Papillomavirus : quand, comment et pourquoi se faire vacciner ?

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Par Damienne Gallion

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Appelés aussi HPV, ces virus causent chaque année près de 6 400 cancers. La Haute Autorité de santé recommande la vaccination pour les filles et les garçons âgés de 11 à 14 ans révolus. Celle-ci permet d’éviter jusqu’à 90 % des infections graves. En cet automne 2023, une opération de vaccination gratuite est lancée dans près de 7 000 collèges en France.

Première caractéristique des papillomavirus humains, ils sont très contagieux. Huit personnes sur 10 y seront exposées au cours de leur vie. Les HPV se transmettent par simple contact au niveau des parties génitales, le plus souvent lors de rapports sexuels, et sont la première cause d’infection sexuellement transmissible. L’usage du préservatif ne permet pas de s’en protéger.

Il existe près de 200 types de virus HPV. La plupart donnent lieu à des infections bénignes, qui passent souvent inaperçues et disparaissent d’elles-mêmes. Mais certains peuvent causer des lésions pré-cancéreuses et des cancers (6 400 nouveaux cas de cancers chaque année en France), tandis que d’autres sont responsables de verrues génitales, appelées aussi condylomes (100 000 nouveaux cas, répartis à égalité entre hommes et femmes).

La majorité des cas de cancers liés aux HPV « concernent le col de l’utérus (44 %), de l’anus (24 %) et l’oropharynx* (22 %) », indique l’Institut national du cancer. Ils peuvent toucher aussi, mais de façon plus marginale, le vagin, la vulve et le pénis. « Si les cancers concernent en majorité les femmes, un quart touche les hommes », précise le même Institut.

Se faire vacciner avant le début de la vie sexuelle

La vaccination contre les papillomavirus doit être réalisée avant l’exposition à l’infection, sur les enfants de 11 à 14 ans, autrement dit avant le début de la vie sexuelle. « Plus le vaccin intervient tôt dans cette tranche d’âge, plus il est efficace et permet d’éliminer jusqu’à 90 % les risques d’infection liées aux HPV », souligne le Dr Xavier Carcopino, chirurgien gynécologue spécialisé en cancérologie et président de la Société Française de Colposcopie et de Pathologie Cervico-Vaginale.

Deux vaccins sont utilisables :

  • le Gardasil 9, recommandé par le Haut conseil de la santé publique pour toute nouvelle vaccination
  • le Cervarix

Les vaccins ne sont pas interchangeables et toute vaccination initiée avec l'un d'eux doit être achevée avec le même vaccin. Le coût du vaccin est compris entre 95 et 116 euros. Il est remboursé à 65 % par l’Assurance maladie, la part restante étant prise en charge le cas échéant par la mutuelle.

En France, la vaccination est recommandée depuis 2007 pour les filles, et depuis 2019 pour les garçons. Fin 2022, 48 % des filles et 13 % des garçons de 15 ans étaient vaccinés, contre 80 % en Australie, qui a lancé sa campagne de vaccination en 2007 pour les filles et en 2013 pour les garçons. La campagne de vaccination gratuite lancée en cet automne 2023 dans les collèges devrait permettre à l’Hexagone de combler une partie de son retard. Objectif affiché, un taux de couverture de 80 % pour les 11-14 ans à l’horizon 2030.

Pour cela, « il sera logique de renouveler cette campagne tous les ans dans les collèges », insiste le Dr Judith Mueller, chercheuse au sein de l’unité Epidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur. Depuis 2019, elle participe au projet « PrevHPV » qui a pour but d’identifier les solutions en faveur d’une meilleure couverture par le vaccin contre les papillomavirus. « Les adolescents ne vont pas souvent chez le médecin généraliste, constate-t-elle. Selon l’expérience à l’international, seule la promotion et notamment l’administration du vaccin à l’école permettront de toucher tout le monde et de surmonter les inégalités sociales qui peuvent intervenir dans le cadre de cette vaccination ».

Campagne de vaccination au collège : ce qu’il faut savoir

Lancée en octobre 2023, la campagne de vaccination gratuite au collège concerne 800 000 élèves de 5e dans près de 7 000 établissements publics et dans les collèges privés sous contrat volontaires. Cette opération est organisée par le ministère de la Santé et de la Prévention et par le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse, en lien avec les Agences Régionales de Santé (ARS). La vaccination est assurée par des équipes mobiles.

Un kit de communication a normalement été remis aux parents via leurs enfants dès la rentrée. Trois points sont importants à rappeler.

  • Comme il s’agit d’une vaccination recommandée mais non obligatoire, l’accord des deux parents est nécessaire.
  • L’adolescent doit présenter son carnet de santé lors de la vaccination
  • La première dose sera proposée au dernier trimestre de l’année 2023. Une seconde dose interviendra donc au plus tard en juin 2024.

Vaccinations de rattrapage : les modalités

Si l’on ne s’est pas fait vacciner entre 11 et 14 ans, une vaccination de rattrapage est possible :

  • pour les filles et garçons âgés de 15 à 19 ans révolus, avec 3 injections nécessaires (contre 2 injections pour la tranche 11-14 ans)
  • pour les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes, jusqu’à 26 ans révolus, avec 3 injections.

Près de 90 % des infections graves évitées

Concernant l’efficacité du vaccin, administré à plus de 300 millions de doses sur les 15 dernières années dans près de 80 pays, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Plusieurs études internationales ont montré qu’il prévenait jusqu'à 90 % des infections HPV à l'origine de cancers et de verrues génitales. « Ces dernières sont contagieuses, désagréables, et il est compliqué de s’en débarrasser. L’effondrement de leur incidence a été la première preuve de l’efficacité spectaculaire du vaccin, indique le Dr Carcopino. Concernant les lésions pré-cancéreuses du col de l’utérus, on dénombre 30 000 nouveaux cas en France. Elles touchent principalement des femmes jeunes. Ce vaccin éradique jusqu’à 90 % le risque d’avoir de telles lésions si le vaccin est administré avant 14 ans. Ses bénéfices ne sont donc pas discutables. » L’innocuité du vaccin a également été établie par de nombreuses enquêtes de pharmaco-vigilance.

Cancer du col de l’utérus : le dépistage reste essentiel

Bien que très efficace, la vaccination contre les HPV n’élimine pas totalement le risque de développer un cancer lié à ces virus. C’est la raison pour laquelle il est essentiel, même pour les femmes vaccinées, d’effectuer des dépistages du cancer du col de l’utérus, à intervalles réguliers, et ce dès l’âge de 25 ans.

Pour les autres formes de cancers liés aux HPV (anus, oropharynx, pénis, vulve, vagin) les dépistages ne sont pas réalisables. Les cancers ORL par exemple ne donnent pas lieu à des lésions. Seules pour certaines populations, et pour certains cancers seulement, des surveillances médicales sont possibles. Le vaccin s’impose donc comme la seule prévention efficace.

* gorge, amygdales et base de la langue

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