Entreprises : et si vous donniez vos invendus ?

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L’Agence du Don en Nature récupère les invendus des entreprises, condamnés à la benne, et en fait profiter les plus démunis. Rencontre avec Stéphanie Goujon, sa directrice générale.

Les invendus d'entreprises

L’Agence du Don en Nature (ADN), qu’est-ce-que c’est ?

Stéphanie Goujon, directrice générale de l'Agence Don en Nature Stéphanie Goujon : Chaque année, en France, les entreprises détruisent 630 millions d’euros de produits neufs. Il peut y avoir plusieurs raisons à cela : des promotions qui n’ont pas fonctionné, des emballages qui changent, des stratégies qui évoluent… Avant la création de l’Agence du Don en Nature (ADN) – l’Agence du Don en Nature – en 2009, les entreprises pouvaient déjà faire des dons ponctuels aux associations, mais c’était plus difficile pour les gros volumes. Elles ne voyaient donc pas d’autre solution que de les détruire, alors même qu’ils étaient encore utilisables. Désormais, elles peuvent nous appeler pour donner leurs invendus. Nous faisons ensuite l’intermédiaire avec les associations caritatives.

Se débarrasser de leurs invendus n’est pas le seul intérêt pour les entreprises. Elles peuvent en tirer d’autres profits ?

S.G. : Déjà, elles évitent les coûts de destruction et de stockage de ces produits. Ensuite, elles peuvent bénéficier d’avantages fiscaux liés au don (un crédit d’impôt), comme pour n’importe quel don à une association. Nous leur offrons aussi une traçabilité. Les entreprises savent où vont leurs produits et ont la garantie qu’ils ne vont pas alimenter un marché noir, mais bien bénéficier à ceux qui en ont besoin. Nous sécurisons la chaîne de distribution.

C’est également un moyen d’améliorer leur responsabilité sociétale (RSE). D’ailleurs, nous pouvons leur fournir des éléments qualitatifs et quantitatifs sur l’utilisation de leurs invendus. Enfin, c’est source de fierté en interne, de mobilisation des salariés sur un projet solidaire, donc fédérateur. Tout simplement, c’est une autre façon de donner, un don non pas financier ou de compétences, mais « en nature ».

Mais vous ne récupérez pas n’importe quel type de produits ?

S.G. : Il s’agit avant tout de produits non alimentaires (non périssables et plus faciles à stocker) et de nécessité courante : de la vaisselle, du shampoing, du savon, de la lessive, des fournitures scolaires, des jouets pour Noël… Tout ce qui permet aux plus démunis de rester dignes. Par ailleurs, ce ne sont que des produits neufs, pas de seconde main dont les autres ne veulent plus. C’est important pour l’estime de soi que les plus démunis bénéficient de produits de qualité, de marque, que l’on peut retrouver chez tout le monde.

Aujourd’hui, quelle est la portée de votre action ?

S.G. : En 2016, 130 entreprises nous ont confié leurs invendus, au total l’équivalent de 32 millions d’euros de produits qui ont ensuite été redistribués. Ce qui a permis d’aider 900 000 personnes et d’éviter 5 000 tonnes de déchets.

Pour les redistribuer, nous nous appuyons sur le tissu associatif existant : actuellement un réseau de 760 associations locales qui aident les familles en difficulté. Nous mettons à leur disposition les objets collectés via une plateforme internet. Elles n’ont plus qu’à passer commande en ligne. Et paient une petite participation en contrepartie, jamais plus de 5 % de la valeur des produits.

Sur le terrain, nos correspondants locaux (une trentaine de bénévoles) identifient les associations et s’assurent de leur sérieux.

En tant qu’association, l’Agence du Don en Nature fait partie de l’ESS, l’économie sociale et solidaire. C’est important pour vous ?

S.G. : En effet, juridiquement, nous sommes une association loi 1901, reconnue d’intérêt général. Nous appartenons donc à l’ESS et en partageons les valeurs. On croit beaucoup à cette économie de proximité, utile, humaine et qui se préoccupe de l’environnement. Et puis c’est un secteur qui continue à embaucher.

À l’Agence du Don en Nature, nous faisons le lien entre les entreprises classiques et les associations de lutte contre l’exclusion. Nous sommes, en quelque sorte, une passerelle entre le monde lucratif et non lucratif.

  • Crédit photo : xavierarnau / ISTOCKPHOTOS et Agence du Don en Nature (portrait de Stéphanie Goujon)
Auteur article
Angélique Pineau-Hamaguchi

rédactrice en chef adjointe d’Essentiel Santé Magazine, spécialisée dans les sujets de société (environnement, économie sociale et solidaire…).

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