« Journées pour une France en forme » : une initiative pour alerter et faire bouger

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Natacha Czerwinski

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Jusqu’au 4 juin 2024, plusieurs grandes villes accueillent une opération destinée à sensibiliser le grand public aux dangers de la sédentarité et aux bienfaits de l’activité physique et sportive.

Tables de ping-pong, mur d’escalade, stand de tir laser ou encore ateliers destinés à tester sa souplesse et son endurance. Ce 10 avril 2024, à Paris, l’esplanade des Invalides avait pris des airs de village sportif. Sous la houlette d’encadrants et dans une ambiance bon enfant, jeunes et moins jeunes ont été invités à tester différentes activités. Puis, lors d’une conférence, experts et acteurs de terrain ont exposé les problématiques liées à la sédentarité et partagé leurs bonnes pratiques.

Bienvenue à la première étape des « Journées pour une France en forme ». Cette opération, organisée dans le cadre de la Grande Cause Nationale 2024, se tient jusqu’au 4 juin 2024 dans plusieurs grandes villes, en métropole et en Outre-Mer (1). Ouverts à tous, ces rendez-vous – qui s’articulent de façon identique à chaque fois (colloque d’une part, animations d’autre part) – sont aussi l’occasion pour les participants de s’informer sur les activités physiques et sportives à côté de chez eux. L’ambition de cette initiative (2) ? Capitaliser sur l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques pour rassembler les Français autour du sport et les inciter à être plus actifs au quotidien. Car il y a urgence.

La sédentarité, une « bombe sanitaire »

Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), 95 % de la population française adulte est exposée à un risque de détérioration de la santé par manque d’activité physique ou un temps trop long passé assis. Chez les jeunes, le constat est tout aussi alarmant : 66 % des 11-17 ans présentent un risque sanitaire préoccupant du fait d’une trop grande addiction aux écrans et d’une activité physique journalière insuffisante.

« La sédentarité est une bombe sanitaire, d’autant plus dangereuse qu’elle progresse à bas bruit », a insisté la ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques Amélie Oudéa-Castéra lors du coup d’envoi de ces Journées. D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les personnes ayant une activité physique insuffisante ont en effet un risque de décès majoré de 20 % à 30 % par rapport à celles qui sont suffisamment actives.

Bouger, ce n’est pas forcément faire du sport

« On confond souvent sédentarité et inactivité physique, a fait remarquer en préambule le Dr Michel Cymes, animateur de la conférence et ambassadeur santé des Jeux de Paris 2024. L’inactivité, c’est ne pas respecter les recommandations de l’OMS qui sont de 30 minutes d’activité physique quotidiennes – pour les adultes – et de 1 heure pour les enfants et les adolescents. Quant à la sédentarité, c’est le nombre d’heures passé assis ou allongé durant sa journée (hors sommeil). Le chiffre qui ressort, c’est 12 heures par jour en moyenne pour les gens qui travaillent. Or, au-delà de 7 heures par jour, c’est très mauvais pour la santé… »

« Sédentarité et inactivité sont deux facteurs de risque indépendants qui peuvent se cumuler si, bien sûr, on les associe », a souligné le Pr François Carré, cardiologue et président du collectif « Pour une France en forme ». Il a également tenu à faire la distinction entre sport et activité physique. « Nous médecins, nous ne disons pas aux gens de faire du sport, je comprends parfaitement que certaines personnes n’aiment pas cela. Par contre, bouger, c’est indispensable. Votre capacité physique, c’est votre capital santé et celui-ci peut être amélioré uniquement par l’activité. Il n’y a pas de médicament pour cela. D’ailleurs, un malade qui a des capacités physiques moyennes vivra plus longtemps que quelqu’un qui n’est pas malade mais qui a des capacités physiques faibles. »

Une « hygiène de vie » à adopter

On le sait, les bienfaits de l’activité physique sont nombreux. Elle agit sur l’état général (meilleure condition physique, récupération facilitée après une maladie, autonomie), le mental (moins de stress et d’anxiété, confiance et estime de soi renforcées) et même sur les relations sociales (moins de solitude et d’isolement). « 30 minutes d'activité physique, tous les jours, c’est comme se laver les dents, cela doit faire partie de l'hygiène de vie », a martelé le Pr Gérard Saillant, président honoraire du collectif « Pour une France en forme ».

Adopter un mode de vie moins sédentaire vous semble un trop grand défi ? Pourtant, au quotidien, les occasions de faire de l’exercice ne manquent pas, que ce soit à la maison (tâches ménagères, jardinage, bricolage), au travail (marcher en téléphonant, pédaler sous son bureau) ou dans le cadre de ses déplacements (aller à la boulangerie à vélo, emmener ses enfants à l’école à pied). Tout est bon à prendre pour augmenter ses dépenses énergétiques. Et l’âge ou l’état de santé ne doivent pas être considérés comme des freins.

« Si vous dites à votre grand-père ou votre grand-mère : "N’en fais pas trop, repose-toi", c’est que vous visez l’héritage, a lancé le Pr Carré avec un brin de malice et de provocation. Laissez bouger les anciens, c’est le meilleur moyen de les aider à vivre le plus longtemps possible et le mieux possible ! »

Tout le monde a un rôle à jouer

S’il est du ressort de chacun de modifier ses comportements, les intervenants n’ont pas manqué de rappeler que les responsables politiques et les professionnels de santé ont également un rôle essentiel à jouer, notamment en assurant la promotion de l’activité physique et sportive. En marge de l’événement, une convention de partenariat entre la Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM) et les deux ministères du Sport et de la Santé a d’ailleurs été signée. Amélie Oudéa-Castéra a également annoncé qu’une campagne de communication sur le sujet allait être lancée, en mai, en partenariat avec Santé Publique France.

Mais les entreprises ont aussi leur pierre à apporter à l’édifice, et certaines assument déjà cette responsabilité. « En 2023, nous avons fait courir, nager et marcher plus de 300 000 personnes via les 200 événements que nous avons organisés sur tous les territoires, a ainsi témoigné Caroline Lebrun, directrice ressources et éthique d’Harmonie Mutuelle. Nous nous sommes rendu compte que créer le collectif et le lien social, ça marche : cela permet aux gens d’avoir le déclic et d’ancrer la pratique quotidienne de l’activité physique dans leurs habitudes. »

En conclusion du colloque, Cécile Nicol, déléguée régionale académique à la jeunesse, à l'engagement et aux sports d'Île-de-France (DRAJES), a suggéré aux quelque 300 participants de devenir, eux aussi, des ambassadeurs de cet enjeu de santé publique. « Pourquoi ne pas inciter une personne de notre entourage à faire 30 minutes d’activité par jour ? a-t-elle lancé. Sensibilisons et engageons-nous ! »

(1) Programme des Journées pour une France en forme : Lens le 15 mai, Bastia le 17 mai, Toulouse le 22 mai, Dijon le 23 mai, Orléans le 25 mai et Bordeaux le 4 juin. En savoir plus sur le site de la Grande Cause Nationale 2024.
(2) L’opération est organisée en partenariat avec le collectif « Pour une France en forme », la Caisse nationale d’Assurance maladie, Harmonie Mutuelle, l’Association nationale des étudiants en STAPS, GL event, Intersport, Engie, l’Association nationale des élus en charge du sport et France urbaine, et grâce à la mobilisation des Agences régionales de santé (ARS) et des DRAJES.

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