À Marseille, un centre de consultations pilote dédié à l’endométriose

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Nathania Cahen

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

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À Marseille, un centre de consultations pilote dédié à l’endométriose © iStock / Getty Images Plus

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Le premier centre de consultations consacré à l’endométriose a ouvert à Marseille au début du printemps 2023. Les femmes y sont reçues pour un dépistage, confirmer un test et, le cas échéant, envisager des solutions dans des délais raisonnables.

Une consultation pilote dédiée à l'endométriose a vu le jour au printemps 2023 à Marseille. Elle représente une nouvelle étape dans un projet, au long cours, mené depuis six ans par un pool de médecins et de soignants. Cette consultation fait suite à la création d’une application dédiée à l’endométriose, Luna for health, permettant notamment de réaliser un test d’aide au diagnostic.

« Désormais, en quelques clics, les femmes peuvent aussi prendre un rendez-vous physique ou en téléconsultation. Elles y trouvent une offre de premier recours, l’opportunité de parler de leur cycle, d’envisager des solutions appropriées. Elles peuvent programmer dans les sept jours des échographies de bonne qualité en cas d’anomalie ou d’incertitude, ou le rendez-vous suivant, voire une IRM si nécessaire », explique le Dr Jean-Philippe Estrade, gynécologue-obstétricien, spécialiste de l’endométriose au centre EndoMarseille Provence.

Établir un parcours de soins coordonné dans des délais acceptables

Depuis sa création, à raison de deux à trois jours par semaine, cette consultation installée dans l’enceinte de la clinique Bouchard, à Marseille, fait le plein. Il faut compter environ deux semaines pour obtenir un rendez-vous, physique ou en visio. « Depuis le mois de mars, je vois une vingtaine de femmes par semaine. Elles me sont adressées par d’autres sage-femmes ou elles prennent rendez-vous après le test LunaEndoScore (qui indique si le risque d’endométriose est faible modéré ou élevé) qu’elles ont souvent déjà fait avant la première consultation », explique Carole Zakarian, sage-femme et directrice de l’Ecole universitaire de maïeutique Aix-Marseille Université.

C’est elle qui assure les consultations (facturées 25€ dont 17,50 € pris en charge par la Sécurité sociale). « Mon métier est taillé pour la coordination, estime-t-elle. Je sais s’il faut mener d’autres examens, consulter un chirurgien ou plutôt un gynécologue et orienter les femmes qui téléconsultent vers un centre référent dans leur région ».

Les avantages sont considérables à bien des égards : c’est une plus-value pour les patientes qui se sentent écoutées et comprises, un gain de temps pour tous et la création d’un vrai lien permettant un parcours de soin coordonné.

« La majorité des femmes qui consultent ont plus de 30 ans et traînent, depuis des années, des douleurs dont elles essaient de s’accommoder. Souvent, elles n’ont pas encore rencontré le bon interlocuteur et connaissent mal leur maladie. Il y en a aussi de plus jeunes, qui ont fait le test via l’appli Luna et veulent s’assurer que tout va bien, vérifier si certaines douleurs ou gênes sont normales ou non », dépeint la sage-femme. « On ne révolutionne rien, confirme le Dr Estrade, mais on fait plus vite et bien en s’efforçant de lever les barrières ».

Améliorer la prise en charge de l’endométriose

La start-up Luna est cofondée en 2018 par le Pr Charles Chapron, chef du service gynécologie-obstétrique et médecine de la reproduction à l’hôpital Cochin Port Royal, à Paris et par le Dr Jean-Philippe Estrade. Tous deux sont conscients que la prise en charge de l’endométriose est loin d’être satisfaisante.

Leur idée est de développer un test d’aide au diagnostic accessible à toutes les femmes : ce sera LunaEndoScore® (labellisé Dispositif médical CE et certifié CE) qui pour 3€ permet un dépistage en quelques minutes, grâce à un questionnaire débouchant sur un score de risque. Depuis sa mise sur le marché en 2021, plus de 40 000 femmes se sont testées par ce biais.

L’application est une première interface. Mais que proposer aux femmes dont le score est élevé (celles qui bien souvent ont des règles douloureuses, jusqu’au malaise, et ont des risques d’infertilité) ? Très vite s’impose la nécessité d’aller au-delà du pré-diagnostic. « Et de casser des délais médicaux inacceptables, insiste le Dr Jean-Philippe Estrade. Il faut en moyenne 7 à 10 ans et 5 médecins consultés pour poser un diagnostic. Puis 2 autres années pour trouver la solution  » (chiffres issus d’une enquête IPSOS*). Derrière ces chiffres, il déplore beaucoup de souffrance et de détresse : « Je rencontre souvent des patientes avec un très lourd passé, à qui on a dit que tout était dans la tête, qui n’ont pas été prises au sérieux, qui ont supporté des douleurs pendant des années, sont infertiles et ont le sentiment d’être passées à côté de leur vie ».

Armer les femmes et déployer cette consultation

Aujourd’hui, l’équipe souhaite aussi pratiquer « l’éducation thérapeutique » et coacher les femmes concernées par cette pathologie, pour en faire des expertes de leur maladie. En effet, il est important qu’elles disposent des connaissances et des outils pour choisir leur traitement (hormonal, chirurgical, procréation médicale assistée…). Surtout, cette start-up médicale de la FrenchTech, soutenue par Bpi France, entend consolider son modèle pour le pérenniser puis le déployer progressivement à travers tout le territoire national.

*Enquête IPSOS réalisée en janvier 2020 auprès de 1557 femmes atteintes d’endométriose.

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