Face à l’urgence climatique, 278 entreprises, rassemblées par Nicolas Reboud, co-fondateur de Shine (une banque en ligne destinée aux professionnels) signent le Climate act. Lancée le 21 avril 2021, l’initiative pousse les signataires à :
Une tribune qui a aussi pour but d’interpeller les politiques afin que ces mesures deviennent obligatoires pour toutes les entreprises. Car peu contraignante, la réglementation n’oblige pour l’instant pas les entreprises de moins de 500 salariés (soit plus de 95 % des entreprises françaises) à évaluer leurs émissions de gaz à effet de serre.
Le constat sonne comme un impératif : mesurer son impact est un préalable essentiel avant de se lancer dans des mesures de réduction. « C’est la clé de la stratégie que nous avons mise en place pour avoir une croissance vertueuse », explique Sandrine Conseiller, directrice générale d’Aigle (entreprise textile) et signataire du Climate act. Un processus simple, abordable* et indispensable à toute transition écologique.
Mesurer ses émissions polluantes permet ainsi de définir les bonnes actions à mener plus tard pour les réduire. C’est aussi la possibilité de dire aux clients que bien que le prix ne soit pas le même : « Entre acheter une paire de bottes en plastique fabriquée en Chine ou une paire de bottes en caoutchouc naturel fabriquée en France, votre impact carbone va être divisé par deux », assure Sandrine Conseiller. Connaître et communiquer sur son bilan donne ainsi la possibilité aux consommateurs de faire des choix plus éclairés.
Alors, comment calculer son bilan carbone ? « Difficile de trouver l’information », selon la directrice d’Aigle. Une seule solution d’après Nicolas Reboud : faire appel à des prestataires. Une liste est d’ailleurs dressée sur le site du Climate act.
Toutes sont des entreprises qualifiées et spécialisées puisque « mesurer son empreinte carbone, c’est un métier à part entière, réalisé par des ingénieurs qui appliquent une méthodologie spécifique », explique le co-fondateur de Shine.
La réalisation d’un bilan carbone complet prend en compte les émissions directes dites scopes 1 et 2 mais surtout, les émissions indirectes dites scope 3. « C’est là que se cache 80 à 90 % de l’impact », assure Nicolas Reboud. Autrement dit, le transport des marchandises, les déplacements ou les repas professionnels, la gestion des déchets… Des émissions qui ne sont d’ailleurs toujours pas comptabilisées lors des bilans carbone (obligatoires) réalisés par les entreprises de plus de 500 salariés.
Plus facile pour les entreprises d’agir sur les postes les plus polluants une fois leur bilan entre les mains. Aigle s’est ainsi rendu compte que sa principale source de pollution était le polyester. « A partir de ce constat, on a fait en sorte d’utiliser du polyester recyclé. Désormais, plus de la moitié de la collection est éco-conçue et on a diminué notre empreinte carbone de 40 %. »
Et, au-delà de préférer le train ou le bateau à l’avion, d’envoyer moins d’e-mail ou d’opter pour du matériel de seconde main, il peut être aussi très important d’impliquer les salariés. « Toutes nos nouvelles recrues sont sensibilisées à ces sujets via l’association la Fresque du climat**. On les encourage aussi à réaliser leur propre bilan carbone via un petit guide que nous avons réalisé », explique Nicolas Reboud.
Quand on sait qu’un Français émet en moyenne 12 tonnes de CO2 par an, et que son alimentation y est pour beaucoup (19 %), « on a proposé de supprimer la viande lors des séminaires ou dans les cantines », affirme Sandrine Conseiller.
Des solutions multiples qu’il faudrait appliquer de toute urgence selon la tribune du Climate act puisqu’« il est de notre responsabilité, en tant qu’entrepreneurs et dirigeants, d’agir dès aujourd’hui pour endiguer le réchauffement climatique ».
* Le prix dépend de la taille de l’entreprise et de son activité : à titre indicatif, Shine a réalisé son bilan pour 5 000 – 10 000€.
** La Fresque du climat est une association (2018) dont l’objectif est de sensibiliser le public au changement climatique.