TDAH : tout savoir sur le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité

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Par Natacha Czerwinski

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TDAH

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Le TDAH est un trouble du neurodéveloppement qui touche environ 5 % des enfants et 3 % des adultes. Même s’il est de mieux en mieux connu, il fait encore l’objet de nombreuses idées reçues.

Qu’est-ce que le TDAH ?

Le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDAH) est un trouble du neurodéveloppement qui débute dans la petite enfance (avant 6 ans) et peut perdurer à l’âge adulte. Il est défini par l’association de trois symptômes, dont l’expression et l’intensité diffèrent selon les individus : un déficit de l’attention, une impulsivité et une hyperactivité motrice

« Le plus important et le plus caractéristique, c’est le déficit d'attention, indique le Dr Nathalie Franc (1), pédopsychiatre au CHU de Montpellier. Il se manifeste par des difficultés à s’organiser, à suivre les consignes, à exécuter des gestes routiniers. L’impulsivité désigne le fait d’agir sans calculer les conséquences de ses actes. Enfin, l’hyperactivité – minime chez un certain nombre d’enfants – s’exprime par une impossibilité à rester en place. »

Il arrive bien sûr à n’importe quel enfant (ou adulte) d’être distrait, irréfléchi ou agité. Mais le propre du TDAH est qu’il impacte lourdement la vie des personnes concernées et qu’il met leur entourage à rude épreuve. « Ce sont des jeunes qui perdent ou oublient sans cesse leurs affaires, qui sont toujours en décalage, qui ne respectent pas les règles ou encore qui sont incapables de se contrôler, liste Christine Gétin, co-créatrice et directrice de l’association HyperSupers TDAH France (2). Il faut veiller au grain pour tout et cela crée des tensions à la maison et à l’école. »

Comment repérer ce trouble ?

Le TDAH ne relève ni d’un défaut d’éducation, ni d’un trait de caractère, ni d’un manque de volonté. « C’est un trouble de l’inhibition, résume le Dr Hervé Caci (3), pédopsychiatre au CHU Lenval de Nice. Les enfants ont très bien compris que leurs agissements ne correspondent pas à ce qu’on attend d’eux. D’ailleurs, ils utilisent souvent la même expression pour décrire ce qu’ils vivent : "C’est mon cerveau qui ne veut pas". » 

Si les causes exactes restent encore à déterminer, on sait néanmoins que le TDAH a des origines majoritairement génétiques. « Dans les familles où un enfant a été diagnostiqué TDAH, il y a 7 fois plus de chances qu’un des deux parents ait aussi un TDAH et 4 fois plus de chances que, dans la fratrie, un autre enfant soit également touché », détaille le Dr Caci. Des paramètres environnementaux (prématurité, faible poids de naissance, exposition à l’alcool pendant la grossesse) peuvent également constituer des facteurs de risques supplémentaires. 

Il n’existe pas de signes neurologiques propres au trouble. Le diagnostic – qui doit être posé par un médecin spécialisé – repose donc sur un examen clinique. Un trouble du déficit de l’attention est confirmé quand les symptômes sont présents depuis au moins 6 mois, qu’ils se manifestent dans différents contextes (en famille, à l’école, pendant les loisirs…) et qu’ils créent une gêne. Toutefois, le trouble peut varier en fonction des situations. « Certains enfants avec TDAH peuvent rester focalisés sur des puzzles de 1 000 pièces ou des maquettes alors qu’ils sont incapables de se concentrer sur leurs devoirs, raconte le Dr Franc. L’état émotionnel et la motivation jouent beaucoup. »

Complexe, le TDAH est également souvent associé à d’autres troubles du neurodéveloppement (autisme, troubles des apprentissages…) ou à des troubles psychiatriques (dépression, troubles anxieux…).

Combien de personnes sont concernées ?

Le TDAH touche, en France, environ 5 % des enfants et 3 % des adultes, soit approximativement 2 millions de personnes. « Ces chiffres sont stables depuis 30 ans, assure le Dr Franc. Si nous avons l'impression que le nombre de gens concernés augmente, c’est juste que le trouble est mieux repéré et mieux identifié. »

Même si les choses progressent – le gouvernement a d’ailleurs présenté en novembre 2023 une « stratégie nationale pour les troubles du neurodéveloppement » – les spécialistes s’accordent à dire que le TDAH pâtit encore d’une image faussée. « On dit à certains parents que c’est une mode, que ce trouble n’existe pas », raconte Christine Gétin. « En France, le TDAH est sous-diagnostiqué, confirme Nathalie Franc. Il arrive fréquemment d’entendre : "C’est à cause de ses difficultés familiales ou affectives que ce gamin est perturbé". Alors que ça peut tout à fait être l’inverse. »

Quelles sont les conséquences du TDAH ?

Faute d’accompagnement, le trouble peut avoir des retentissements multiples et parfois dévastateurs. « Ces enfants essuient des remarques à longueur de journée et, à force, ils ont une estime d’eux-mêmes extrêmement dégradée », déplore Christine Gétin. Leurs relations sociales sont souvent compliquées et leurs parcours scolaires semés d’embûches. À l’âge adulte, les vies amoureuses et professionnelles des patients TDAH s’avèrent assez chaotiques. « Ils peuvent se jeter sur un emploi mais aussi le lâcher en quatre secondes », observe le Dr Caci. 

Les comportements à risque, tels que la consommation de drogues, sont également fréquents. « Leur impulsivité fait qu’ils oublient par exemple de mettre un préservatif lors d’un rapport sexuel, ajoute l’expert. Ils peuvent aussi se battre dans la rue, pour rien. On estime d’ailleurs que 20 à 25 % des personnes incarcérées présentent un TDAH non diagnostiqué. » 

Des données épidémiologiques ont également démontré un risque accru de mortalité́ chez les enfants et chez les adultes atteints de TDAH. « Cette mortalité est en lien à la fois avec un risque accidentel majeur (…) mais aussi avec un taux de suicide six fois supérieur aux individus non-TDAH », précise la Haute Autorité de santé (HAS).

Quelles sont les prises en charge possibles ?

Plusieurs leviers peuvent être activés pour faciliter le quotidien de celles et ceux qui souffrent d’un TDAH. « La première chose à faire, c’est ce qu’on appelle la psychoéducation, c’est-à-dire expliquer le trouble aux parents et aux enfants afin qu’ils aient les bonnes interprétations », souligne Nathalie Franc. Des programmes de guidance parentale permettent également d’apprendre à adopter les bonnes stratégies. Il est par exemple fondamental de comprendre que punir le jeune ne fera qu’aggraver les choses. « Au contraire, il faut le récompenser pour valoriser les bons comportements, signale Hervé Caci. Cela ne signifie pas lui acheter des jouets, mais le féliciter pour ses efforts. »

A l’école, certains aménagements peuvent également favoriser les apprentissages. « L’astuce est notamment de découper le travail – dire aux enfants de lire une page, puis une autre, plutôt qu’un chapitre entier – et, à chaque fois, d’avoir une rétroaction positive, conseille Christine Gétin. Des pauses régulières permettent aussi de remobiliser leur attention. »

Enfin, un traitement médicamenteux, le méthylphénidate, peut être prescrit quand les conséquences du TDAH sont trop importantes. Ce psychostimulant a pour effet d’augmenter les capacités de concentration et d’éveil. « Le traitement peut être ponctuel, par exemple pour permettre à l’enfant de profiter pleinement de sa séance d’orthophonie », fait remarquer le Dr Caci. « Souvent, les parents ont des inquiétudes concernant ce médicament, reconnaît le Dr Franc. Qu’ils se rassurent : il est très bien connu, très bien toléré et la plupart des jeunes l’arrêtent à la fin du collège ou du lycée. »

(1)    Auteure de l’hyperactivité chez l’enfant – 100 questions/réponses pour comprendre et gérer le TDAH (Ellipses).
(2)    L’association propose de nombreux livrets et supports d’information, à retrouver ici.
(3)    Co-auteur de Toi, moi et le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (Flammarion).

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