On voit bien, ces dernières années, que les Français ne se sentent plus écoutés ni compris. Et sont tentés par le vote contestataire. Donc si on ne s’occupe pas – rapidement – de leurs problèmes, cela va mal tourner. Or, je souhaite que l’optimisme revienne dans ce pays ! D’autant plus que les solutions existent bel et bien. Des tas de gens proposent des réponses concrètes et durables. Ceux que j’appelle les « Faizeux », en opposition aux « Diseux » qui parlent beaucoup mais ne font pas grand-chose.
Et n’ont plus aucun crédit moral. L’objectif de ce mouvement est de fédérer ces initiatives isolées, qu’elles servent de modèle et soient reproduites ailleurs. Bleu Blanc Zèbre est un « do-tank » et non un « think-tank », dont les jolis rapports restent sur les étagères. On n’a plus le temps de réfléchir, il faut agir maintenant !
* La devise de Bleu Blanc Zèbre.
C’est quelqu’un qui refuse la fatalité et raisonne « hors du cadre », qui se prend en main et le fait avec joie. La joie est un grand carburant, vous savez ! Quand je pense à Guillaume Bapst, à l’origine de l’ANDES (le réseau des épiceries solidaires) qui nourrit des milliers de personnes, ou aux créateurs du Compte Nickel grâce auquel les interdits bancaires retrouvent un peu de dignité, je me dis qu’il fallait un sacré culot – voire être un peu fou – pour y croire. Pourtant, ils l’ont fait !
Comme je m’étonne que Lire et faire lire*** réussisse aujourd’hui à mobiliser 16 000 bénévoles qui vont dans les écoles faire la lecture à 400 000 enfants. Et ce ne sont que des exemples parmi tant d’autres. C’est une véritable révolution solidaire qui s’engage.
** « Le Zèbre », publié en 1988 chez Gallimard, qui a obtenu le prix Femina la même année.
*** Association qu’il a contribué à créer.
Ce sont aussi bien des citoyens (étudiants, retraités, parents…), des maires, des militants associatifs, des entrepreneurs (de l’économie sociale et solidaire, collaborative ou classique), des fonctionnaires… Bleu Blanc Zèbre ressemble parfois au mariage de la carpe et du lapin. Mais tous sont réunis sur un même critère : le passage à l’acte. Les bonnes idées viennent de partout. Car c’est à nous tous d’agir ! Il n’y a rien de plus déprimant que de subir, de rester à gémir devant sa télé.
On ne peut plus laisser notre pays à des partis phagocytés par des énarques, qui pensent à notre place. L’idée est de devenir une force suffisamment puissante pour imposer aux principaux partis politiques (de droite, de gauche et du centre) une alliance avec les « Faizeux » : la société civile qui a acquis une légitimité grâce à son action. Pour que les bonnes pratiques changent d’échelle. S’ils jouent le jeu et acceptent de signer des contrats de mission, on n’aura pas besoin de présenter notre propre candidat. Toutefois, s’il faut en arriver à ce rapport de force, ce serait un échec, mais on le fera. Même si notre but n’est pas de nous faire élire.
Les initiatives recensées sur bleublanczebre.fr forment des « bouquets de solutions » (éducation, accès à l’emploi…) qui sont autant de services opérationnels dont les maires peuvent d’ores et déjà se saisir.
Je crois que cela l’amuserait beaucoup, que ça l’emballerait même. Lui aussi vivait « hors du cadre » et c’était quelqu’un qui n’obéissait pas à ses peurs. Et c’est quand même une belle bande d’imprudents que l’on est en train de rassembler. J’ai envie qu’à travers eux on retrouve l’esprit de la France Libre où des gens très différents partageaient un même idéal. À l’opposé de celui qui animait mon grand-père, Jean Jardin, directeur de cabinet de Pierre Laval à Vichy, pendant l’Occupation. Je ne veux pas que notre pays cède de nouveau à cette idée que l’on peut « trier » les hommes.
C’est aussi pour cela que, lorsque j’avais 15 ans, j’ai écrit à mon père peu de temps avant sa mort qu’un beau jour je prendrai soin de la France. Avec une joie que rien ne calmerait.
**** Pascal Jardin était écrivain et scénariste. Son fils lui a consacré un livre, « Le Zubial », publié en 1997.