Qu’est-ce que la « 5e maladie » ?

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Par Paola Da Silva

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Moins connue que la varicelle ou la roséole, la « 5e maladie » fait pourtant partie des pathologies classiques de l’enfance. Ses symptômes au départ banals, ressemblant à un rhume, peuvent ensuite laisser place à une importante éruption cutanée sur le visage, les bras et les jambes.

Elle connaît un pic de contagion chez les enfants âgés de quatre à sept ans. La « 5e maladie », dont le nom médical est en réalité mégalérythème épidermique, fait partie des pathologies pédiatriques les plus courantes. Elle est toutefois bien moins connue que la varicelle, la rougeole ou encore la roséole.

« On nomme cette pathologie "la 5e maladie" car elle était classée à cette place historiquement dans la liste des six maladies infantiles pouvant causer une éruption, explique le docteur Éric Sellam, pédiatre et vice-président du Syndicat national des pédiatres français (SNPF). C’est une maladie très fréquente, bénigne, et qui a toujours existé. Elle est méconnue du grand public notamment parce qu’elle est multiforme, bien moins stéréotypée que la varicelle, par exemple. »

Des symptômes allant du rhume à une importante éruption

La 5e maladie est causée par un virus, le parvovirus B19. Ses symptômes au départ sont très peu spécifiques, et font plutôt penser à une petite rhinopharyngite, parfois avec un peu de fièvre. Puis, l’enfant peut développer une éruption cutanée, d’abord sur le visage au niveau des pommettes.

« Ces rougeurs donnent un aspect souffloté au visage, comme si l’enfant avait été giflé », détaille le docteur Sellam. Ensuite, l’éruption s’étend sur les deux bras et les deux jambes en prenant un aspect dit « dentelé » ou « déchiqueté ». Elle peut rester sur le corps pendant plusieurs semaines, sans pour autant forcément engendrer de démangeaisons.

« C’est cette éruption qui permet de poser un diagnostic sûr, qui rassure beaucoup les parents. Mais l’ennui, c’est que l’éruption n’apparaît pas toujours. On peut donc tout à fait passer au travers du diagnostic de cette maladie, croire qu’on a eu un rhume et penser, à l’âge adulte, qu’on ne l’a jamais eue. »

Une maladie très contagieuse mais très immunisante

La 5e maladie est très contagieuse. « Elle se répand par petites épidémies, plus fréquemment au printemps, comme beaucoup de virus, souligne le docteur Sellam. La maladie se transmet lorsqu’une personne atteinte tousse ou lorsqu’elle se mouche. Les particules projetées ou qui sont sur ses mains peuvent contaminer un autre individu ».

Particularité de cette pathologie, elle est très contagieuse avant que les boutons apparaissent. « Une fois que les boutons sont sur le corps, l’enfant n’est plus contagieux, il peut même retourner à l’école avec ses boutons ! ».

Par ailleurs, la 5e maladie est très immunisante. « C’est le même fonctionnement que pour la varicelle par exemple. Quand on l’a eue une fois, on ne l’aura plus jamais au cours de sa vie ».

De rares cas graves, notamment chez les femmes enceintes

Si la 5e maladie est considérée comme une maladie bénigne, y compris chez l’adulte, elle peut néanmoins être grave dans quelques cas exceptionnels. « On porte une attention particulière aux patients atteints d’anémie chronique (drépanocytose, sphérocytose), une affection héréditaire des hématies », indique le docteur Éric Sellam.

« Les patients qui en sont atteints ont été prévenus par l’hématologue. La 5e maladie peut être dangereuse chez eux car elle peut entraîner une anémie aiguë ». Le nombre de globules rouges peut donc chuter brutalement et causer des problèmes d’oxygénation de l’organisme. « Ces patients peuvent souffrir de symptômes importants et leur prise en charge peut conduire à une transfusion de sang. »

La 5e maladie peut également être dangereuse pour le fœtus chez les femmes enceintes. « Là encore, le problème est l’anémie, car elle peut entraîner une défaillance cardiaque avec œdèmes femto placentaires et donc générer une souffrance chez le fœtus, voire sa perte. » Des risques importants, mais qui sont à relativiser, la très grande majorité des femmes ayant contracté la 5e maladie dans l’enfance.

Enfin, les personnes immunodéprimées doivent, comme pour tout virus, essayer de se protéger au maximum d’une contamination éventuelle par la 5e maladie. « Ces cas exceptionnels sont dangereux, certes, mais les patients concernés sont suivis par des professionnels formés pour répondre à ces risques, donc pas de panique ! »

Pas de traitement spécifique

Il n’existe pas de traitement spécifique actuellement pour soigner la 5e maladie. Du paracétamol peut être prescrit en cas de fièvre, et parfois des antihistaminiques si les boutons grattent un peu. « Il suffit d’attendre. C’est là tout l’importance de notre rôle de médecin, souligne le docteur Sellam. Nous devons prendre le temps d’expliquer aux parents qu’il n’y a pas de traitement spécifique, que c’est une maladie bénigne de l’enfance. Et que ça va passer tout seul. »

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