S’épanouir malgré la différence. C’était le thème de l’Agora mutualiste organisée par les élus d’Harmonie Mutuelle du territoire Tarn-Aveyron et Essentiel Santé Magazine, jeudi 20 octobre 2022 à Albi. « Nous avons un rôle d’éclaireur, de défricheur pour une société plus solidaire et plus inclusive », a rappelé en introduction, Francis Douce, président du territoire Tarn-Aveyron.
Jérôme Bernard, amputé des deux jambes et d’un bras à l’âge de 9 ans pour « avoir discuté de trop près avec un tracteur » semble avoir réussi le pari de l’inclusion. S’il n’a pas pu pratiquer de sport jusqu’à l’âge de 20 ans, il s’est bien rattrapé depuis puisqu’il a grimpé un sommet de 3000 mètres en septembre 2021. « Mon accident a eu lieu en 1984, on en était encore à la préhistoire de l’appareillage. A 20 ans, je me suis mis au cyclisme puis après j’ai voulu me mettre à la course pour courir avec mes enfants », raconte-t-il. Aujourd’hui, il est président du comité handisport du Tarn et essaie de mettre ou remettre les personnes en situation de handicap au sport.
En septembre 2021, 5 binômes handi-valides ont ainsi été constitués pour grimper un sommet de 3000 mètres dans les Alpes. « Grâce à cette expédition, j’ai pris de l’émotion pour une année, raconte-t-il avec un grand sourire. Michel, 64 ans aujourd’hui, rêvait d’être guide de haute-montagne mais il a été amputé à l’âge de 20 ans et ne pensait pas un jour pouvoir gravir un sommet. Et il l’a fait. Tous les participants se sont dépassés. Et dans ce genre de situation, la différence est lissée, chacun amène quelque chose à l’autre ».
Si le handisport est connu du grand public, le sport adapté l’est moins. « Le handicap est moins visible ou invisible puisque nous nous adressons aux personnes qui ont un handicap mental et psychique », explique Olivier Rouquier, conseiller technique du comité de sport adapté du Tarn. Aujourd’hui, la fédération française de sport adapté compte pourtant plus de 65000 licenciés. Football, pétanque, randonnée, basket, gymnastique… « De plus en plus de clubs s’ouvrent au handicap. Nous adaptons les règles afin que chacun puisse s’épanouir. Selon le handicap, nous avons plusieurs niveaux. Les règles peuvent être les mêmes que les valides, on peut aussi les simplifier et enfin les adapter encore plus en réduisant le terrain, le nombre de joueurs… », précise Olivier Rouquier. Le sport permet à ces personnes qui sont souvent dans des établissements spécialisés de sortir de leur quotidien. « On arrive à un épanouissement aussi bien en individuel qu’en collectif. Et certains viennent pour performer », ajoute-t-il.
La culture peut également être un facteur d’inclusion. Les membres de l’association La Traverse à Bergerac en sont convaincus avec un projet d’urbanisme inclusif. L’association a ainsi transformé un bâtiment de la ville pour en faire un lieu inclusif. L’ouverture est prévue pour janvier 2023. « Nous voulons faire de l’économie inclusive avec des entrepreneurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) qui viendront animer des ateliers. Nous voulons favoriser l’accès aux droits socioculturels grâce notamment à un café associatif et solidaire », explique Elona Hoover, chercheuse indépendante en sciences sociales qui assure le suivi du projet. Des espaces de ce bâtiment devraient aussi être réservés à un collectif d’artistes.
Qu’il s’agisse du sport ou de la culture, tous sont investis pour favoriser l’inclusion et l’épanouissement. Et tous ont besoin de bénévoles pour favoriser la réalisation de leurs projets à venir.
Légende : De gauche à droite : Jérôme Bernard, président du comité handisport du Tarn, Olivier Rouquier, conseiller technique du comité de sport adapté du Tarn, Francis Douce, président du territoire Tarn-Aveyron et Alain Rey, animateur de l’Agora.