on arrête le harcèlement. Sur les réseaux sociaux, il y a moins de culpabilité, ce qui donne le sentiment que l’on n’est pas punissable.

*Auteur de « Les vampires psychiques : comment les reconnaître, comment leur échapper », éd. Fayard

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