Alexandre Allain, un athlète greffé des poumons qui multiplie les exploits

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Pauline Hervé

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

Illustration
© Jean-Yves Verger

A 27 ans, Alexandre Allain, qui a subi une transplantation des poumons en raison de sa mucoviscidose, multiplie les courses extrêmes. Par passion, mais surtout pour sensibiliser au don d'organes et à sa maladie.

Et un exploit de plus. Alexandre Allain, 27 ans, a réussi ce 30 juin 2023 le Grand Raid de l'Ultra Marin, 175 kilomètres de course en relais autour du Golfe du Morbihan. Ce pourrait être un défi personnel parmi tant d'autres, si ce n'est que le jeune athlète court avec une double greffe des poumons, en raison de sa mucoviscidose. Cette maladie génétique, chronique et incurable, altère progressivement les facultés respiratoires.

« Une renaissance »

Alexandre Allain a eu la chance de recevoir une greffe des poumons en 2017, alors que sa maladie progressait très rapidement. Aujourd'hui, il parle de cette opération comme d'une « renaissance ». « Sans celle-ci, je n'aurais même pas vu l'année 2018. Avant la transplantation, je n'avais plus que 6 % de ma capacité respiratoire.

Faire un seul pas était comme un marathon pour moi. J'étais en fauteuil roulant, alimenté et sous oxygène la nuit. Je subissais deux séances de kiné respiratoire par jour pour évacuer les sécrétions de mes poumons. ».

Aujourd'hui, quand Alexandre rend visite à un kinésithérapeute, c'est pour améliorer ses performances sportives. Il prend toujours des médicaments pour sa greffe, « mais c'est anodin par rapport à toute mon enfance sous médicaments », relativise-t-il, avant d'ajouter : « Je ne vais plus à l’hôpital tous les quinze jours, mais tous les trois mois, pour un check-up ».

Reprendre le sport, une évidence

Mais surtout, depuis, le jeune Sarthois a pu reprendre le sport, sa passion. Enfant, il a pratiqué dix ans le football et la danse et rêvait d'une carrière dans le milieu sportif. Mais la mucoviscidose l'a limité dans ses possibilités. Alors, dès que ses poumons greffés le lui ont permis, cela a été une évidence : il allait repartir, et pas qu'à moitié. Depuis 2019, il enchaîne les défis sportifs.

Si le sport est essentiel à son bien-être personnel, ce dernier n'est pas sa motivation première pour s'engager sur des courses extrêmes. « Mes projets d'exploits, si ça n’était que pour moi, je ne les ferais pas, souligne-t-il. Mon moteur est de pouvoir, à mon échelle, inspirer des jeunes atteints de maladie, comme moi je l'ai été par Grégory Lemarchal », le vainqueur de la Star Academy décédé de la mucoviscidose en 2007. Alexandre Allain court d'ailleurs sous les couleurs de l'association qui porte le nom du jeune chanteur. Et depuis sa reprise du sport, le consultant en communication et conférencier enchaîne les défis plus fous les uns que les autres. Il a notamment à son palmarès un Half Ironman (triathlon extrême : 1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21,1 km de course à pied) réalisé en 8 h 25 et le marathon de Paris couru en 5 h 31. Et depuis quelques jours, donc, un défi qui lui tenait à cœur : le relais de l'Ultra Marin.

Alexandre a effectué cette épreuve avec trois coéquipiers bien particuliers : le chirurgien qui l'a opéré en 2017, un anesthésiste et un autre chirurgien. « On a franchi ensemble la ligne d'arrivée, c'était la symbolique de ce relais. Pour eux, l'équivalent du bâton qu'on se passe en course de relais, c'est un peu comme l'organe lors de la transplantation. Les deux sont des aventures collectives ». Et Alexandre n'est pas à court de symbole, puisqu'il s'était, avant la course, fixé l'objectif de parcourir les 57 km du relais en 8 heures « C'est le temps que j'ai passé sur la table d'opération. » Objectif atteint avec 7 h 42 au compteur. Et comme à chaque fois qu'Alexandre Allain franchit la ligne d'arrivée, il a fait ce même geste : « Je lève les yeux au ciel et je pense à la personne qui m'a fait don de ses poumons. C'est un devoir pour moi de vivre la vie et les émotions à 100 %, car cette personne n'a pas eu la possibilité de le faire assez longtemps ».

10 000 patients en attente de greffe

En 2022, 5 494 greffes ont été réalisées en France (dont 533 à partir de donneurs vivants), selon l'Agence de la biomédecine. Pourtant, début 2023, la liste d'attente active (qui compte les patients immédiatement éligibles à une greffe) était encore de 10 810 patients, tous organes confondus. En France, nous sommes tous présumés donneurs d'organes et de tissus, sauf si nous avons exprimé de notre vivant notre refus d’être prélevé.

« Les personnes jeunes, âgées, malades ou en bonne santé sont des donneuses potentielles. En cas de décès, l'équipe médicale en charge du donneur sera seule juge et évaluera, au cas par cas, les organes et tissus pour s'assurer de la faisabilité du prélèvement », précise l'Agence de la biomédecine.
Un seul donneur peut permettre de greffer plusieurs personnes. En fonction de l'état des organes, il est possible de prélever le cœur, les reins, les poumons, le foie, des parties de l'intestin mais aussi des tissus (les cornées, des os, des valves cardiaques, des artères, de la peau… et de sauver ainsi de nombreuses vies.

Pour en savoir plus sur le don d'organes, rendez-vous sur https://www.dondorganes.fr

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