Régimes « sans » : mode ou nécessité ?

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Trop de gras, trop de sel, trop de sucre et voilà maintenant qu’il faudrait exclure de notre alimentation le gluten, le lactose, la viande, les produits laitiers… Nouvelles lubies ou réels progrès pour une meilleure santé ?

Principale alimentation

Questions à Jean-Louis Lambert, sociologue de l’alimentation

D’où vient cette mode du « sans » ?

Portrait de Jean-Louis LambertEn Occident, grâce au développement économique, nous ne sommes plus dans le souci de survie, donc on s’inquiète des effets sanitaires de l’alimentation. Mais, faute de pouvoir comprendre les données scientifiques, la plupart d’entre nous sommes dans une approche à court terme, c’est-à-dire préoccupés de ce qui nous rend malade après ingestion.

Que traduit-elle ?

Il y a trois tendances distinctes. Le « sans matières grasses », « sans sucre ajouté » renvoie à un mélange de préoccupations diététiques (risques de diabète par le surpoids ou obésité) et surtout esthétiques (pour « garder la ligne »).

Les régimes « sans gluten », « sans lactose », « sans OGM », ont en commun une tentative d’éviction des dangers sanitaires de l’alimentation. Face à l’évocation d’un risque, on préfère ne pas en prendre du tout, sans tenir compte du degré de dangerosité.

La tendance Vegan plus récente et limitée aux populations les plus aisées dans les pays occidentaux, correspond à une nouvelle représentation du monde animal, basée sur le lien que nous avons avec nos animaux de compagnie. Si je les considère comme l’égal de la race humaine, alors j’ai envers tous les animaux les mêmes devoirs qu’envers les humains. À cela s’ajoutent des préoccupations environnementales grandissantes et des relents religieux sous-jacents avec la notion de pureté et d’impureté – le végétal est pur, l’animal impur.

 

En voit-on déjà les conséquences ?

L’alimentation a toujours été anxiogène et cela va continuer. Avec les évolutions des systèmes de production et distribution mondialisés intégrant de plus en plus d’innovation, les mangeurs ne savent plus comment les aliments ont été faits, par qui, d’où ils viennent et cela accroît les inquiétudes. Or on sait que lorsque les individus n’ont pas de pouvoir ni de contrôle sur les objets et sur leurs comportements, ils n’en acceptent pas les risques. Cela aboutit alors à un refus de produits qui sont supposés dangereux. Cette tendance va s’amplifier.

  • Isabelle Blin
  • Crédit photo : Flyfloor / istock

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