Qu’est-ce que l’alopécie et peut-on la freiner ?

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Sandrine Letellier

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L'alopécie désigne la perte anormale, qu'elle soit progressive ou soudaine, des cheveux. Elle peut avoir de très nombreuses causes et se manifester de diverses manières. Mais il existe des solutions pour lutter contre ses répercussions sur le plan émotionnel et sur l'estime de soi.

En moyenne, une chevelure contient entre 100 000 et 150 000 cheveux et autant de follicules pileux (chaque follicule produit un seul cheveu). Chaque jour, nous perdons entre 50 et 100 cheveux. Cette perte est compensée par la croissance de nouveaux cheveux. Mais cette belle mécanique s'enraye parfois. On parle alors d'alopécie, terme qui vient du grec alôpex (renard) à cause de la chute annuelle des poils de cet animal.

L'alopécie survient lorsque la perte excède la croissance de nouveaux cheveux, ce qui se traduit par une chevelure plus ou moins clairsemée, voire quasi absente en cas de calvitie (stade relativement avancé de l'alopécie). C'est très souvent une épreuve difficile : les femmes se sentent meurtries dans leur féminité, les hommes dans leur virilité, surtout quand ils sont jeunes.

Laurent, 32 ans, a vécu l'alopécie comme un premier pas vers la vieillesse. « Pour moi, perdre mes cheveux, dès l'âge de 18 ans, ce n'était pas possible, témoigne-t-il. J'ai d'abord été dans le déni, refusant d'admettre ce qui m'arrivait. Et quand le phénomène s'est accentué, j'ai commencé à paniquer. Tous les jours, je m'observais dans la glace, essayant de quantifier mes pertes. » Perdu, il décide d'entreprendre une psychothérapie. Très vite, la calvitie devient le sujet récurrent de toutes ses séances. « Mais ce travail m'a permis de m'accepter et j'ai fini par opter pour une coupe à la Bruce Willis… ou plutôt un crâne rasé !"

L'alopécie androgénétique, une histoire d'hormones et d'hérédité

« L'alopécie androgénétique est la plus courante, indique le Dr Pascal Reygagne, dermatologue spécialiste du cuir chevelu, directeur du Centre Sabouraud à l'hôpital Saint-Louis à Paris. Elle est causée par les androgènes (hormones mâles) et la génétique (une personne qui a des personnes chauves dans sa famille a de grandes chances de développer une calvitie). Elle apparaît fréquemment chez les hommes avec l'avancée en âge. Mais elle existe aussi chez les femmes, de façon plus discrète, car les hormones mâles sont présentes en petites quantités dans l'organisme féminin. »

Hormone clé dans le processus, la testostérone qui soudain se transforme en dihydrotestostérone (DHT). Or, cette dihydrotestostérone va accélérer le cycle de la repousse des cheveux qui vont se renouveler de plus en plus vite. Mais au bout d'environ 25 cycles, le follicule pileux s'épuise donnant naissance à des cheveux de plus en plus fins jusqu'à devenir un duvet clair sans aucun pouvoir couvrant. Puis, le follicule pileux meurt et disparaît.

« Il ne s'agit pas d'une maladie, mais d'une évolution normale, banale et fréquente de la vie des cheveux, qui peut débuter dès la puberté, souligne le Dr Reygagne. Elle est néanmoins plus fréquente aux alentours de 40 ans. Elle touche environ 15 % des hommes à l'âge de 20 ans, 25 % à 30 ans et un sur deux de 50 à 60 ans. » La calvitie masculine peut toucher uniformément le dessus du crâne, ou commencer par sa pointe (tonsure). En général, des cheveux persistent au niveau des tempes et de la nuque.

Quels sont les traitements qui fonctionnent ?

Il n'existe que deux traitements. Le premier, le minoxidil® est une lotion à appliquer deux fois par jour. Elle ralentit la chute des cheveux en les rendant moins sensibles. « Chez un tiers des patients, elle permet de petites repousses, chez un autre tiers, elle stabilise la chute. Et dans le reste des cas, elle n'est guère active », prévient le Dr Reygagne. Ce traitement peut être utilisé par les femmes comme par les hommes, mais à des concentrations différentes. Le minoxidil® à 2 %, réservé aux femmes, est en vente libre. Le minoxidil® à 5 %, réservé aux hommes, a longtemps été disponible uniquement sur ordonnance, mais il est actuellement également en vente libre.

Le finastéride® est un médicament à prendre par voie orale dont l'usage est réservé aux seuls hommes. Il ralentit l'action des hormones masculines sur les follicules du cuir chevelu et offre de bons résultats dans 80 % des cas. Mais chez certaines personnes, il a des effets secondaires sur la libido. Ce médicament peut aussi aggraver une dépression. En revanche, shampoings, huiles ou compléments alimentaires ne fonctionnent pas.

« L'association de médicaments et de plasma riche en plaquettes, un concentré riche en facteurs de croissance, obtenu à partir du sang du patient et injecté avec un pistolet sous la peau du crâne, est de plus en plus proposé en cas d'alopécie androgénétique, alerte le Dr Reygagne. Mais la méthode, outre le fait qu'elle soit assez douloureuse pour le patient, est coûteuse (autour de 400 euros la séance en sachant qu'il faut prévoir quatre séances espacées d'un mois, puis une à deux par an) pour une efficacité très limitée. »

Prudence avec la greffe de cheveux

Les hommes complexent beaucoup sur la perte de leurs cheveux. Mais comme la nouvelle génération se soucie davantage de son apparence, ils consultent aussi plus tôt et sont plus enclins à tenter l'aventure des implants capillaires. De plus, la greffe de cheveux a considérablement progressé, avec des résultats beaucoup plus esthétiques. Elle fonctionne aujourd'hui très bien, à condition que cela soit fait correctement.

Beaucoup de patients partent à l'étranger parce que les opérations y sont moins chères. Mais c'est risqué, notamment en cas de complications. S'il y a un problème postopératoire, il faut pouvoir y retourner

Des traitements pour les autres formes d'alopécie

Des cheveux retrouvés en importante quantité sur les vêtements ou sur l'oreiller au petit matin, mais aussi des chutes lors des brossages ou des shampoings… Qu'elle soit diffuse, en plaques, ou bien totale, toute perte de cheveux anormale doit amener à consulter son médecin traitant qui, le cas échéant, pourra orienter vers une consultation en dermatologie.

D'autres formes d'alopécie, passagères ou durables, étendues ou localisées, peuvent révéler un problème de santé ou être causées par une prise de médicaments (chimiothérapie pour traiter un cancer, lithium pour les troubles bipolaires…). Leurs traitements dépendront alors de leurs causes.

« L'alopécie, dite cicatricielle, peut être consécutive à une lésion du cuir chevelu en raison d'une maladie (lupus, sclérodermie), prévient le Dr Reygagne. Des réactions inflammatoires peuvent alors détruire les follicules pileux. Mais un choc traumatique (deuil, séparation…), des carences en fer ou, par exemple, en certaines vitamines B en cas de régime très déséquilibré, ou encore une hypo ou une hyperthyroïdie peuvent aussi occasionner une chute soudaine et temporaire des cheveux. »

La teigne, infection à champignons du cuir chevelu, est une cause fréquente d'alopécie chez l'enfant. Tout comme la pelade (maladie auto-immune) et la trichotillomanie (comportement répétitif centré sur le corps qui consiste à s'arracher les cheveux), elle provoque des alopécies en plaques.

Ainsi, la teigne se traite avec un médicament antifongique, la pelade avec des corticoïdes ou des rayons ultraviolets, certaines carences par des apports en vitamines et autres suppléments.

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