Qualité de vie au travail dans l’ESS : le baromètre Chorum confirme les tendances

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Par Alexandra Luthereau

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Le 3e baromètre de la mutuelle Chorum vient d’être publié. Il révèle une forte satisfaction dans leur emploi de la part des salariés et des dirigeants du secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) mais aussi une dégradation de la qualité de vie au travail.

C’est en pleine crise sanitaire, au début du déconfinement, que les résultats du dernier baromètre triennal Chorum sur la qualité de vie au travail (QVT) dans l’économie sociale et solidaire (ESS) ont été publiés. C’est donc en visioconférence que les résultats de cette troisième édition ont été dévoilés. « Les résultats sont mitigés », a commenté Julie Gaillot de l’institut de sondage CSA, qui a mené l’enquête.

85 % des salariés de l’ESS se sentent utiles

Le premier constat est positif. 74 % des salariés interrogés et 86 % des dirigeants déclarent être satisfaits de leur travail. Comme le souligne Christophe Itier, Haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire, en introduction de la présentation de cette enquête, le travail dans le secteur « repose sur la question du sens, dans laquelle les salariés se retrouvent pour servir l’utilité sociale et l’intérêt général. C’est une force de l’ESS ».

Les chiffres corroborent ce constat. Salariés, comme dirigeants, se sentent utiles au public ou aux bénéficiaires, respectivement à hauteur de 85 et 96 % des dirigeants. Et aussi respectés et reconnus (85 % des salariés).

Concernant l’ambiance sur leur lieu de travail, là encore la perception est bonne, avec 79 % de salariés satisfaits. Ces derniers soulignent leur autonomie dans leur prise de décision ou d’initiatives (85 %) et le soutien de leur manager dans les situations difficiles. Lequel favorise le développement des compétences selon 69 % des salariés. En 2017, ce taux était 10 points en dessous (59 %). « Cette hausse très importante signifie que des efforts ont été menés sur ce point », décrypte Julie Gaillot.

Une qualité de vie au travail jugée dégradée

Malgré ces bons chiffres, la qualité de vie au travail dans l’économie sociale et solidaire est jugée faiblement positive. Les salariés l’évaluent avec une note moyenne de 6,2 sur 10, certes un tout petit peu plus que le baromètre précédent (6,1 sur 10). Quand les managers la notent à 7 sur 10, en baisse progressive depuis la mise en place du baromètre en 2014.

Mais cette note est « inférieure à ce que l’on peut constater dans d’autres secteurs », souligne la responsable de l’institut de sondage. Surtout, cette qualité de vie s’est dégradée ces dernières années selon les personnes interrogées (47 % pour les salariés, 37 % pour les dirigeants). En conséquence de quoi, seuls 64 % des salariés recommandent leur structure comme un endroit où il fait bon travailler et 54 % ont confiance dans leur avenir au sein de leur structure.

Pour expliquer ce sentiment, les salariés évoquent principalement les changements d’organisation pour lesquels ils estiment avoir été mal informés, la charge de travail excessive, des indications contradictoires et des douleurs articulaires. Ces deux derniers motifs de récrimination ont progressé depuis 2017. Du côté des dirigeants, les relations avec les pouvoirs publics et les financeurs, le manque de moyens humains et une connexion à leur travail en dehors de leur temps de travail expliquent cette dégradation de la qualité de vie.

Le travail dans l’ESS bouleversé par la crise du Covid-19

Et puis la crise sanitaire liée au Covid-19 a éclaté, quelques mois après la réalisation de cette enquête. « La crise sanitaire a bouleversé les relations professionnelles, les modes de travail et d’organisations mais aussi le travail lui-même, notamment pour les personnes en première ligne. Avec la possible hausse des risques psychosociaux et des burn-out, précise Christophe Itier. C’est pourquoi je pense que la QVT [qualité de vie au travail N.D.L.R.] devra être au cœur du plan de relance de l’ESS que nous allons élaborer ».

Pour Thomas Blanchette, président de la mutuelle Chorum (groupe VYV), cette crise impose d’« imaginer le monde d’après » des structures de l’économie sociale et solidaire « avec de nouvelles organisations, tiers lieu, présentiel, télétravail… à redéfinir ». Et au-delà, « c’est l’ensemble de notre activité, de nos usages et de nos productions que nous devrons revisiter ». Avec le souci d’améliorer la qualité de vie au travail.

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