Quels sont les bienfaits liés à l’arrêt de l’alcool ?

Lancé en France il y a cinq ans, le « dry january » (ou « mois de janvier sans alcool » en français) a permis de mettre en lumière la nécessité de se questionner sur sa consommation d’alcool. Cette dernière baisse régulièrement parmi la population française depuis trente ans selon les chiffres de Santé Publique France. La France reste néanmoins parmi les plus gros consommateurs d'Europe, avec dix litres et demi par an et par habitant, devant l'Allemagne et le Royaume-Uni. Pourtant, l’arrêt complet de l’alcool a de nombreux effets bénéfiques pour la santé, qui, par ailleurs, peuvent être visibles assez rapidement.

Un meilleur sommeil, moins de fatigue

« Il faut tout de même préciser que les bienfaits liés à l’arrêt de l’alcool dépendent du niveau de consommation initial », souligne le professeur Marie Grall-Bronnec, psychiatre spécialisée en addictologie au CHU de Nantes, professeur à l’université de médecine de Nantes et chercheuse à l’Inserm.

En effet, si l’on boit très peu, on remarquera peu d’effets positifs, sauf, peut-être, la fierté d’avoir réussi à arrêter. « Quant aux consommateurs excessifs (qui consomment au moins, pour les hommes, cinq unités standards en une seule occasion au moins une fois par mois, quatre pour les femmes), lorsqu’ils cessent de boire, ils vont dans un premier temps ressentir des bénéfices au niveau psychique. Ils vont mieux dormir et avoir une meilleure régulation de leurs émotions. Ils seront également moins fatigués. » Certains vont aussi perdre du poids, l’alcool étant très calorique. Des effets qui surviennent sans ordre précis, en général au bout d’une à deux semaines seulement.

« Néanmoins, en cas de dépendance physique à l’alcool, les personnes peuvent ressentir un malaise au début du sevrage », précise le professeur Grall-Bronnec. Des sueurs, des tremblements voire des crises convulsives peuvent apparaître(1). Une étape qu’a connue Édith Hervé, membre actif de l’association Vie libre(2) au sein de laquelle elle anime des groupes de parole. Elle a complètement arrêté de boire il y a 19 ans. « J’ai d’abord constaté que mon visage était moins gonflé. Puis j’ai arrêté de trembler, alors que je tremblais dès le matin, au lever. Ça a été une vraie fierté pour moi d’apporter une tasse de café sans en mettre une goutte à côté ! ».

Améliorer le fonctionnement du système hépatique

Un des autres aspects les plus positifs à l’arrêt de l’alcool est sans conteste l’amélioration du fonctionnement du système hépatique. « L’alcool sollicite trop le foie, l’organe du traitement des déchets de notre corps », explique Marie Grall-Bronnec. Une fibrose hépatique peut en effet apparaître en cas de consommation excessive d’alcool, qui peut dégénérer en cirrhose. « Or, le foie se régénère très vite, parfois en quelques semaines s’il n’est pas sévèrement atteint. Arrêter de boire est réellement bénéfique pour cet organe. »

Un aspect qui a toute son importance, comme l’a constaté Édith Hervé auprès des publics qu’elle suit. « Certaines personnes dépendantes ont un déclic et arrêtent l’alcool quand elles comprennent que l’atteinte du foie peut être grave. Elles prennent peur. »

De meilleures performances cognitives

Édith Hervé raconte par ailleurs à quel point l’arrêt de l’alcool l’a aidée au niveau professionnel ainsi qu’au quotidien. « J’étais plus apte en tant que socioesthéticienne à faire mon travail, j’étais plus à l’écoute des gens. Auparavant, j’avais des difficultés d’attention. Même au cinéma, je perdais le sens du film. Je le vis à fond désormais ! »

Les troubles cognitifs font en effet partie des atteintes courantes chez les buveurs excessifs. « Arrêter l’alcool améliore les performances cognitives, confirme le professeur Grall-Bronnec. L’attention, la mémorisation sont meilleures. C’est une aide précieuse pour la vie professionnelle ou universitaire et cela aide à se réinsérer socialement. »

L’intérêt d’arrêter pour les femmes

Enfin, les addictologues savent désormais que les femmes sont plus exposées que les hommes aux risques liés à la consommation d’alcool. « Elles deviennent dépendantes plus rapidement et sont également plus fragiles vis-à-vis des complications, détaille le docteur Grall-Bronnec. C’est une question de métabolisme, et cela vient probablement aussi de leurs hormones. Le risque de cancer du sein augmente même avec une consommation très modérée ! D’où l’intérêt très important chez les femmes de réduire leur consommer d'alcool de façon à respecter les recommandations de Santé Publique France pour limiter ces risques. »

Santé Publique France a abaissé en 2023 les seuils à ne pas dépasser. Désormais, la limite est de 2 verres par jour et 10 verres standard par semaine, avec au moins deux jours d’arrêt complet. « Ces chiffres sont nécessaires à retenir, insiste le docteur Grall-Bronnec. Il faut rappeler qu’il n’y a pas de niveau de consommation dénué de danger : tout le monde est concerné, et les femmes encore plus ».

(1)    Pour les consommateurs qui ont développé une dépendance à l'alcool se manifestant par des signes de manque à l'arrêt, il convient de ne pas arrêter de boire sans avis médical et sans prévention des complications.
(2)    Vie libre est une association reconnue d’utilité publique, présente dans toute la France, qui accompagne les personnes qui souhaitent sortir de l’alcoolisme par des actions de prévention et d'aide avant, pendant et après les soins.