Verrues plantaires : comment les soigner ?

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Par Peggy Cardin-Changizi

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Présentes notamment dans les milieux humides comme les piscines, les verrues sont de petites excroissances cutanées dues à un virus. Bénignes, elles s’avèrent néanmoins gênantes, douloureuses et contagieuses. Plusieurs traitements existent comme des produits verrucides ou la cryothérapie.

Disgracieuses, contagieuses et parfois douloureuses, les verrues ont bien souvent mauvaise presse. En France, on estime qu’environ une personne sur quatre a eu, ou aura, des verrues au cours de sa vie (source Ameli). Les enfants de 5 à 15 ans sont les plus touchés (20 à 30 % d'entre eux auront des verrues plantaires). Pourtant, ces petites lésions cutanées sont bénignes et des gestes simples, comme bien se sécher les pieds ou ne pas marcher pieds nus, permettent d’éviter leur propagation.

Une cause virale

« Les verrues sont causées par un papillomavirus humain (HPV), qui infecte la couche supérieure de la peau lésée par des micros-plaies (ampoules, coupures…) et provoque une croissance anormale des cellules cutanées, explique le Docteur Johan Chanal, dermatologue à l’hôpital Cochin-Port Royal à Paris. Ce virus bénin mais contagieux peut se transmettre de plusieurs manières : par contact direct avec la peau d'une personne infectée par le virus, via une surface contaminée par le virus comme un sol de douche ou par des objets contaminés par le virus, comme des chaussures ». Elles peuvent également se propager d'une partie du corps à une autre chez la même personne, c'est-à-dire lorsque la personne touche une verrue et ensuite une autre partie de son corps - les mains par exemple - avec une peau lésée ou abîmée.

Des verrues plantaires uniques ou en mosaïque

Les verrues plantaires peuvent prendre différentes formes et tailles, en fonction de leur type. « Toutefois, de manière générale, elles ont l'apparence d'excroissances rugueuses de couleur claire ou grisâtre, généralement localisées sur la corne et les orteils », poursuit le médecin.
On distingue deux types de verrues. « D’un côté, la verrue unique (myrmécie) qui se caractérise par une lésion arrondie, correspondant à un épaississement délimité de l'épiderme, et des points noirs dedans. De l’autre, les verrues en mosaïque, qui forment un ensemble de verrues plus superficielles ». Ces dernières peuvent également être plus douloureuses en raison de la pression exercée sur la plante du pied lors de la marche ou de la course.

Un traitement à domicile sur ordonnance

Les verrues peuvent disparaître d'elles-mêmes, sans délai précis (entre quelques mois jusqu’à 2 ans), mais elles peuvent également nécessiter un traitement médical si elles sont douloureuses. « Le médecin traitant confirmera le diagnostic et prescrira un verrucide (produit, non remboursable, qui détruit la verrue), à appliquer contenant de l'acide salicylique (de l’aspirine en fait) qui va aider à ramollir la verrue et à dissoudre les cellules infectées, confirme le Dr Chanal. Le patient devra donc traiter lui-même sa verrue en faisant attention à ne pas brûler des tissus sains ».
Pour cela, il appliquera préalablement un vernis protecteur tout autour de la verrue. Après l’application du produit, un pansement sera posé sur la zone pendant plusieurs jours. Ensuite, à l’aide d’une pierre ponce ou d’une lime, le patient enlèvera les cellules mortes de la verrue. « Le traitement à l'acide salicylique doit être répété plusieurs fois jusqu'à ce que la verrue soit complètement éliminée ». La durée, allant d’une semaine à plusieurs semaines, est très variable d’un patient à l’autre.

Un soin instrumental chez le pédicure-podologue

Véritable spécialiste du pied, le pédicure-podologue est souvent consulté en cas de verrue. « Pour les verrues uniques (myrmécies), il faut tout d’abord retirer l’épaisseur de couche cornée qui recouvre la verrue à l’aide d’un bistouri (geste indolore), explique Cécile Cazalet-Raskin, pédicure-podologue. Ensuite nous appliquons localement un produit à usage professionnel comportant notamment de l’acide glycolique qui va détruire les tissus infectés par le virus et favoriser le renouvellement cellulaire. Puis, nous recouvrons d’un pansement occlusif mis en place pour 48 à 72 heures ». L’opération sera à renouveler (environ 3 à 4 fois maximum) jusqu’à ce que la verrue soit totalement partie.
« Une visite de contrôle s’impose toujours pour retirer les tissus atteints par le produit, pour renouveler l’opération ou constater la disparition de la verrue ». Les verrues en mosaïque sont plus résistantes et plus récidivantes. « Le même traitement se fait en plusieurs étapes si elles sont très étendues (plusieurs centimètres) afin d’éviter une douleur trop importante ». A noter que les soins chez le pédicure-podologue ne sont pas remboursés par la Sécurité Sociale (certains contrats de mutuelles prévoient une prise en charge). Les honoraires sont libres et peuvent varier entre 30 et 60 euros.

Geler la verrue avec la cryothérapie

Le traitement à l'azote liquide, également connu sous le nom de cryothérapie, est une méthode courante (et souvent douloureuse) pour éliminer les verrues plantaires. « Cette technique, réalisée en cabinet par un dermatologue, consiste à geler la verrue à l'aide d'azote liquide. Cela provoque la mort des cellules infectées et permet de réduire la taille de la verrue, détaille le Dr Chanal. Le froid extrême provoque une sensation de brûlure pendant quelques secondes.
Après le traitement, la verrue peut devenir rouge et enflée. Elle peut également former une cloque ou une croûte. Il est important de ne pas percer ou arracher la croûte, car cela peut provoquer une infection. La verrue commencera à se décoller de la peau dans les jours suivant le traitement. Le nombre de traitements nécessaires peut varier en fonction de la taille et de la profondeur de la verrue ». Tout comme le risque de récidive. On l’estime globalement à plus de 30 % après traitement, quel que soit le type de verrue

Les enfants plus touchés que les adultes

Les enfants, notamment entre 4 et 12 ans, sont plus sujets aux verrues, plus particulièrement aux verrues uniques (myrmécies), que les adultes. « Cela est dû au fait que leur système immunitaire est encore en développement et qu'ils ont une peau plus fine et plus sensible », souligne le Dr Johan Chanal, dermatologue à l’hôpital Cochin-Port Royal à Paris.
Les enfants sont également plus susceptibles d'être en contact avec des surfaces contaminées dans les environnements de collectivité tels que les écoles, les garderies, les piscines et les terrains de jeux, où les verrues peuvent se propager facilement. « On traite les enfants soit en cabinet avec un produit professionnel à base d’acide glycolique, soit en leur prescrivant un produit composé d’acide salicylique et lactique que les parents vont appliquer tous les soirs », complète Cécile Cazalet-Raskin, pédicure-podologue. « Ce dernier traitement est plus long et plus contraignant ». Chez les enfants, les traitements avec application locale de produits sont généralement bien moins douloureux que la cryothérapie, voire pas douloureux du tout.
Pour limiter le risque de contamination à la piscine, il est conseillé d’éviter de marcher pieds nus dans les zones communes de la piscine ou de la douche, de porter des chaussures de bain ou des sandales en caoutchouc et de sécher soigneusement ses pieds, l'humidité fragilisant l’épiderme qui, lésé plus facilement, deviendra une porte d’entrée au virus HPV.

Par Peggy Cardin-Changizi

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