Chaque Français jette 29 kg de nourriture par an*. « Le gaspillage alimentaire touche l’ensemble de la chaîne alimentaire, et il y a une interconnexion entre tous les acteurs, explique Laurence Gouthière, en charge de la lutte contre le gaspillage alimentaire à l’ADEME Agence de la Transition Ecologique. Il faut donc agir sur de multiples plans afin d’être efficace et ne pas focaliser sur un seul aspect. Chaque acteur doit mettre en place des actions. »
Les particuliers sont en première ligne dans cette lutte. « Nos études montrent qu’ils estiment ne pas gaspiller. Or, en réalité, certains gaspillent peu, d’autres beaucoup, c’est très variable. Il y a autant de cas que de foyers. » L’ADEME, qui a accompagné 250 ménages l’an dernier sur ce sujet, a pu établir une liste de gestes ayant un réel impact à mettre en place à la maison. Elle en a conclu que le travail se mène bien avant de vider l’assiette. Les gestes les plus efficaces sont :
Autre acteur directement concerné, le secteur de la restauration collective. L’objectif national est d’y réduire le gaspillage de 50 % d’ici 2025. Il englobe les restaurants d’entreprises, ceux des hôpitaux, des Ehpad, des collectivités territoriales…
Les cantines scolaires font également partie de ce secteur. L’enjeu y est particulièrement important. « C’est un formidable espace de travail, de sensibilisation et d’éducation au bien-manger, qui fait le lien avec ce qui se passe à la maison », précise Laurence Gouthière.
Ces actions commencent par un travail d’anticipation. L’ADEME incite vivement le personnel des cantines à ne pas préparer pour l’effectif maximum, en demandant au préalable qui mange, afin de gérer au mieux les stocks de nourriture. Une cantine disposant d’une cuisine et en gestion directe sera également plus facile à faire évoluer.
« Il faut aussi adapter les portions servies aux appétits de chacun, car c’est une source importante de gaspillage. Notamment pour le plat principal. » Enfin, il faut mener un travail de fond sur la qualité. « C’est essentiel. Si ce n’est pas bon, l’enfant ne mange pas. Et en jetant moins, on perd moins d’argent. On peut alors investir dans la qualité des plats proposés. »
Face à ce gaspillage massif, des Français se mobilisent. De nombreuses initiatives ont vu le jour ces dernières années. À Ancenis, en Loire-Atlantique, Christophe Bouteille a créé en juillet 2020 une association, Les Bouts de Choux. « Nous récupérons les invendus alimentaires des supermarchés du territoire. Nous les revendons ensuite sous forme de paniers au prix de 10 euros. » L’association est déjà victime de son succès, puisque près de 300 personnes sont inscrites.
« Toutes ces initiatives vont dans le bon sens, atteste Laurence Gouthière. Les applis également fonctionnent bien. » Frigo magic, par exemple, propose de cuisiner à partir des aliments présents dans le réfrigérateur. Too good to go et Phénix sont des applis qui permettent de récupérer les invendus des commerçants à petit prix sous des formes différentes.« Paniers, applis, supermarchés anti-gaspi… tout est bon à prendre, confirme Laurence Gouthière. Il est vital et urgent de redonner un sens à la valeur de l’alimentation. »
*Source : ADEME
Gaspillage alimentaire, les chiffres :