Sécurité sanitaire : en quoi consiste le rappel des produits alimentaires ?

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Patricia Guipponi

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Lorsque des aliments, mis sur le marché, représentent un risque pour la santé du consommateur, ils sont rappelés et doivent être retirés des rayons. Plus de 7 000 denrées ont fait l’objet de cette procédure depuis la création en 2021 de Rappel Conso, site d’alerte des produits potentiellement dangereux.

Régulièrement, par voie de presse ou d’affichage dans les commerces, les consommateurs sont informés de la possible dangerosité pour leur santé et leur sécurité de produits mis sur le marché. Il peut s’agir de denrées alimentaires comme d’autres marchandises, les premières étant les plus fréquemment pointées. Les articles en question sont enlevés des rayons et les consommateurs sont invités à ne pas les consommer mais à les rapporter en magasin ou à les jeter.


Le 1er avril 2021, le dispositif en ligne Rappel Conso a été lancé par le gouvernement pour lister ces produits dans le but d’avertir et de protéger le plus grand nombre. Depuis, plus de 7 000 denrées alimentaires ont fait l’objet de rappels, signalés directement par les industriels et les distributeurs ou par les consommateurs.


La sécurité alimentaire à la charge du ministère de l’Agriculture


« Le rappel de produits concerne les marchandises qui ont été commercialisées et qui ont pu être consommées. Quand le produit est écarté avant d’être mis en vente, on parle alors de procédure de retrait », distingue Émilie Tafournel, directrice qualité de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD).


Depuis la réforme du 1er janvier 2024, la sécurité alimentaire des Français incombe au ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. De ce fait, c’est à lui de garantir la bonne conformité des produits consommables. Auparavant, cette gestion était partagée avec le ministère de l’Économie.


Bien que les produits alimentaires fassent l’objet de contrôles stricts avant leur mise sur le marché, ils peuvent s’avérer impropres à la consommation une fois en vente. « Nous sommes dans un milieu vivant. Le risque zéro n’existe pas », confie Émilie Tafournel.


Présence de corps étrangers et de bactéries dans les aliments


Certaines denrées alimentaires peuvent être rappelées en raison de la présence de corps étrangers. « Ce peut être le cas lorsque le consommateur trouve des débris de plastique dans une boîte de conserve », poursuit la directrice qualité de la FCD. Tout le lot sera alors rappelé par l’industriel ou le distributeur.


Autre cas de figure : celui de la présence de germes pathogènes qui peuvent déclencher des intoxications alimentaires plus au moins graves. « On parle surtout de la listéria, bactérie potentiellement dangereuse, notamment pour les femmes enceintes avec des risques de malformations ou de perte de fœtus », explique le docteur Laurent Chevallier, médecin nutritionniste attaché au CHU de Montpellier.


La bactérie Escherichia coli peut aussi être la cause de rappels de produits alimentaires. « En 2022, elle a été à l’origine de deux décès et de cas d’infections graves après la consommation de certaines pizzas », rappelle le médecin. Le praticien redoute que l’utilisation des eaux usées traitées, alternative pour préserver les ressources naturelles menacées, favorise le développement de l’E. Coli dans les aliments. « On n’est jamais trop prudent, surtout si, par exemple, on arrose les salades avec de l’eau recyclée sans respecter suffisamment les garanties de sécurité sanitaire d’usage ».


Rappel pour des erreurs d’étiquetage et de mauvaises informations


Les produits alimentaires peuvent faire l’objet de rappels lorsqu’il y a des erreurs d’étiquetage ou de mauvaises informations qui portent, notamment, sur la présence d’un des quatorze allergènes majeurs. « L'allergie alimentaire peut causer des symptômes respiratoires, cutanés ou digestifs, ainsi qu’un choc anaphylactique potentiellement mortel même si cela est heureusement rare », indique le médecin nutritionniste. On peut aussi retirer des étals les denrées qui contiennent des substances toxiques comme l’oxyde d’éthylène. Ce gaz peut servir de pesticide et est classé comme cancérigène.


Les alertes sont principalement émises par les industriels, mais aussi à la suite de plaintes de consommateurs. Elles peuvent parvenir à tout moment, que ce soit le soir, les week-ends, ainsi que les jours fériés, ce qui impose de la vigilance et un service d’astreinte au sein des commerces. Des enquêtes (de traçabilité, des prélèvements, etc.) sont alors diligentées. La fiche du produit non-conforme est publiée sur le site Rappel Conso.


Les consommateurs peuvent ramener les denrées à risques en magasin où ils seront remboursés. Ils peuvent aussi les jeter et être dédommagés sur présentation du ticket de caisse. S’ils ont consommé ces produits, il leur faut consulter un médecin au moindre doute surtout si des symptômes d’intoxication apparaissent (nausées, vomissements, diarrhées…).


Les rappels, partie infime de la masse de produits commercialisés


Dans ce processus, le rôle des associations de consommateurs va être d’informer et de rassurer au mieux le grand public. « Lorsqu’il y a un rappel, surtout médiatisé, nous faisons face à beaucoup de sollicitations », témoigne Julie Vanhille, secrétaire générale de l’Association de défense d’éducation et d’information du consommateur (ADEIC).


Cette dernière trouve qu’il est regrettable que ce soit au consommateur de faire la démarche pour s’enquérir des produits rappelés en consultant régulièrement Rappel Conso. « Certes, c’est affiché dans les rayons et à la caisse des magasins, mais quand on fait les courses, on n’y pense pas forcément ou on n’a pas le temps de vérifier ce genre d’informations ». Le docteur Laurent Chevallier estime que les contrôles ne sont pas suffisants. « On ne va pas assez loin sur l’aspect chimique, notamment sur les additifs dont on connaît souvent mal les concentrations présentes. »


On pourrait penser que la fréquence et l’augmentation des rappels de produits sont le signe de défaillances. « C’est l’inverse, soutient Émilie Tafournel, directrice qualité de la FCD. Grâce aux dispositifs mis en place, la détection des marchandises non-conformes s’est améliorée et la visibilité des alertes est bien meilleure ».

La sécurité sanitaire alimentaire à la loupe


Les contrôles de sécurité sont effectués au niveau de tous les maillons de la chaîne alimentaire. Ils sont pratiqués à la production (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs…), à la transformation (abattoirs, industries agroalimentaires…) à la distribution (entrepôts, transports, commerces…) et aux frontières (sur les denrées qui rentrent et qui sortent, les animaux et végétaux). Ce qui signifie que sont observées, entre autres, les conditions d’hygiène (des personnels, des locaux, des machines, des élevages, etc.), la qualité sanitaire des produits, la présence de contaminants notamment dans la nourriture donnée aux animaux.


En plus de ses agents de contrôle, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire s’appuie sur un réseau de laboratoires de référence et de laboratoires d’analyses agréés. Le non-respect ou la non-conformité des règles entraînent des sanctions. Cela peut aller de la fermeture de l’établissement à des amendes ou encore des peines de prison.

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