« À l’heure où les fractures s’exacerbent dans notre pays, en Europe et dans le monde, sur le plan économique, social, environnemental et géopolitique, il est essentiel de travailler à l’enrichissement de nos liens », lance Éric Chenut, président de la Mutualité Française.
Il donne ainsi le ton de ce 43e congrès qui s’est ouvert mercredi 7 septembre 2022, à Marseille. La fédération, qui regroupe près de 500 mutuelles en France, a choisi d’axer cet événement autour du thème « Mutualité : territoires d’engagements pour l’entraide et les solidarités ».
« Vous êtes la vigie, le phare qui rassure chacun de nous quand nous sommes face aux coups durs du destin », a déclaré au sujet de la Mutualité Française, Marlène Schiappa, présente à l’ouverture du congrès. Pour la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative, « il est temps de passer de l’économie de la compétition à l’économie de la coopération. Votre modèle doit irriguer l’ensemble de l’économie ».
Absent quant à lui, le président de la République avait enregistré un message vidéo, diffusé à la fin de la séance d’ouverture. Les raisons de cette absence ? Le lancement du Conseil national de la refondation*, ce jeudi 8 septembre 2022. « Nous avons besoin de mieux travailler ensemble, de trouver une nouvelle méthode dans laquelle vous aurez tout particulièrement votre place, notamment en ce qui concerne la santé », a souligné le président de la République. Éric Chenut a d’ailleurs confirmé, durant le congrès, sa participation au Conseil national de la refondation.
Pour le président de la Mutualité Française, les messages à porter devant le Conseil national de la refondation, sont nombreux : le chantier du préventif, restaurer un égal accès aux soins pour tous ou encore la question de l’autonomie, afin de permettre à chacun de choisir son projet de vie jusqu’à la fin de ses jours.
Durant son intervention vidéo, Emmanuel Macron a évoqué la nécessité de « renforcer encore notre système de santé » en encourageant l’accès à la santé « partout et pour tous ». L’objectif visé ? « Permettre à tous d’avoir accès à un médecin où qu’ils résident », en premier lieu les plus âgés, les malades chroniques et les personnes handicapées.
« Trop nombreux sont aujourd’hui nos compatriotes à ne pas avoir de médecin traitant et à avoir de plus en plus de difficultés à accéder à des spécialistes. Cette situation n’est pas acceptable », estime le président de la République. On estime à plus de 5 millions le nombre d’assurés sociaux sans médecin traitant en France, a d’ailleurs rappelé Éric Chenut durant le Congrès.
Emmanuel Macron a aussi expliqué vouloir faire émerger des « projets territoriaux » dans le cadre du Conseil national de la refondation. « Nous devons permettre aux partenaires de santé sur un territoire d’être les acteurs des solutions qu’ils vont proposer. »
Il s’agira ainsi, selon le président de la République, de « mettre l’ensemble des parties prenantes autour de la table ». Cela concerne aussi bien le monde hospitalier, le monde médical libéral, l’ensemble des structures du soin programmé comme du soin non programmé, les associations de patients ou encore d’aidants, le médical comme le médico-social. L’objectif étant de « faire le bilan des besoins à l’échelle d’un territoire » et de proposer « les solutions pragmatiques qui correspondent à ses besoins ».
Le président de la République a enfin précisé que le Conseil national de la refondation allait se pencher sur la question du grand âge et de son accompagnement en matière de soins.
Par ailleurs, au-delà des enjeux en matière de santé et protection sociale, la Mutualité Française a dévoilé à l’occasion du congrès sa « raison d’être », autour du principe suivant : « se protéger mutuellement aujourd’hui pour, ensemble, construire les solidarités de demain ».
Adoptée le 6 septembre lors de l’assemblée générale de la Mutualité Française, la « raison d’être » de la Mutualité Française sera désormais inscrite dans ses statuts et vient définir ses valeurs, son utilité sociale et ses principes d’actions.
En se dotant d’une « raison d’être », « on ne se contente pas de s’auto-regarder. On se projette vers l’avenir, a indiqué Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité Française. On affirme ce que nous sommes et ce que nous voulons être ». Mais la définition de cette « raison d’être » n’est pas la partie la plus difficile à mettre en œuvre selon elle. « Il va maintenant falloir la faire vivre. Et il faudra année après année en rendre compte. »
Trois axes d’engagements ont été retenus :
*Le Conseil national de la refondation s’est ouvert le 8 septembre 2022. L’objectif : réunir des professionnels et citoyens pour évoquer des sujets majeurs, qui doivent faire l’objet de réformes, comme l’école, la santé, l’emploi…