« Il ne faut pas confondre un petit conflit de cour d’école avec un harcèlement caractérisé, qui suppose une situation d’emprise, remarque Nicole Catheline, pédopsychiatre*. Néanmoins, toute violence rapportée doit être prise en compte, car elle peut ouvrir la voie à un futur harcèlement. En outre, la manière dont les parents vont gérer la situation est déterminante. Si votre enfant constate que le sujet vous effraie, il ne dira plus rien. Si vous restez serein et échangez avec lui sur les solutions possibles, il sera rassuré quant à votre capacité à l’aider. »
* Auteure de Le harcèlement scolaire (Puf) et Souffrances à l’école (Albin Michel).
Depuis 2013, il existe un protocole de traitement des situations de harcèlement dans les établissements scolaires. Aussi, le directeur ou le conseiller principal d’éducation (CPE) sont censés prêter une oreille attentive. Si ce n’est pas le cas (ou si la réponse apportée est inadaptée), alertez le référent « harcèlement » du département ou de l’académie. « Ce sont des personnels formés à cette prise en charge, qui peuvent intervenir au sein de l’établissement », indique Jean-Pierre Bellon, professeur de philosophie et conférencier*.
À noter : il est fortement déconseillé d’intervenir soi-même auprès du harceleur ou de ses parents, cela risquant d’aggraver le problème.
* Coauteur de Harcèlement scolaire : le vaincre, c’est possible (ESF) et fondateur avec Bertrand Gardette du site harcelement-entre-eleves.com
« Un enfant harcelé a besoin d’être réconforté, entouré, indique Catherine Verdier, psychothérapeute*. Il faut veiller à ce qu’il ait des points d’ancrage à l’extérieur de l’école, au travers d’activités extrascolaires ou dans ses relations intrafamiliales. L’idée est de lui montrer que le harcèlement n’a pas envahi toutes les sphères de sa vie. »
Une consultation chez un psychologue l’aidera également à mettre des mots sur ce qu’il a traversé et à évaluer les possibles séquelles.
* Auteure de #j’aime les autres (Le Rocher) et vice-présidente de l’association Marion La Main Tendue, www.marionlamaintendue.com
Emmanuelle Piquet*, psychopraticienne et fondatrice des centres Chagrin Scolaire, propose une méthode inédite pour aider les victimes à répliquer.
« Notre objectif est de mettre au point une stratégie qui va renforcer l’enfant vulnérable et, si possible, enrayer le cercle vicieux du harcèlement. Cela consiste d’abord à faire semblant d’accepter la moquerie afin de désarçonner l’agresseur (le harceleur se nourrissant de la peine qu’il cause chez sa victime). Ensuite, on peut décocher une « flèche verbale » de nature à discréditer la posture du harceleur en lui renvoyant une réplique suffisamment inconfortable pour le faire hésiter à poursuivre son harcèlement… Exemple : un enfant qui se fait traiter par un autre de « bouffon », qui lui réplique « c’est toi le bouffon, tu es obligé de me parler pour avoir une vie sociale…».
Cela passe par des jeux de rôles durant lesquels on questionne l’enfant (qu’as-tu envie de dire ? Et, s’il dit cela, que pourrais-tu répondre ?…), de manière à envisager tous les scénarios pour qu’il se sente le plus en confiance possible.»
* Auteure de Le Harcèlement scolaire en 100 questions (Tallandier) et Te laisse pas faire ! (Payot).