Associée par erreur pendant des décennies à l’alcoolisme, la rosacée a fait subir aux patients qui en souffrent un certain nombre de préjugés. C’est pourtant une maladie dermatologique d’origine génétique, qui n’a rien à voir avec des problèmes de comportement ou d’addiction.
« La rosacée est une perturbation fonctionnelle des glandes sébacées du visage avec un mécanisme inflammatoire, qui comprend plusieurs phases. Elle se manifeste dans les phases 1 et 2 par des érythèmes (rougeurs), accompagnés de sensations de chaleur, et parfois de la couperose (capillaires dilatés) », explique le docteur Marc Perrussel, vice-président du Syndicat des dermatologues et vénérologues (SNDV). « On parle de phases 3 et 4 quand des lésions ressemblant à de l’acné apparaissent, ou encore un phénomène de rhinophyma, très inesthétique, autrefois appelé “gros nez”. »
Enfin, la maladie peut devenir grave lorsqu’elle touche les yeux. « Elle s’accompagne alors souvent d’inflammations sous forme de boules (chalazions) et peut provoquer des conjonctivites, voire des kératites sévères. » Ces phases sont indépendantes les unes des autres. « Les patients peuvent rester toute leur vie avec une rosacée très légère, comme être directement touchés au niveau des yeux. C’est imprévisible. D’où l’importance de voir un dermatologue rapidement quand on pense être en présence de ces symptômes. »
La rosacée touche toujours la zone T du visage. Elle peut apparaître après l’adolescence mais connaît un pic de fréquence autour de 40 ans. Elle touche environ 2 % de la population et tous les types de peaux, bien qu’elle soit plus visible sur les teints clairs. « Elle évolue par poussées. Lorsqu’il y a des boutons, il faut bien les différencier de ceux de l’acné, car le traitement est très différent. » Si la rosacée est légère, le dermatologue prescrit une crème antibiotique. Si elle est plus sévère, le patient sera mis sous traitement antibiotique par voie orale.
« Les personnes qui souffrent de couperose ou de rhinophyma peuvent être efficacement traitées par laser », détaille le Dr Perrussel. « Malheureusement, il n’est pas pris en charge par l’Assurance Maladie. Le laser est pourtant indispensable dans ces cas-là. Les résultats peuvent être remarquables et changer de manière importante la qualité de vie des patients. »
Contrairement à d’autres pathologies dermatologiques, les poussées de rosacée ne sont pas dues spécifiquement à un ou plusieurs facteurs précis. « Il n’y a pas de facteur déclenchant. Néanmoins, la prise de café ou de thé, une douche très chaude ou une exposition au soleil peuvent agir de manière néfaste sur les vaisseaux du visage. »
Quant à la consommation d’alcool, si elle aggrave le phénomène, elle n’est pas à l’origine de la maladie. « On a mis la rosacée sur le dos de l’alcool ou d’autres raisons car on ne connaissait pas la cause de la maladie. Or, c’est faux. La rosacée est une maladie qui peut être très mal vécue car elle est parfois inesthétique. Il faut donc absolument déculpabiliser les patients. »
Les peaux souffrant de rosacée doivent en outre être bien hydratées au quotidien, avec des produits cosmétiques adaptés aux peaux sensibles et réactives afin de ne pas décaper l’épiderme. « Ces crèmes hydratantes non grasses permettent d’apporter du confort, mais il faut éviter de les mettre en même temps que le traitement. On peut par exemple appliquer sa crème hydratante le matin et la crème thérapeutique le soir. »
Enfin, il ne faut jamais appliquer de cortisone sur une peau souffrant de rosacée. « Certaines personnes en mettent car leur peau est rouge. Or, la cortisone est une source de complications et aggrave la rosacée. Elle est à éviter absolument. »
Le port du masque, désormais obligatoire dans de très nombreuses situations, a tendance à intensifier certaines pathologies dermatologiques du visage. Dont la rosacée. « Le masque provoque en effet un obstacle à l’évacuation des germes », confirme le Dr Perrussel. « Il va irriter les pathologies déjà existantes. Mais attention, la rosacée n’est absolument pas une contre-indication au port du masque. Les patients doivent aller voir leur dermatologue, qui adaptera leur traitement. »
Très intéressant et clair.