Déléguée régionale Bourgogne Franche-Comté à l’Association pour la médiation familiale (APMF).
« Le but de la médiation est de pousser chacun à lâcher sa position, pour se concentrer sur son ressenti et ses besoins. Je pense au travail que j’ai effectué avec les enfants d’une femme atteinte de la maladie d’Alzheimer. Ils s’interrogeaient sur le financement de son hébergement en maison de retraite. L’un des frères se tenait à l’écart de la discussion, mais l’espace de la médiation lui a permis d’exprimer la douleur qu’il ressentait de voir sa mère ainsi diminuée. « Et tu crois que c’est facile pour nous ? », a répliqué l’aînée. Tous ont alors réalisé qu’ils partageaient la même souffrance. Cela leur a permis de discuter plus sereinement. Ils se sont entendus sur la répartition de la charge financière. »
Responsable de l’Action familiale à l’Union départementale des associations familiales (Udaf) de la Sarthe.
« Parfois, une seule séance de médiation familiale suffit pour débrouiller des situations. Je suis par exemple intervenu auprès d’une femme âgée qui voulait tout prévoir pour ses obsèques. Or son fils ne voulait rien entendre. Au fil de leurs échanges, elle a compris qu’il ne s’opposait pas à ce projet par crainte d’évoquer un sujet douloureux, mais parce qu’il tenait à organiser lui-même les funérailles, une fois qu’elle serait partie. Il envisageait cette démarche comme une ressource pour mieux vivre le deuil. À l’issue de la séance, ils ont convenu d’établir ensemble un contrat d’assurances obsèques, du vivant de la mère. »
« J’aide quotidiennement mon père de 85 ans, qui vit à son domicile. Son état de santé s’est récemment dégradé et je ne suis moi-même plus très en forme, d’autant que je m’occupe par ailleurs de mon conjoint handicapé. Ma famille s’est habituée à ce que je gère seule la situation. Épuisée, j’ai pensé à la médiation familiale dont on m’avait parlé quelques années auparavant : cela pourrait nous permettre de trouver une solution ensemble. J’ai fait un entretien d’information gratuit, puis j’ai invité mes cinq frères et sœurs à s’engager eux aussi dans le processus : trois d’entre eux ont violemment refusé. J’ai préféré annuler le projet, mais cela m’a poussé à me livrer : j’ai pris ma plume pour leur expliquer que je n’en pouvais plus. Peut-être finiront-ils par changer d’avis ? »
* Le prénom a été changé.