Bigflo et Oli : « La solidarité, c’est un truc que l’on a en nous »

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Par Propos recueillis par Cécile Fratellini

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© Boby

Les deux frères toulousains, Bigflo et Oli, seront à l’affiche de la première édition du festival VYV Les Solidarités à Dijon les 8 et 9 juin prochains. Rencontre.

Ce festival célèbre la solidarité. Pour vous, c’est une valeur importante ?

La solidarité, c’est une valeur qui compte. On n’y réfléchit même pas, c’est un truc que l’on a en nous, depuis tout petit, dans la tête, grâce à nos parents.

Vous considérez-vous comme des artistes engagés ?

Nous sommes un peu engagés. Mais c’est un terme qui fait un peu peur car nous avons toujours l’impression de ne pas en faire assez. Il y a des gens qui font tellement plus que nous, nous nous sentons un peu petits face à tout ça. Mais nous sommes engagés dans le sens où nous savons que l’on peut, à notre petit niveau, faire changer certaines choses. Nous avons un impact donc nous faisons attention à ce que l’on dit. Et puis nous sommes engagés dans notre écriture, dans notre manière de voir l’art et la musique. Nous essayons de soulever des pistes de réflexion, faire se poser quelques questions aux personnes qui nous écoutent. Il y a cet engagement là et on tend de plus en plus à s’engager dans du réel, dans des associations et à faire des concerts caritatifs. Donc oui, nous sommes engagés mais « à notre sauce ».

Vous avez toujours voulu être simples, authentiques et proches de vos fans. Avec le succès d’aujourd’hui, est-ce encore possible ?

Oui, c’est une rigueur que l’on s’impose. On réfléchit toujours à la manière dont on peut remercier notre public. C’est vrai que c’est de plus en plus dur avec la dimension que ça a pris. C’est moins simple de rester à la fin des concerts et de discuter avec les spectateurs. Mais depuis le début, on se promet de ne pas casser le lien fort que nous avons avec notre public. Et nous le cultivons grâce aux réseaux sociaux que nous gérons nous-mêmes. Même si cela nous prend pas mal de temps, on répond le plus possible en essayant de trouver des idées. Le jour où on ne fera plus ça, ce ne sera plus pareil pour nous.

Avez-vous toujours fait de la musique ensemble ?

Oui, nous avons été baignés dans un univers de musique grâce à notre père qui est chanteur de salsa. On passait nos soirées à des concerts, même en poussette, on était dans les coulisses. Cela nous a influencés, on a toujours écrit, raconté des histoires tous les deux. On avait deux passions : l’écriture d’un côté et la musique de l’autre. Un jour on est tombé sur le rap, et on s’est dit : « c’est ça qu’on veut faire car ça mélange tout ce qu’on aime : la musicalité et raconter des histoires ». Le rap, c’est une des seules musiques qui donne autant d’importance au texte. Pour nous, ça a été un coup de cœur.

C’est simple de jouer et de tourner avec son frère ? Cela vous aide-t-il à garder les pieds sur terre ?

On s’est rendu compte avec l’âge, en parlant avec d’autres artistes que c’est beaucoup plus difficile de vivre ça tout seul. Nous, on est deux et en plus on a un entourage bienveillant qui nous porte dans cette aventure. On peut se reposer sur l’autre quand l’un est plus fatigué. L’autre nous remotive et nous remet en questions. Il y a une sorte de compétition et on se tire vers le haut. On a une relation précieuse et rare. On est très liés, fusionnels quasiment comme ce que peuvent vivre des jumeaux dans la manière de se comprendre sans parler. Et on entend souvent « Il est où ton frère ? Passe-lui le bonjour ». Cela nous colle et nous collera longtemps à la peau.

Votre père, musicien également, vient parfois chanter avec vous. Vous avez fait monter vos parents sur scène aux Victoires de la musique. La famille est une valeur essentielle ?

Oui tout à fait même si ce n’est pas toujours simple et il faut le dire. Quand les gens nous voient en photo ou à la télé, ils croient que nous sommes une famille parfaite. Mais on a eu des moments très compliqués, notamment ces dernières années avec notre mère. Mais la famille est une valeur importante. Avec le temps et en grandissant, on s’est rendu compte que l’éducation de nos parents a été l’un des plus beaux cadeaux qu’ils nous ont fait. Ils ne nous ont jamais bridés, jamais empêché de rêver et de réfléchir. C’est aussi avec la musique que l’on peut leur rendre hommage, leur dire qu’on les aime car c’est un peu plus difficile de le faire en vrai. Ils ont été notre premier public, nos premiers fans, les premiers spectateurs de notre aventure. Et partager la scène parfois avec notre père, ça n’a pas de prix, c’est magique. Ça l’a remotivé pour mettre le nez dans la musique, il prépare son album. On lui donne des conseils qu’il suit ou pas. Dans notre dernier album, le morceau Maman est important. Il a fait du bien à notre famille car on a beaucoup rendu hommage à notre père mais notre mère a autant de place dans notre cœur et on lui doit aussi beaucoup. Ce qu’on raconte, c’est ce côté surprotecteur voire étouffant que l’on a parfois du mal à comprendre surtout quand on est jeune. On a voulu faire un portrait réaliste, et pas naïf de ce que peut être une relation mère/fils. On est assez content du résultat, cela retransmet pas mal de choses que l’on peut vivre et que les gens peuvent vivre avec leur mère. Ça surprend mais ce morceau a servi d’exutoire et on lui dit plein de choses.

Un festival militant

La première édition du festival VYV Les Solidarités, organisé par le groupe VYV, premier acteur mutualiste global de santé et de protection sociale en France, aura lieu les 8 et 9 juin 2019 à Dijon. Au menu : des concerts, des débats, des rencontres avec les mondes associatif et mutualiste… Côté musique, seront à l’affiche notamment le samedi : Bigflo et Oli, Hubert-Félix Thiéfaine, Gaëtan Roussel, Lou Doillon… Le dimanche, monteront sur scène Orelsan, Charlotte Gainsbourg, Charlie Winston… Ce festival militant ouvert à tous se veut familial avec un espace dédié aux plus jeunes.

Par Propos recueillis par Cécile Fratellini

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