Handigynéco : des consultations gynécologiques pour les femmes en situation de handicap

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Par Cécile Fratellini

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Handigynéco : des consultations gynécologiques pour les femmes en situation de handicap © Getty Images

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Depuis début 2023, la démarche Handigynéco est mise en place dans les établissements médico-sociaux d’Île-de-France. Le principe ? Favoriser l’accès aux soins gynécologiques des femmes en situation de handicap.

66 % des femmes accueillies en établissements médico-sociaux en Île-de-France n’ont pas de suivi gynécologique régulier*. C’est en partant de ce constat qu’un programme d’actions a été déployé par l’Agence régionale de santé (ARS) d'Île-de-France. Ainsi, la démarche Handigynéco, dans un premier temps expérimentée dans plusieurs établissements médico-sociaux, a été déployée en début d’année 2023 en lien avec VYV3 Île-de-France, et le soutien de l’Ordre national des sages-femmes. « Nous avons d’abord établi un diagnostic territorial qui a mis en avant les difficultés des structures médico-sociales et celles des professionnels de santé qui ne sont pas formés aux différents types de handicap », explique le Dr Catherine Rey-Quinio, conseillère médicale à la direction de l’autonomie de l’ARS Île-de-France.

Formation de 3 jours des sages-femmes

Dans le cadre de cette démarche, des sages-femmes libérales ont été formées aux spécificités des handicaps pendant trois jours. « Cette phase est essentielle. Le dispositif a pour vocation à former les sages-femmes à avoir cette dimension d’accompagnement de situation de handicap. À l’école de sages-femmes du CHU de Nantes, on a même mis en place pour la première fois une unité d’enseignement à titre expérimental pour l’accompagnement des personnes en situation de handicap. À terme, on espère que tous les étudiants sages-femmes soient formés », explique Isabelle Derrendinger, présidente du conseil national de l’Ordre des sages-femmes.

Et si la démarche Handigynéco ne concerne que les établissements médico-sociaux, grâce à la formation reçue, les sages-femmes pourront modifier leurs pratiques en cabinet. « Un exemple : les femmes qui présentent des troubles autistiques doivent bénéficier d’un environnement le moins perturbateur possible. Une des solutions est de proposer le premier rendez-vous de la matinée ou de l'après-midi car dans une salle d’attente beaucoup de stimuli sonores et visuels comme des affiches sont perturbants pour ces patients. Ce sont des actions simples à mettre en œuvre mais il faut en avoir connaissance », ajoute Isabelle Derrendinger.

Des ateliers collectifs sur les violences faites aux femmes

Une fois formées, les sages-femmes peuvent ainsi proposer des consultations longues de gynécologie pour les femmes qui le souhaitent dans les établissements médico-sociaux.

« Ce sont des consultations adaptées aussi aux besoins de chaque femme, pour discuter notamment de l’anatomie, du consentement, de la contraception, du suivi gynécologique… Si besoin, la sage-femme oriente vers un gynécologue, un centre de mammographie, car elle connaît les ressources de son territoire », précise le Dr Catherine Rey-Quinio.

Elles proposent également des ateliers collectifs pour les hommes et les femmes en situation de handicap sur la vie affective et sexuelle et les violences faites aux femmes. « La situation est troublante pour les femmes souffrant de troubles autistiques notamment dans le champ des violences puisque si on prend les données de l’association des femmes ayant un trouble autistique, on constate que 9 femmes sur 10 sont victimes de violences intrafamiliales ou institutionnelles », rappelle Isabelle Derrendinger.

Les sages-femmes organisent aussi des ateliers sur ces mêmes thématiques pour les professionnels de ces établissements qui sont parfois désarmés face à une situation de violence.

Le dispositif Handigynéco en place en Île-de-France se déploie en Bretagne et en Normandie et devrait être généralisé sur toute la France. « C’est un dispositif essentiel pour les citoyens. Il faut donner du temps à ces femmes qui en ont besoin », conclut Isabelle Derreninger.

D’autres actions en Île-de-France pour favoriser l’accès aux soins

Six centres de consultations Handiconsult existent actuellement en Île-de-France. « Il en manque encore trois, l’objectif étant d’en déployer un par département précise le Dr Catherine Rey-Quinio. Cette unité de lieu propose des consultations de médecine générale et de spécialistes qui varient selon les lieux : cardiologie, ophtalmologie, podologie, gynécologie, aux personnes en situation de handicap qui ne peuvent consulter ailleurs compte tenu de leur handicap … Les rendez-vous sont préparés à l’avance, ce qui simplifie le parcours de soins du patient ».

Concernant la santé bucco-dentaire, le réseau Rhapsod’if (réseau handicap prévention et soins odontologiques d’Île-de-France) propose aux établissements médico-sociaux des actions de dépistages bucco-dentaires et oriente les patients vers le lieu de soins le plus adapté à leurs besoins.

D’autres projets sont en cours. « Nous travaillons actuellement sur un projet pour réaliser des dépistages des cancers obligatoires (sein – utérus et colon) dans les structures médico-sociales », conclut le Dr Catherine Rey-Quinio.

*Selon une étude de l’Institut de recherche et documentation en économie de la santé parue en 2015 pour les femmes âgées de 20 à 59 ans, dans le cadre de l’enquête Handicap-santé.

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