Qu’est-ce que l’ictus amnésique ?

Publié le

Damienne Gallion

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

Illustration
© Getty images

Sommaire

L’ictus amnésique se manifeste par une perte de mémoire brutale et temporaire. Ce trouble touche principalement la tranche d’âge des 50-70 ans, mais il est peu fréquent. Impressionnant par ses effets, il nécessite d’être amené aux urgences pour être distingué d’un AVC. Il est néanmoins sans gravité.

Quels sont les symptômes de l’ictus amnésique ?

La personne touchée par un ictus amnésique se retrouve brutalement incapable de se souvenir d’événements récents et n’enregistre plus de nouvelles informations. Désorientée dans le temps et dans l’espace, elle se met à poser en boucle les mêmes questions, « Où sommes-nous ? », « Quel jour sommes-nous ? », « Pourquoi suis-je à l’hôpital ? », sans pouvoir mémoriser les réponses.

« Le patient est dans un état de perplexité anxieuse, décrit le Dr Jean Capron, neurologue à la Pitié-Salpêtrière et spécialiste de ce trouble. Sa mémoire antérograde (c’est-à-dire portant sur les faits postérieurs à l'accident ou à la maladie qui l'a provoquée) est affectée. L’amnésie peut également porter sur des faits récents remontant aux dernières semaines. En revanche, le patient se souvient de son nom, reconnaît son entourage. Il ne présente ni paralysie, ni trouble de la parole, ni autre trouble neurologique. »

L’ictus amnésique dure généralement moins de 6 heures et pas plus de 24 heures. Dans les jours qui suivent, le patient recouvre rapidement la mémoire, mais ne se souvient pas des événements qui se sont produits durant cet épisode. L’ictus amnésique ne laisse pas de séquelles et ne récidive généralement pas.

Que faire en cas d’ictus amnésique supposé ?

« Tout symptôme neurologique brutal peut cacher un accident vasculaire cérébral (AVC), souligne le Dr Jean Capron. Il faut donc appeler sans attendre le 15 pour une prise en charge urgente. Selon l’examen clinique spécialisé, le bilan pourra être complété à la recherche d’affections qui peuvent mimer un ictus amnésique. Une IRM à la recherche d’un AVC pourra être effectuée, ou plus rarement un électro-encéphalogramme à la recherche d’épilepsie. » Dans le cadre du diagnostic, les informations données par l’entourage sont également très utiles.

A la suite d’un ictus amnésique, aucun traitement n’est nécessaire. « Il n’y a pas de raison de mettre la personne sous aspirine, ni de faire un bilan cardiaque ou artériel, précise le Dr Jean Capron. L’événement ayant généré de l’anxiété, il est néanmoins important de rassurer le patient. »

Quelles sont les causes de l’ictus amnésique ?

Sur le plan physiologique, l’ictus amnésique est causé par un dysfonctionnement brutal de l’hippocampe, une structure de notre cerveau qui joue un rôle central dans la mémoire, l’apprentissage et le repérage dans l’espace. Mais sur les causes précises de ce dysfonctionnement, des interrogations demeurent.

« Dans 66 % des cas, un facteur déclenchant physique ou émotionnel est identifié », indique le Dr Jean Capron. Constaté chez un tiers des patients, le facteur déclenchant physique se traduit par une augmentation de la pression veineuse cérébrale. Des événements tels qu’un effort physique particulier, un rapport sexuel, une baignade dans l’eau froide peuvent en être à l’origine. » Autre constatation, les patients migraineux sont plus susceptibles d’être touchés par un ictus amnésique, sans qu’un lien précis de cause à effet ait été clairement établi à ce jour.

Chez une autre partie des patients, un autre mécanisme a été identifié, « lié à une hyperactivité de l’amygdale (1) dans le contexte d’une émotion intense », précise le Dr Jean Capron. Cette émotion peut être générée par un deuil, une dépression, un événement ayant suscité une forte émotion (le mariage d’un enfant par exemple), ou un surmenage.

Qui est concerné par le risque d’ictus amnésique ?

Cet événement est peu fréquent. Il touche rarement les personnes âgées de moins de 50 ans. Après cet âge, son incidence (2) est d’environ 20 à 30 cas par an pour 100 000 personnes. L’âge moyen de survenue est compris entre 60 et 65 ans. L’ictus amnésique concerne indifféremment hommes et femmes.

Si la migraine, l’hyperémotivité ou la dépression semblent constituer des terrains à risques, ils ne se retrouvent pas dans tous les cas. « De nombreuses questions demeurent concernant l’ictus amnésique, reconnaît le Dr Jean Capron. Pourquoi l’ictus amnésique est-il si rare ? Pourquoi s’agit-il le plus souvent d’un événement isolé ? Pourquoi affecte-t-il surtout des patients de plus de 50 ans ? La communauté médicale n’a à ce jour pas de réponse. L’ictus amnésique étant à la fois rare et bénin, les recherches sur ce trouble sont forcément limitées. »

(1)    L'amygdale du cerveau est située à côté de l’hippocampe. Elle fait partie du système limbique, qui intervient dans le traitement et la régulation des émotions, ainsi que dans la formation et le stockage de la mémoire.
(2)    Nombre de nouveaux cas d'une maladie ou de malades sur une période donnée dans une population.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.
Tous les champs sont obligatoires.

Ce site utilise un système anti- spams pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

A découvrir