Quels sont les différents types de chirurgie contre le cancer ?

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Par Damienne Gallion

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La chirurgie fait partie, avec la radiothérapie, des plus anciennes approches curatives contre le cancer. Elle reste le traitement le plus prescrit dans ce domaine. Ses techniques ont beaucoup évolué et génèrent moins de séquelles chez les patients. Explications.

En France, en 2021, environ 420 000 personnes atteintes de cancers ont bénéficié d’un traitement chirurgical, ce qui en fait le premier traitement contre la maladie, devant la chimiothérapie et la radiothérapie (1). Ce chiffre de 420 000 est par ailleurs équivalent à celui des nouveaux cas de cancers chaque année dans l’Hexagone (environ 433 000 cas en 2023). C’est dire l’importance de la chirurgie face au cancer.

Né au XIXe siècle, ce traitement reste un pilier irremplaçable dans la lutte contre la maladie. « La chirurgie est le traitement qui, seul ou accompagné, contribue le plus à la guérison du patient », souligne ainsi Jean-Baptiste Méric, oncologue et directeur médical du Centre hospitalier de Bligny (Essonne). 

La chirurgie : un rôle essentiel dans les cancers à tumeurs solides 

Le rôle clé de la chirurgie dans la guérison des cancers s’explique facilement. Dans la majorité des cas, elle consiste à enlever la tumeur et, selon les situations, les ganglions correspondants. Elle intervient ainsi principalement dans les cancers à tumeurs solides – typiquement ceux du sein, du poumon, du côlon, qui font partie des cancers les plus fréquents en France. Elle se montre particulièrement efficace quand ceux-ci sont localisés (c’est-à-dire sans métastases) et pris à un stade précoce. Elle peut intervenir en première ligne (c’est souvent le cas) mais aussi après d’autres traitements (chimiothérapie, radiothérapie…).

La chirurgie a de nombreuses autres fonctions dans le traitement des cancers. Elle sert à réaliser des biopsies(2) et établir des diagnostics, réduire une tumeur, enlever un organe afin de prévenir un éventuel cancer, rétablir la fonction d’un organe (celle de la vessie par exemple), reconstruire l’apparence physique, etc. Elle intervient également de plus en plus – mais encore de façon limitée – dans l’ablation de métastases, en particulier dans le cancer du côlon.

Des actes qui laissent moins de séquelles 

 

Dans le traitement contre le cancer, la chirurgie a vu ses techniques et pratiques énormément évoluer. « Le grand tournant s’est produit dans les années 1980, avec l’arrivée de la chirurgie endoscopique (3) », explique le docteur Philippe Zrounba, chirurgien au Centre Léon Bérard à Lyon.

Celle-ci diffère d’une chirurgie ouverte classique : elle consiste à opérer à partir d'une image apparaissant sur un écran et permet des actes moins invasifs qu’auparavant (4). Elle rend les ablations (également appelées résections) plus précises et augmente par conséquent les chances de guérison. Apparue dans les années 1990, la chirurgie assistée par robot apporte le même type de progrès. « Les bénéfices de la chirurgie robotique par rapport à des chirurgies classiques restent encore cependant à évaluer précisément », tempère Philippe Zrounba.

Aujourd’hui, en plus de sa guérison ou de la prolongation de sa durée de vie, la préservation de la qualité de vie du patient est au cœur des préoccupations. « On sait que cinq ans après une opération, deux tiers des patients ont encore des séquelles physiques, psychiques ou sociales, affirme le docteur Jean-Baptiste Méric. Diminuer ces séquelles est donc essentiel. Dans le cancer du sein par exemple, il y a quelques années encore, on enlevait les ganglions pour les analyser. Aujourd’hui, grâce à l’amélioration des techniques de détection des tumeurs, on enlève seulement le ganglion le plus proche de la tumeur. Cette chirurgie réduite a permis de limiter les lymphœdèmes (4) (syndrome du "gros bras"). Ils ne représentent plus aujourd’hui que 3 % des séquelles des opérations du cancer du sein, contre 20 % il y a 15 ans ».

La chirurgie de reconstruction : un rôle clé pour la qualité de vie

 

Si la qualité de vie du patient s’améliore, c’est aussi grâce à la chirurgie de reconstruction. Les opérations de reconstruction mammaire sont les plus connues, mais ce type de chirurgie s’étend à plusieurs types de cancers, comme ceux de la vessie par exemple.

Qu’elles aient des buts esthétiques ou fonctionnels, « les techniques de reconstruction sont aujourd’hui largement utilisées, souligne le docteur Philippe Zrounba. Les cancers de la tête et du cou, dont je suis spécialiste, peuvent entraîner des conséquences esthétiques importantes. Grâce aux progrès de la micro-chirurgie, on peut désormais reconstruire des maxillaires ou des mandibules et apporter des réponses aux besoins de nos patients ».

 

1. En 2021, 419 050 patients atteints de cancers ont bénéficié d’un traitement par chirurgie, 363 160 ont été traités par chimiothérapie, et 242 292 par radiothérapie. « Panorama du cancer 2023 », Institut national du cancer.

2. Prélèvement chirurgical d'un fragment de tissu ou d'organe pour le faire analyser.

3. Dans la chirurgie endoscopique, l’image qui apparaît sur écran est transmise par un tube muni d'une optique, introduit dans l'organisme par des voies naturelles ou grâce à de mini-incisions. Parmi ses avantages : une limitation des incisions d'accès aux organes, une amélioration de la période postopératoire, avec notamment une diminution de la douleur et de la durée d'hospitalisation. Source : Larousse médical. 

4. Le lymphœdème (gonflement) du bras est lié à un dysfonctionnement du système lymphatique, et dans ce cas spécifique, au retrait des ganglions. Plus on en retire, plus le risque de développer ce syndrome augmente. 

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