Philippe Laurent : Il faut se laver les pieds régulièrement, avec de l’eau et du savon, tout simplement. Les bains de pieds prolongés ne sont pas conseillés : ils relaxent mais l’eau chaude ramollit la peau, ce qui la fragilise. Veillez ensuite à bien vous sécher car l’humidité est source d’infections, comme les mycoses.
On peut appliquer quotidiennement de la crème pour hydrater la peau afin de la garder souple. Si elle est trop sèche, la corne se renforce, ce qui favorise l’apparition de fissures (crevasses…) , porte d’entrée des microbes. La corne, aussi appelée « callosité » consiste en un épaississement et un durcissement de la peau, causés par des pressions ou des frottements excessifs, entre le pied et la chaussure ou du pied sur le sol. Cela peut entraîner des douleurs, avec l’apparition de cors ou de durillons. Attention à ne pas poncer la corne, ce qui, au contraire, encourage sa formation. Proscrire aussi les pommades et pansements pour traiter les cors ou durillons, appelés « coricides ». Ils sont trop agressifs, voire dangereux pour les personnes atteintes de diabète ou d’artérite des membres inférieurs.
De manière générale, une attention particulière doit être portée aux espaces entre les orteils, plus sujets à la macération : bien les nettoyer, bien les sécher et y limiter l’application de crème.
Attention à la « fish-pedicure »
Elle consiste à tremper ses pieds dans un aquarium dans lequel des poissons viennent ronger les peaux mortes. Ils ne sont pas stérilisés, bien sûr, et l’eau n’est pas changée entre deux clients, si bien qu’il y a un risque de contamination.
P.L. : Il convient de couper droit, sans faire d’arrondi. Pensez juste à limer les deux angles. S’ils sont trop pointus, ils pourraient s’enfoncer dans la peau : c’est l’ongle incarné. Il ne faut pas non plus couper l’ongle ras, mais laisser un bord libre d’un millimètre environ.
L’outil à privilégier est la pince à ongle, après l’avoir désinfectée avec un peu d’alcool. Le défaut du coupe-ongle est qu’il incite à donner une forme incurvée. Les ciseaux sont quant à eux moins faciles à utiliser et ne permettent pas de réaliser une coupe franche.
On peut aussi débarrasser les sillons de part et d’autre de l’ongle, des peaux mortes et les autres résidus (fil de chaussette…) qui s’y accumulent. Pour ce faire, utilisez une brosse (une vieille brosse à dent par exemple).
En revanche, mieux vaut laisser tranquille la cuticule, cette mince couche de peau à la base de l’ongle, car c’est une protection.
P.L. : Des bonnes chaussures sont des chaussures dans lesquelles on ne transpire pas trop et où le pied est maintenu, sans trop de frottements. Il faut faire attention à leur forme : en adéquation avec celle du pied, pas trop serrées. Le cuir est la matière idéale car elle est très respirante. Certains matériaux synthétiques de bonne qualité sont aussi adaptés.
Choisissez une semelle suffisamment souple pour permettre le bon « déroulement » du pied de l’arrière vers l’avant, pendant la marche, tout en étant suffisamment épaisse pour les protéger et amortir les chocs.
Le talon ne doit pas être trop haut, de 4 cm maximum. Sinon le poids du corps se trouve principalement porté par l’avant du pied, ce qui n’est pas naturel. Cela peut entraîner des déformations (comme les orteils « en griffe » ou l’hallux valgus – ou « oignon » – quand le gros orteil dévie vers l’intérieur du pied), elles-mêmes à l’origine de cors et durillons, par frottement avec la chaussure. Au niveau du dos, les courbures sont accentuées, avec le risque d’accélérer certains phénomènes d’arthrose. Dans la mesure du possible, il est sain de changer de chaussures tous les jours pour en permettre le séchage.
Évitez les mules ou les tongs.
Elles ne tiennent pas suffisamment les pieds. Ce qui favorise les entorses et cause des tensions musculaires anormales voire des déformations (orteils « en griffe »). De surcroit, pour les tongs, la bride qui passe entre les deux premiers orteils peut blesser.
P.L. : Les pédicures-podologues préviennent et soignent les infections, les ongles incarnés, les cors et durillons ou encore les verrues plantaires.
Ils examinent aussi la statique, c’est-à-dire la manière de se tenir. Ils peuvent détecter des déformations à corriger avec des orthèses : des semelles orthopédiques par exemple, qui devront être prescrites par le médecin traitant pour être partiellement remboursées par l’Assurance maladie. En revanche, cette dernière ne prend quasiment pas en charge les consultations de soins classiques (seulement 1,26 euro remboursé par séance).
Le pédicure-podologue gagne à être mieux connu : c’est un véritable professionnel de santé, dont l’intervention ne se réduit pas à des soins de bien-être ou de confort. En prévention, nous recommandons de le consulter une fois par an, quel que soit l’âge.
En cas de diabète ou d’artérite des membres inférieurs
Il convient de prendre particulièrement soin de vos pieds, qui risquent davantage les blessures et les déformations.
Pour les patients diabétiques présentant des pieds « à risque de grade 2 ou 3 », l’Assurance maladie rembourse plusieurs séances annuelles chez les pédicures-podologues conventionnés.