Il y a les ronfleurs, les gros dormeurs, les insomniaques, ceux pour qui dormir 4 heures, c’est déjà faire la grasse matinée… Au pays du sommeil, nous ne sommes pas tous égaux.
En moyenne, les Français dorment entre 7 et 8 heures par jour. Ils passent donc un tiers de leur vie à dormir. On comprend alors que cela les préoccupe. Preuve en est, ils étaient plus de 800 à Caen, début octobre, à assister à la conférence « Comment mieux dormir ? », organisée par le Club Prévention Santé et animée par Michel Cymes.
Deux heures pour faire le tour de la question, avec des vidéos, des éclairages de spécialistes de la région et son humour habituel. La formule du médecin préféré des Français n’en finit pas de faire recette.
En préambule, Michel Cymes a rappelé que dormir était un besoin physiologique. Car c’est pendant notre sommeil que nos cellules se réparent et se renouvellent, que l’on peut récupérer physiquement et évacuer les tensions. Mais c’est aussi ce qui aide à réguler l’appétit, à lutter contre le stress et l’anxiété. Et le manque de sommeil peut devenir un cercle vicieux : je ne dors pas, donc je suis stressé et je suis stressé à l’idée de ne pas dormir, donc je n’y arrive pas… Quant aux effets négatifs, ils peuvent vite se faire sentir : somnolence et baisse de la vigilance, troubles de la mémoire, de l’humeur, perturbations de la vue, prise de poids, troubles cardiovasculaires, diabète…
« Les travailleurs de nuit ont en moyenne 15 ans d’espérance de vie en moins, car ils développent plus de pathologies », a indiqué le Dr Géraldine Rauchs, chercheur Inserm* (centre Cycéron de Caen). « De nouvelles études montrent également des liens possibles entre insomnie et dégénérescence cérébrale, comme dans le cas de la maladie d’Alzheimer », complète le Dr Françoise Bertran, neurologue et responsable de l’unité d’exploration et de traitement des troubles du sommeil au CHU de Caen.
On estime à 20 % le nombre de personnes qui souffrent d’insomnie chronique dans notre pays (dont une majorité de femmes), à ne pas confondre avec de simples difficultés à s’endormir. On est considéré comme insomniaque chronique quand on passe au moins trois nuits blanches (ou ressenties comme telles) par semaine, et ce pendant trois mois consécutifs.
Côté ronflement, près d’un Français sur deux est concerné. « Ronfler, c’est dormir tout haut », s’amusait Jules Renard et il ne croyait pas si bien dire. Le niveau sonore moyen d’un ronflement atteint 45 à 60 dB, soit l’équivalent du bruit d’une voix. « Mais dans certains cas, cela peut être proche de celui d’une tondeuse voire d’un marteau-piqueur », a précisé le Dr Jean-Noël Prévost, pneumologue et médecin du sommeil de l’unité d’exploration et de traitement des troubles du sommeil au CHU de Caen. « Ce qui peut entraîner des surdités chez le ronfleur, mais aussi chez celui ou celle qui dort à côté ». Pour le Dr Prévost, l’alcool et le tabac favorisant le ronflement, ils sont donc à éviter.
Quant à l’apnée du sommeil, elle toucherait jusqu’à 5 % de la population adulte, soit 1 à 3 millions de personnes. Elle se manifeste par des arrêts involontaires de la respiration (de plus de 10 secondes et jusqu’à plus de 30 secondes), plusieurs fois par nuit. En 2014, 830 000 Français dormaient avec un masque respiratoire. Un chiffre qui pourrait dépasser le million en 2016.
Alors comment mieux dormir ? Les règles d’or d’un bon sommeil semblent pourtant simples : avoir des horaires réguliers, se coucher dès les premiers signes d’endormissement, éviter les excitants (café, thé, alcool, tabac…) après 15 heures et privilégier les activités calmes en fin de journée (le sport moins de deux heures avant de dormir est déconseillé). La télévision, les ordinateurs et autres tablettes sont également des ennemis du sommeil.
Autres conseils : dîner léger et ne pas prendre de bain chaud avant d’aller se coucher (pour favoriser la baisse de température du corps propice à l’endormissement). « Et les galipettes avant de dormir ? », a demandé Michel Cymes. « C’est une activité physique comme une autre ! », a confirmé le Dr Prévost.
* Institut national de la santé et de la recherche médicale.