La radiothérapie : dans quels cas l’utilise-t-on ?

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Damienne Gallion

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Aux côtés de la chirurgie et des traitements médicamenteux, la radiothérapie est l’une des principales armes contre le cancer. Plus de la moitié des malades y ont recours, à une étape ou une autre de leur parcours de soins. Ce domaine est en constante évolution, avec à la clé, une plus grande efficacité et une réduction des effets secondaires.

Née au début du 20e siècle, la radiothérapie fait partie, avec la chirurgie, des traitements localisés du cancer – à la différence de la chimiothérapie qui, elle, impacte l’ensemble de l’organisme. La radiothérapie consiste à délivrer des rayons qui atteignent la tumeur et détruisent la cellule malade, tout en visant à épargner le plus possible les tissus sains proches de la tumeur. Plus de 240 000 personnes y ont recours chaque année en France*, ce qui fait d’elle le troisième traitement de référence contre la maladie, aux côtés de la chirurgie (plus de 400 000 patients concernés) et de la chimiothérapie (plus de 360 000 personnes traitées). 

Un impact sur la guérison de près de la moitié des cancers  

« On considère que 40 % des cancers guéris le sont par la radiothérapie, seule ou associée aux autres traitements », indique sur son site internet la Société Française de Radiothérapie Oncologique. La radiothérapie à visée curative est particulièrement utilisée dans les cas de tumeurs localisées. Autrement dit, souvent pour des cancers ORL, des cancers du sein, de la prostate, du poumon, de l’œsophage, du rectum, du col de l’utérus, etc.

Elle est souvent associée à une chirurgie (avant ou après l’opération) et/ou à une chimiothérapie. « La radiothérapie permet très souvent de minimiser l’importance de la chirurgie, par exemple dans le cancer du sein, et contribue à une guérison avec conservation d’organe, explique Éric Deutsch, chef du département de Radiothérapie de Gustave-Roussy. Voire, dans certains cas, sa combinaison avec une chimiothérapie permet d’éviter une chirurgie qui pourrait être invalidante, comme dans le cas du larynx ou des tumeurs du canal anal ».

Les différents types de radiothérapie

On distingue deux grands types de radiothérapie. La radiothérapie externe est la plus répandue : les rayons sont émis par une machine appelée accélérateur linéaire de particules, située près du patient et dirigée vers la région du corps à traiter.

Deuxième grand type de radiothérapie, la curiethérapie. Elle consiste à placer des éléments radioactifs directement à l’intérieur de l’organisme, soit au contact de la tumeur, soit dans la tumeur elle-même. Elle peut être prescrite pour certains cancers de la prostate, gynécologiques, du canal anal ou de l’œil. « Compte tenu des progrès de la radiothérapie externe, la curiethérapie est plutôt en perte de vitesse, indique le Pr Gilles Créhange, de l’Institut Curie. Mais elle reste indétrônée dans les cancers gynécologiques ». 

Des technologies de haute précision, avec des effets concrets pour les patients


Depuis 10 à 15 ans, ce traitement connaît une grande évolution, qui n’est pas près de s’arrêter : il faut désormais parler de radiothérapie de précision. Techniques 3D, imagerie médicale, intelligence artificielle : toutes ces technologies se conjuguent pour donner naissance à des machines de plus en plus perfectionnées. Ces dernières ciblent précisément la tumeur, adaptent ce ciblage en temps réel (en tenant compte de la respiration du patient par exemple), modulent l’intensité et la nature des rayons, etc. Pour les patients, cela peut se traduire concrètement par une durée de traitement plus courte. « Par exemple, une semaine au lieu de 5. Dans certains cancers de la prostate ou du sein, c’est un vrai changement pour le malade », souligne Éric Deutsch. 
L’une de ces innovations porte le nom de « radiothérapie stéréotaxique ». Derrière ce nom rébarbatif, se cachent de grands bénéfices pour les patients. Ce type de radiothérapie utilise de nombreux mini-faisceaux afin d’irradier de manière très sélective de petites tumeurs, avec une précision millimétrique. « Nous l’utilisons dans des cancers métastatiques, qui touchent par exemple le cerveau, le foie ou le poumon, explique Éric Deutsch. Fait nouveau depuis 10 ans, elle nous permet de contrôler de manière importante l’évolution de la maladie et d’augmenter la survie des patients ».  
Autre avancée mise en avant par Gilles Créhange, chef du département d'oncologie-radiothérapie de l'Institut Curie : « Nous pouvons désormais, dans certains cas de récidives, ré-irradier des malades au même endroit, ce qui était impossible auparavant. »

Des effets secondaires de mieux en mieux maîtrisés

Comme la chimiothérapie, la radiothérapie peut avoir mauvaise presse en raison de ses effets secondaires. « Grâce aux avancées techniques, les brûlures qu’on pouvait encore observer il y a 10 ou 15 ans n’ont plus cours, souligne Gilles Créhange. La radiothérapie étant un traitement inodore et intangible, les radiothérapeutes sont extrêmement prudents dans la façon de délivrer ce traitement – et je dirais, particulièrement en France. Les études nous montrent que 95 % de la population générale réagit de façon moyenne à la radiothérapie. Or, ces effets, nous savons les gérer. Concernant les 5 % présentant une sensibilité différente à la radiothérapie, des examens peuvent permettre de les identifier. Dans ces cas-là, d’autres traitements sont proposés. »

*chiffres 2021, issus du rapport « Panorama des cancers 2023 », Institut national du cancer

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