Handicap : l’activité physique comme alliée

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Cécile Fratellini

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L’activité physique ou sportive est bénéfique pour la santé. De plus en plus de clubs proposent des activités pour les personnes en situation de handicap. Explications.

La fatigue, la peur pour sa santé, le manque de confiance en soi… Autant de freins qui empêchent les personnes en situation de handicap de pratiquer une activité physique. C’est ce que révèle une enquête de 2023 (1). 25 % des personnes interrogées ont renoncé à une activité physique car elles se sentaient fatiguées ou avaient peur de se blesser. « À cela s’ajoute un maillage des clubs encore trop faible. Par exemple, si un enfant veut faire du tennis de table et que le club le plus proche est celui d’escrime, ça ne fonctionnera pas, il arrêtera très vite », explique Aude Moulin-Delalande, responsable sport chez APF France handicap. 

Afin de renforcer le maillage territorial, l’opération « Club inclusif » (2) a été lancée pour sensibiliser les clubs à l’accueil des personnes en situation de handicap. Fin 2023, 700 clubs ont déjà été formés. L’objectif étant qu’ils proposent une nouvelle offre de pratique aux personnes en situation de handicap.

« Faire du sport ensemble »

La proximité et l’accessibilité du lieu de pratique sont donc primordiales. « Et quand on parle d’accessibilité, c’est un ensemble, celle du lieu de pratique mais également celle des transports pour s’y rendre », précise Betty Charlier, présidente de la Fédération française Sports pour tous. Cette fédération accueille aussi bien des personnes « valides » que celles en situation de handicap. « Et on peut faire du sport ensemble. Pour le fitness par exemple, nous avons des équipements pour que la personne en fauteuil pratique avec les autres », ajoute Betty Charlier.

Les clubs s’adaptent pour que les personnes se sentent mieux physiquement, psychologiquement et socialement. Afin de promouvoir l’accessibilité au sport, d’avril à novembre, se déroule la 4e édition du Road Tour Sports pour tous. « Un camion se déplace dans toute la France pour faire découvrir des sports, des parcours en fauteuil sont notamment proposés », précise Betty Charlier. 

Comment trouver un club ?

Badminton, tennis de table, tir à l’arc… Près de 3 000 structures et 4 000 lieux de pratiques sont répertoriés sur le site www.handiguide.sports.gouv.fr. 
Dans cet annuaire interactif, vous pouvez rechercher un club par localisation ou par mot-clé. 
Et si vous ne savez pas quel sport choisir, rendez-vous sur www.trouvetonparasport.france-paralympique.fr. Selon vos envies, votre handicap, votre âge, vos motivations, plusieurs disciplines vous seront proposées.

Les bienfaits de l’activité physique sont multiples

« En pratiquant une activité physique régulière, la personne va améliorer sa qualité de vie, diminuer les complications liées à la sédentarité, améliorer ses capacités cardiovasculaires, augmenter ses capacités de force, son endurance et être plus autonome dans ses déplacements et ses transferts. Cela va l’aider à aller vers l’extérieur, à se sociabiliser. Le sport peut être un levier de résilience pour affronter les difficultés », précise le Dr Frédéric Rusakiewicz, médecin fédéral à la Fédération française handisport.

Depuis 2020, la fédération française handisport propose également un programme handisport-santé. « Des encadrants ont été formés à des protocoles d’activité physique pour s’adapter aux pathologies venant s’ajouter au handicap que ce soit l’hypertension, le diabète, les maladies cardiovasculaires… La singularité de la personne et ses besoins sont pris en compte », ajoute le Dr Frédéric Rusakiewicz. Des tests d’évaluation de la condition physique sont réalisés. Le programme se déroule sur 12 semaines et est souvent une passerelle vers la pratique d’une activité en club.

L’activité physique vecteur d'insertion sociale

Lorsque le handicap survient suite à une maladie ou un accident, il faut dans un premier temps s’approprier ses nouvelles capacités physiques. « Les professionnels de santé spécialisés en médecine physique et de réadaptation ont un rôle de coach et doivent mettre en avant les compétences fonctionnelles restantes. Il faut les stimuler pour montrer que les choses sont possibles, en adéquation avec l’envie de la personne.

La notion de plaisir est importante pour qu’elle n’arrête pas l'activité choisie », explique Le Dr Rusakiewicz. C’est particulièrement vrai pour les enfants, comme le raconte Caroline Olejnik, psychologue auprès des personnes en situation de handicap ainsi qu’à la fédération handisport. « Je me souviens d’un enfant de 4 ans, en fauteuil, qui rêvait de faire du foot mais son corps ne lui permettait pas. Il a essayé le basket fauteuil, son père s’est également installé dans un fauteuil. Ils ont vécu un vrai moment de plaisir et cela a facilité le travail de deuil de l’enfant. Il est important de travailler avec les familles », précise-t-elle. 

Au-delà du plaisir qu’elle procure, l’activité physique est aussi un vecteur d'insertion sociale et parfois même professionnelle. « L’an dernier, APF France handicap a organisé des handilympiades. Une personne qui avait arrêté le basket fauteuil a repris à cette occasion et aujourd'hui, elle prépare le concours pour devenir éducateur sportif », explique Aude Moulin-Delalande.

Même si des freins subsistent encore, la personne en situation de handicap ne doit pas s’en créer elle-même. « On arrivera toujours à s’adapter. Chaque handicap cause une déficience fonctionnelle qui peut être compensée en adaptant une raquette, en trouvant un fauteuil, en sécurisant une personne qui voudrait courir », conclut le Dr Rusakiewicz.

(1)    Enquête réalisée par l’Institut de Santé Parasport Connecté (ISPC-Synergies) et APF France handicap. 
(2)    Club Inclusif est un programme initié par le Comité Paralympique et Sportif Français (CPSF), soutenu par l’Etat, en collaboration avec le Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 et les fédérations françaises Handisport (FFH) et du Sport Adapté (FFSA). 

Stéphanie Merle : « Faire une activité qui fait du bien à notre corps »

À la suite d’une tumeur musculaire, Stéphanie Merle, aujourd’hui directrice technique nationale de la Fédération française Sports pour tous, a été amputée d’une jambe en 1993. Elle, qui pratiquait le basket, a décidé de se mettre à la natation. Elle raconte.

« J’étais sportive depuis toujours. Quand j’étais malade, je savais que je referai du sport. Je me suis réveillée de l’anesthésie générale de mon amputation en disant, je serai championne de France de natation, je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Et c’est comme ça que j’ai commencé la natation.

J’avais envie de faire un sport non traumatisant. Je voulais être dans un milieu porté, sans trop de chocs. On parle souvent du syndrome de la blouse blanche. Avec le sport, on fait une activité qui fait du bien à notre corps et on retrouve nos capacités avec d’autres personnes que des kinés et des médecins, c’est important. La compétition m’a permis de prendre confiance en moi, de me dépasser, de me confronter à d’autres personnes, de m’ouvrir l’esprit, de me rendre compte des difficultés. A 21 ans, je ne connaissais rien au monde du handicap et je n’avais aucune conscience des problèmes d’accessibilité. » 

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  • Activité physique et santé

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