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Simplon : fabrique sociale de codeurs
Publié le
Par Angélique Pineau-Hamaguchi
Temps de lecture estimé 4 minute(s)
Une fois poussé le grand portail de la rue de Vincennes à Montreuil, on a rapidement le sentiment d’être dans un lieu à part. Cette ancienne usine désaffectée aux allures de loft abrite une école pas tout à fait comme les autres. Ici, pas de notes, copier est autorisé, et le bavardage encouragé. Derrière l’alignement d’ordinateurs, une vingtaine d’élèves, autant de filles que de garçons, et pas vraiment de profil type. Rien à voir, en tout cas, avec un repaire de « geeks ».
Offrir une seconde chance
Située aux portes de la Seine-Saint-Denis, Simplon se revendique comme une « fabrique sociale ». L’entreprise de l’économie sociale et solidaire s’est donnée pour mission de former au code informatique, et plus largement aux métiers du numérique en manque de main-d’œuvre. Et ses trois fondateurs ont décidé de le faire gratuitement, pour offrir une seconde chance à des jeunes qui ont quitté l’école sans diplôme, à des chômeurs de longue durée, des bénéficiaires des minima sociaux ou encore des seniors en reconversion.
« L’idée, c’est avant tout de faire de l’inclusion et de redonner du pouvoir aux moins favorisés », précise Frédéric Bardeau, cofondateur et président de Simplon.
Se former gratuitement et rapidement
Une formation gratuite* donc et intensive. En six mois, ils apprennent à créer des sites web et des applications pour mobile. Recrutés avant tout pour leur motivation, la plupart d’entre eux n’avaient jamais écrit la moindre ligne de code avant d’arriver ici. Et pensaient que ce n’était « pas pour eux ».
À l’image de Mehdi, 22 ans. « J’ai toujours été attiré par l’informatique, mais je croyais que c’était plutôt pour les ingénieurs, pour les élites. » Il y a peu, il enchaînait encore les petits boulots après avoir commencé une école de commerce, abandonnée au bout de quelques mois. « Dès le début, j’ai eu un coup de foudre pour le code. C’est très concret car on voit tout de suite le résultat de son travail. »
* Financée par des subventions publiques, du mécénat, du sponsoring et de la vente de prestations.
À l’école de la confiance
C’est l’autre enjeu de cette formation, à la pédagogie originale. Les « apprenants » sont amenés chaque jour par leur « coach » (et non leur professeur) à trouver par eux-mêmes la solution à un problème donné.
Développer la débrouillardise et l’entraide est aussi au programme de Simplon. Et à chaque problème résolu, c’est un peu de confiance en soi gagnée. « Je pensais que j’aurais été incapable de suivre. Or, je vois bien que je progresse petit à petit. Alors je me dis que je ne suis peut-être pas si nulle que ça… », confie Pauline, 24 ans, qui jusque-là « vivotait » à la fac sans parvenir à décrocher un diplôme.
Des résultats en matière d’insertion professionnelle
À l’issue de la formation, plus de 80 % des « Simploniens » trouvent un emploi (plus ou moins stable) dans les trois mois, créent leur propre activité ou reprennent des études.
Mehdi et Pauline, eux, ne savent pas encore précisément ce qu’ils feront après. Mais ils se prennent déjà à rêver. Pourquoi ne pas compléter ce qu’ils auront appris avec une formation dans le webdesign, et en faire leur métier. C’est vrai, après tout, pourquoi pas eux ?
Témoignage
Philippe Christmann, Chargé du pilotage de la « Grande École du numérique »
Pour en savoir plus
- Depuis 2013, année de la création de Simplon Montreuil, une trentaine d’autres écoles ont vu le jour en France (à Marseille, Lyon, Toulouse, Roubaix, Boulogne-sur-Mer…). Plus de 800 personnes ont déjà été formées et 300 sont en cours de formation. De nouveaux projets sont en cours. L'objectif de Simplon étant de former 1 000 personnes par an à partir de 2018. Voir le réseau d’écoles Simplon.co
- Pour aller plus loin sur le numérique « inclusif », Simplon a également créé une fondation, « bras armé philanthropique complémentaire de l’entreprise ».
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