Des champions sensibilisent des collégiens aux bienfaits du sport

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Alexandra Luthereau

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Six athlètes de haut niveau, et exerçant par ailleurs un métier dans la santé, se sont réunis en février 2024 pour promouvoir le sport auprès de collégiens parisiens, alors que les chiffres montrent une baisse inquiétante de l’activité physique chez les jeunes.

En cette année olympique, le Président de la République a proclamé l'activité physique
et sportive comme Grande Cause Nationale 2024. Dans ce cadre, la Villa M dans le 15e arrondissement de Paris - mixant centre de prévention pour les soignants, club de sport et espace de coworking - a organisé une matinée de sensibilisation auprès d’une vingtaine d’élèves de 6e du collège Buffon de l’arrondissement le 8 février 2024.
Au programme : échanges, chiffres et témoignages à l’appui, et ateliers sportifs avec la Team Sport Santé, constituée de six personnes à la fois athlètes de haut niveau et soignants, dont trois étaient présentes ce jour-là.

« Jeunesse sédentaire, vieillesse grabataire »


« Sur 146 pays, la France se classe 119e en termes de niveau de pratique d'activités physiques et sportives chez les adolescents en 2020 », déplore Michel Cymes, le célèbre docteur du petit écran, invité à animer cette matinée d’échanges en tant qu’ambassadeur santé des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. De plus, les études montrent qu’en 1980 les adolescents mettaient 3 minutes pour faire 600 mètres, aujourd’hui il leur faut une minute de plus.
Par ailleurs, selon les chiffres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) (1), près d’un tiers des enfants européens sont en surpoids, 29 % des garçons et 27 % des filles. 37% des 6-10 ans et 73% des 11-17 ans n’atteignent pas les standards d’activité physique recommandés par l’OMS. 


Enfin, les enfants et les adolescents passent en moyenne quatre heures par jour devant des écrans. Pourtant, « tout se joue entre 6 et 11 ans, prévient le docteur s’adressant aux collégiens présents. Si vous ne bougez pas maintenant, adultes vous ne serez pas actifs. J’ai l’habitude de dire : jeunesse sédentaire, vieillesse grabataire. [...] Mais la bonne nouvelle c’est que rien n’est perdu, Par exemple, il a été démontré qu’après six semaines d’entraînement, vous pouvez regagner 5 % de vos capacités respiratoires ». Tous l’affirment haut et fort, la solution est de bouger.

Les jeunes ne bougent pas suffisamment


Dans une vidéo adressée aux collégiens, Anne-Sophie Centis, médaillée de bronze 2023 aux championnats du monde de paracyclisme, et kinésithérapeute à l’hôpital Jeanne de Flandre, à Lille, fait le même constat. « À l’hôpital, nous observons de plus en plus d’enfants et d’adolescents obèses, avec du diabète, de la tension… Ils sont trop nombreux à ne pas bouger suffisamment. Mes conseils : une activité physique au moins une fois par semaine, ne grignotez pas devant les écrans et allez voir vos copains à vélo », suggère-t-elle.
Toutes ces données interpellent Lilian, 11 ans, qui pratique la natation plusieurs fois par semaine. Le collégien l’assure, outre les bienfaits en matière de santé dont il a conscience, « le sport, c’est sortir de chez soi et s’amuser en plus d’une activité physique ».

Le sport, c’est la santé et le plaisir


Anaïs Mai Desjardins, vice-championne de France de Kitefoil (une sorte de kitesurf qui permet de glisser sur la surface de l'eau) et étudiante en 5e année de médecine, ne dit pas autre chose. « Le sport ce n’est pas seulement "il faut que", c’est surtout du plaisir. Il faut choisir le sport qui nous plaît. Ceux qui disent que le sport n’est pas fait pour eux ou qu’ils n’aiment pas le sport, c’est qu’ils n’ont pas trouvé celui qui leur convient. Il existe 8 000 sports différents, insiste-t-elle. Dites-vous que vous avez plus de chances de trouver votre sport que de devenir riche avec Tik Tok. »
Autre membre de l’équipe sport santé, Axel Clerget, médaillé d’or olympique 2020 en judo, et kinésithérapeute, met aussi l’accent sur le plaisir. « Enfant, au judo, je m’amusais beaucoup avec les copains. En cela, c’est un facteur de bien-être parce qu’après une séance de sport, on est content. En plus, grâce au sport de haut niveau, j’ai pu visiter une centaine de pays et rencontrer des stars, notamment des footballeurs, mais aussi des politiques et des miss France ». Les arguments font mouche dans la salle.

Marcher, prendre les escaliers


Bouger au quotidien passe par de l’activité physique : marcher plutôt que prendre le bus, monter les escaliers plutôt que prendre l'ascenseur etc. « L'activité physique doit faire partie de son hygiène de vie quotidienne, au même titre que se brosser les dents, insiste Michel Cymes, invitant les jeunes présents à faire passer le message à leurs copains et leur famille. On ne doit pas faire du sport quand on a le temps mais prendre le temps de faire du sport, il faut intégrer l’activité physique à sa journée. »
D’ailleurs, concilier école, études supérieures ou travail et sport c’est possible, arguent les six membres de la Team Sport : ils en sont un bon exemple.

« Allez, allez, on tient le rythme »


Après les discours, place au sport. Dans une des salles d’activités sportives de la Villa M, trônent un ring de boxe et des sacs de sable. De l’autre côté, la fédération française d’athlétisme a installé des ateliers d’exercices pour évaluer le niveau de souplesse, d’endurance et de résistance des jeunes, à travers des exercices d’équilibre sur un pied, de levers de genoux ou de gainage du corps.
Les collégiens sont répartis en deux groupes. Les uns font les tests de performance physique tandis que les autres s’initient à la boxe avec un coach, avant de s’entraîner avec les athlètes de la Team Sport Santé. Au bout de 30 minutes, les groupes changent d’atelier. Très rapidement, tout le monde s’active. Les baskets crissent sur le parquet, les poings frappent les sacs et on perçoit les encouragements d’un coach : « Allez, allez, on tient le rythme ! ». Et on entend des rires.

Modèle pour les jeunes


Karine Ledu est professeur d’EPS au collège Buffon à Paris. Comme ses collègues, elle a observé la baisse de l'activité physique chez les jeunes et surtout celle de leur performance physique depuis deux ou trois ans. « Le Covid a changé les habitudes. Les activités physiques ont été arrêtées, l’écran a pris davantage de place, déplore-t-elle. Mais je vois le regard des élèves qui pétillent devant ces champions. J’espère qu’ils vont s’imprégner de ce moment. »
En tout cas, elle compte bien prolonger les bénéfices de cette matinée, en commençant par sensibiliser les autres élèves du collège. « Nous avons besoin de supports et de médiateurs pour relayer ces messages. Des professionnels de la santé et sportifs de haut niveau, ça leur parle. »
Et les champions participant à cette matinée de sensibilisation n’ont pas hésité à s'engager, « Les données sont catastrophiques. C’est un combat à mener. Avec notre double casquette, soignant et athlète, nous pouvons servir de modèle pour ces jeunes. À cet âge, on a plus envie d'entendre des athlètes de haut niveau que des profs ou des parents sur le lien entre le sport et la santé, le sport et les études et le sport tout court », analyse Margot Chevrier, championne de France de saut à la perche et étudiante, elle aussi, en 5e année de médecine.
À la fin de la matinée, après une heure d’activités sportives, les collégiens sont en sueur et arborent un fier sourire aux lèvres. « Ce matin, j’ai fait de la boxe, j’ai tenu en position chaise pendant six minutes, j’ai fait du gainage. Je suis HS mais détendue. Je me sens bien ! », nous confie Fatoumata. Ce qui lui a plu ce matin ? « Rencontrer des sportifs ! Les champions me font rêver. »

(1) World Health Organization (WJO, OMS) European regional obesity report 2022.

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