Papillomavirus : trois raisons de vacciner aussi les garçons

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La Haute autorité de Santé recommande désormais pour les garçons la vaccination contre les papillomavirus humains (HPV). Jusque-là, celle-ci était préconisée pour les filles entre 11 et 14 ans. Les HPV sont, entre autres, responsables du cancer du col de l’utérus.

Papillomavirus : trois raisons de vacciner aussi les garçons

1. Pour prévenir certains cancers et infections

Les HPV également appelés papillomavirus humain sont des virus extrêmement courants qui causent une infection le plus souvent banale, transitoire et sans conséquence. On considère que chaque individu en est porteur à un moment de son existence. Il en existe 180 formes différentes, la grande majorité anodines, « en général contractées au début de la vie sexuelle » selon la Haute autorité de santé (HAS).

Mais certains types de HPV sont responsables d’infections sexuellement transmissibles comme les condylomes acuminés (verrues génitales). Ils peuvent également être à l’origine de lésions dites « précancéreuses » et de cancers : sur le col de l’utérus et le vagin chez la femme, sur la verge chez l’homme, et sur l’anus et l’oropharynx (gorge, amygdales) chez les deux sexes.

Jusqu’ici, on recommandait la vaccination des jeunes filles uniquement. Depuis fin décembre 2019, la HAS préconise de l’élargir aux jeunes garçons entre 11 et 14 ans. Ce conseil est soutenu depuis longtemps par la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale, qui réunit les médecins spécialistes du dépistage du cancer du col de l’utérus.

« C’est une chance pour les jeunes garçons de se protéger de certaines pathologies comme le cancer de l’oropharynx dont on comptait, en 2012, 11 000 nouveaux cas par an (70 % chez l’homme) », se félicite Xavier Carcopino, gynécologue obstétricien spécialisé en chirurgie et cancérologie gynécologique. Dans le cancer de l’anus, beaucoup plus rare (800 cas par an) mais en augmentation, les HPV sont responsables de 75 % des cas chez les hommes. En outre, un quart des cancers induits par les HPV intervient chez les hommes (oropharynx, anus, pénis), soit environ 1 750 cas par an.

2. Un vaccin pour protéger davantage de femmes

Le papillomavirus se transmet lors des rapports sexuels. Chez la femme, deux types de ce virus (HPV 16 et 18) sont responsables de 70 % des cancers du col de l’utérus. Ce sont ces deux formes agressives que vise le vaccin, Gardasil ou Cervarix.

Vacciner les garçons permettra une meilleure prévention de ce cancer chez les femmes. Pour le moment, celle-ci consiste en un vaccin non obligatoire et en un dépistage par des frottis tous les trois ans entre 25 et 65 ans. Et on recense encore 3 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus et 1 100 décès liés par an en France.

3. Pour rattraper le retard de la France dans sa couverture vaccinale

La couverture vaccinale contre le HPV en France est actuellement l’une des plus faibles d’Europe : 23 % de la population alors que l’objectif fixé par le Plan cancer est de 60 %. « Ce taux permettrait de commencer à protéger une partie de la population contre les cancers liés au papillomavirus. En atteignant cet objectif, on éviterait entre 75 et 100 % des infections HPV chez les filles, et 60 à 100 % chez les garçons », précise le Pr Carcopino. Pour la Société française de colposcopie, « étendre ce vaccin à tout le monde, filles comme garçons, pourrait déstigmatiser la pratique » et permettre de rattraper le retard français en la matière.

  • Crédit photo : Getty Images
Auteur article
Pauline Hervé

journaliste spécialisée dans les sujets relatifs à la santé (prévention, innovation et recherche, soins...)

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