Hugues Sibille : L’économie collaborative comprend non seulement la consommation collaborative (partage et échange de biens ou de services) mais aussi le pair-à-pair (production de biens communs, comme Wikipédia ou Linux), les modes de vie collaboratifs (coworking par exemple), le financement participatif (crowdfunding)… Toutefois, être un acteur de cette économie collaborative ne dit rien de la nature juridique de la structure qu’il y a derrière. Il peut tout à fait s’agir d’entreprises capitalistes classiques, comme Uber, Airbnb ou encore Blablacar. Celles-ci sont à but lucratif, leur objectif est bien de tirer profit de leur activité commerciale. C’est une logique tout à fait respectable, je ne la critique pas. Simplement, elle est différente de celle qui anime l’économie sociale et solidaire. Les entreprises de l’ESS (coopératives, mutuelles, associations, fondations et entreprises sociales) partagent des règles de fonctionnement et des valeurs qui reposent sur la solidarité, la démocratie et l’utilité sociale. Il est donc essentiel de ne pas les confondre.
H.S. : C’est vrai. L’économie collaborative est une mutation considérable qui est en train de révolutionner de nombreuses sphères : la finance, la consommation, l’alimentation… Elle repose beaucoup sur de jeunes créateurs d’entreprises, sur des start-up, qui fourmillent d’idées. L’économie sociale et solidaire doit être au contact de cette économie émergente pour que ces nouveaux acteurs choisissent plutôt l’utilité sociale que le seul enrichissement, et rejoignent ainsi l’ESS.
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H.S. : Elle doit en effet y entrer de plain-pied, notamment pour défendre une diversité économique et donner plus de choix aux consommateurs, aux citoyens. Un choix vers plus de solidarité, qui privilégie l’humain, doit lui aussi exister. On peut tout à fait concilier le meilleur de ces deux mondes : collaboratif et économie sociale et solidaire. D’ailleurs, l’économie collaborative est issue de mouvances citoyennes dont les racines sont communes à l’ESS. Circuits courts, finance participative citoyenne, savoir partagé, ou encore le troc, existaient déjà avant l’invention d’internet.
* Le Labo de l’ESS est un think tank dédié à l’économie sociale et solidaire.