Retraite : quelles solutions pour maintenir son niveau de vie ?

Publié le

Didier Le Gorrec

Temps de lecture estimé 8 minute(s)

Illustration
© Getty images

Sommaire

Le départ à la retraite va souvent de pair avec une chute des revenus. Si celle-ci peut être compensée en partie par une diminution des charges, la réduction du niveau de vie se fait toutefois ressentir par la plupart des retraités. Pour amortir cette baisse, il est possible d’avoir recours à une ou plusieurs de ces solutions : épargne retraite, investissement, cumul emploi-retraite, rachat de trimestres, majoration parentale… Tour d’horizon.

« Quel va être mon niveau de vie à la retraite et comment m’y préparer ? » Les réponses existent, bien sûr. La première démarche est sans doute de prévoir quel sera le montant de sa future pension. L’élément clé à évaluer est ce que l’on nomme le « taux de remplacement ». C’est-à-dire le pourcentage des revenus d’activité qui représentera l’allocation retraite.

Afin de l’identifier, il est utile de créer un compte sur le site de l’Assurance retraite, sur Info-retraite.fr ou encore sur l’application Mon compte retraite. En tenant compte à tout âge de la carrière déjà accomplie et en interrogeant certaines hypothèses futures (revenus projetés pour les dernières années d’activité), ces outils pourront effectuer une simulation afin de déterminer le futur taux de remplacement et le montant de la pension.

Quel taux de remplacement ?

En général, le taux de remplacement (pourcentage des revenus d’activité appliqué à la pension) est inversement proportionnel à la rémunération perçue pendant la période d’activité.

Il peut avoisiner les 80 % pour les personnes dont les salaires ont été les plus modestes mais descendre en dessous des 50 % pour celles dont les revenus d’activité se situaient, à l’inverse, parmi les plus élevés. Pour les ex-travailleurs non-salariés (TNS) ce taux de remplacement se place rarement au-dessus des 50 % de leur revenu d’activité.
 

Incontournable : le plan épargne retraite

Épargner en vue de sa retraite s’avère donc indispensable pour compenser la baisse à venir des revenus. Plusieurs solutions permettent de compléter sa future pension. La première d’entre elles est bien sûr le plan d’épargne retraite (PER). Créé dans le cadre de la loi PACTE de 2019, le PER remplace progressivement les autres dispositifs d’épargne retraite (PERP, contrat Madelin, PERCO…).

Dédié — comme son nom l’indique — à l’épargne retraite, le PER cumule de nombreux atouts. Il présente tout d’abord un avantage fiscal évident. Ainsi l’épargnant peut déduire ses versements sur le PER de son revenu imposable dans la limite annuelle du « plafond épargne retraite » mentionné sur son avis d’imposition.

Il s’agit d’un important différé d’imposition puisque c’est au moment de la liquidation, en capital ou en rente, que l’impôt sera calculé et prélevé. Ce dispositif est donc particulièrement intéressant pour les contribuables soumis à des tranches d’imposition élevées (30 % ou plus) lors des versements, de surcroît susceptibles d’être imposés à des tranches plus basses lors de leur départ à la retraite compte tenu de la baisse de leurs revenus.

PER : Une sortie en rente et/ou en capital

Autre atout du PER : une certaine souplesse. Ainsi, on peut récupérer les sommes épargnées soit en rente (versement d’un revenu régulier à vie) et/ou en capital (versement en une fois de la somme épargnée et des intérêts accumulés). À moduler selon ses projets.

Toutefois, il faut attendre d’être à la retraite avant de percevoir les montants épargnés, sauf en cas de déblocage anticipé : achat d’une résidence principale, cessation d’une activité non salariée à la suite d’une liquidation judiciaire, surendettement, expiration des droits au chômage, décès du conjoint du titulaire du contrat, invalidité du titulaire du contrat, de son époux ou de ses enfants.

Assurance-vie : de l’argent disponible à tout moment

Certains épargnants peuvent avoir une préférence pour une épargne dite « liquide », c’est-à-dire une épargne disponible à tout moment. Une caractéristique que présente l’assurance-vie. On ne le sait pas toujours mais le souscripteur d’une assurance-vie peut la résilier quand il le souhaite, même avant de la fin de la durée du contrat. Cette opération peut se faire via un rachat total ou partiel du capital épargné.

L’intérêt de cette épargne liquide — dont les versements ne sont toutefois pas déductibles fiscalement — est qu’elle permet de se constituer un capital en vue de la retraite tout en ayant la possibilité de faire face aux imprévus avant cette échéance.

Solder son emprunt immobilier avant la retraite

L’immobilier constitue également un investissement intéressant en vue de la retraite. La raison en est simple : le logement constitue une part importante des dépenses d’un ménage. Selon une étude réalisée en septembre 2023 en partenariat avec l’Institut Montaigne et le journal Les Échos, l’institut Elabe établit que les Français consacrent en moyenne 32 % de leurs revenus à leur logement.

En conséquence, acquérir sa résidence principale lorsque l’on est encore en activité et que les revenus le permettent apportera une réelle plus-value au moment de faire valoir ses droits à la retraite. À condition que l’emprunt immobilier contracté soit remboursé à l’issue de leur période d’activité, l’absence de charges pour le logement augmente mécaniquement le pouvoir d’achat des personnes qui arrivent à la retraite.

Précisons toutefois qu’il leur restera toujours des dépenses « résiduelles » : taxe foncière et charges de copropriété ou de maintien en l’état du logement individuel.

Investissements financiers : prudence

Bien que comportant certains risques, l’investissement dans des actifs financiers peut contribuer à constituer un capital en vue de la retraite. Lorsque l’on prépare sa retraite à un horizon de 20 ou 30 ans, il peut être légitime d’aller chercher de la performance financière auprès des unités de compte (parts ou actions de valeur mobilière ou immobilière).

Néanmoins, celles-ci étant soumises aux fluctuations de marché, la prudence doit rester de mise. Il est nécessaire de définir son profil d’investisseur avec l’organisme qui gère ces actifs (banque ou société de gestion de portefeuille) afin de modérer progressivement son exposition aux risques à mesure que l’échéance de la retraite approche.

Dans le cadre d’un plan d’épargne retraite (PER), la gestion « pilotée » proposée par défaut (le gestionnaire assure lui-même la répartition et les arbitrages entre différents supports financiers, sans que l’épargnant n’ait à s’en occuper) permet de dynamiser la performance du contrat tout en organisant la sécurisation progressive du capital au fur et à mesure que l’échéance du départ à la retraite approche.
Cette démarche est aussi valable dans le cadre d’une assurance-vie : l’assureur et le gestionnaire d’actifs sont en mesure de proposer des investissements « profilés » mais également diversifiés afin de réduire le risque financier.

Cumul emploi-retraite : plus attractif depuis 2023

Il n’y a pas que l’épargne ou les investissements qui permettent d’être suffisamment à l’aise financièrement pour bénéficier pleinement des joies de la retraite. Il est également possible de continuer à travailler tout en percevant sa pension. C’est ce que l’on appelle le cumul emploi-retraite.

En 2023, les règles de ce cumul ont été modifiées, avec une innovation majeure : exercer une activité professionnelle pendant la retraite génère de nouveaux droits pour une seconde retraite. Ces nouveaux droits ne modifient pas le montant de la retraite déjà perçu. Leur obtention se fait sous certaines conditions. Ainsi, selon la situation du « retraité actif », le cumul du revenu d’activité et du montant de la retraite est intégral ou plafonné. Vous trouverez toutes les informations nécessaires sur le site de l’Assurance-retraite.

Racheter ses trimestres non cotisés : pensez-y

L’Assurance retraite offre aussi la possibilité aux futurs pensionnés de procéder à un rachat de trimestres. Une opération intéressante si leur carrière comporte des périodes pour lesquelles ils n’ont pas ou peu cotisé au régime général de la Sécurité sociale, en particulier les années d’études supérieures (rachat de 12 trimestres maximum) ou les stages d’études (2 trimestres maximum).

L’Assurance retraite offre deux possibilités pour ces rachats. Ces derniers peuvent se faire soit au titre du taux seul (qui détermine le niveau de la pension) soit à travers le double critère « taux + durée de cotisation ». Dans ce second cas, on peut donc à la fois augmenter le niveau futur de sa pension et cotiser moins longtemps. Cette option « taux + durée » est bien sûr plus onéreuse. Le coût d’un rachat de trimestres varie selon l’âge auquel il est demandé et le niveau de revenus. L’Assurance retraite propose en ligne un barème détaillé à ce sujet.

Majoration pour maternité, adoption et éducation

Enfin, soulignons que le fait d’avoir eu des enfants constitue aussi un moyen d’élever le niveau de sa future pension de retraite. Pour chaque enfant né ou adopté, jusqu’à 4 trimestres supplémentaires peuvent être accordés, selon son statut (salarié, fonctionnaire) et la date de naissance de l’enfant. L’Assurance retraite donne de nombreux détails à ce sujet sur son site.

Il existe également des trimestres « éducation » (1 trimestre par année de résidence avec l’enfant au cours des 4 années qui ont suivi sa naissance). Notons que cette disposition récente donne une impulsion en faveur des mères et des familles monoparentales. Comme la majoration de maternité ou d’adoption, la majoration d’éducation est automatiquement accordée à la mère, qui bénéficie donc à titre gracieux de huit trimestres (2 ans) d’assurance retraite supplémentaires par enfant.

Dans certains cas, la majoration d’éducation peut être attribuée au père. Il doit alors prouver qu’il a élevé seul l’enfant pendant au moins deux ans. Il est également possible que les deux parents (pour un couple de sexes différents ou de même sexe) se partagent par moitié cette majoration d’éducation. Ce choix doit être exercé auprès de la caisse de retraite compétente pendant les six mois qui suivent le 4e anniversaire de l’enfant.

Salariés du privé : vous avez le droit à une indemnité de départ à la retraite

À condition qu’il détienne au moins 10 années d’ancienneté dans sa dernière entreprise, tout salarié a droit à une indemnité de départ s’il décide de prendre sa retraite. Le montant de cette indemnité légale de fin de carrière ne peut être inférieur aux montants suivants : ½ mois de salaire (pour une ancienneté entre 10 et 15 ans), 1 mois de salaire (ancienneté entre 15 et 20 ans), 1,5 mois de salaire (ancienneté entre 20 et 30 ans) et 2 mois de salaire (ancienneté d’au moins 30 ans). Selon la convention collective dont dépend l’employeur, ces montants pourront être supérieurs à ce barème de base.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Tous les champs sont obligatoires.

Ce site utilise un système anti- spams pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

A découvrir