Théo Curin et Thomas Voeckler roulent pour le « vélotaf »

Quatre Français sur dix affirment ne pas se sentir en sécurité lorsqu'ils roulent à vélo, selon une enquête Ipsos sur le partage de la route. Julie en fait partie. Cette salariée nantaise d'Harmonie Mutuelle n'a pourtant que quatre kilomètres à parcourir de chez elle à son bureau mais elle ne se sent pas à l'aise, à vélo, dans le trafic urbain. Pour la cinquième saison de la websérie « Tous Héros », Théo Curin la met au défi de se lancer, en très bonne compagnie, puisque Thomas Voeckler était l'invité de cet épisode, tourné début avril dans la cité des Ducs de Bretagne.
Le rendez-vous est pris, un matin ensoleillé et frais, en bas de l'immeuble de Julie. Quand le nageur de l'extrême aux multiples facettes Théo Curin, sonne à votre porte, ça n'est définitivement pas un jour comme les autres. Mais quand, de surcroît, il est accompagné d'un ancien maillot jaune, sélectionneur de l’équipe de France de cyclisme et responsable de la sécurité routière sur le Tour de France, cela a de quoi rassurer sur l'aventure du « vélotaf » (ce terme familier désigne le fait d'effectuer les trajets domicile travail à bicyclette).

31% de trajet à vélo en plus depuis 2019

La pratique du vélo a énormément progressé en France, ces dernières années, surtout depuis la crise sanitaire. Le réseau Vélos et territoire, qui a installé plus de mille compteurs à vélos dans les rues de différentes communes de France, détaille un bond de 31 % entre 2019 et 2022 (et 8 % rien qu'entre entre 2021 et 2022). Le réseau souligne en particulier une croissance du vélo en ville (+10 %), due notamment au retour au travail en présentiel. Mais les zones rurales restent très peu concernées. Une différence que Thomas Voeckler ne manque pas de préciser à Julie pour la rassurer : « La grande majorité des accidents qui impliquent des personnes à vélo se produisent dans les zones rurales où il y a peu d’aménagements pour la pratique du vélo et parce que les voitures roulent plus vite. Donc en vivant en ville, tu marques un point en termes de sécurité. » Si c'est un maillot jaune qui le dit et de surcroît parrain de l’association « la route se partage »… !

Casque, éclairage et chasuble

Pas question pour autant d'enfourcher la bécane sans les accessoires essentiels à la sécurité de tout cycliste : un casque (obligatoire jusqu'à 12 ans, mais nécessaire pour tous, selon Thomas Voeckler), un éclairage de vélo fonctionnel et une chasuble fluo à enfiler avant de se lancer. Julie a même droit à quelques conseils « textiles », qui ne sont pas négligeables en cette matinée rafraîchie par le vent d'est : éviter les vêtements trop épais qui entravent les mouvements et porter, de préférence, des couches successives, à retirer selon l'effort ou la température !
Une fois équipés, les deux cyclistes sont prêts à s'élancer. Théo Curin, victime d'un problème technique sur son propre vélo, ne pourra finalement pas les accompagnera mais les retrouvera à l’arrivée au siège nantais d'Harmonie Mutuelle pour recueillir leurs impressions.

« Réapprendre à rouler en ville »

Le trajet est l'occasion d'une petite révision des basiques du Code de la Route pour cyclistes : savoir reconnaître les panneaux indiquant les pistes cyclables (obligatoires ou optionnelles) ainsi que les panneaux spécifiques, comme celui qui permet aux cyclistes de passer ou de tourner quand le feu est rouge pour les voitures. Il ne s’agit pas d’un privilège pour la petite reine mais d’une façon d'éviter les « embouteillages de vélos au démarrage lorsque le feu passe au vert », précise Thomas Voeckler.
Les pistes cyclables s'enchaînent sur le trajet quotidien de Julie. Pour Théo Curin qui les suit en voiture, c’est une « agréable découverte » et se dit « impressionné par le nombre de cyclistes ». Impossible, cependant, d'échapper à une des difficultés du vélo en ville : aborder correctement un rond-point. Thomas Voeckler prendra le temps d'expliquer à Julie que, contrairement à ce que font beaucoup de cyclistes, il ne faut pas rester sur l'extérieur du rond-point mais bien s'engager au centre, comme les voitures.
À l'arrivée, Julie est tout sourire et semble conquise. C'est promis : elle recommence demain, et cette fois elle sera seule ! De quoi venir grossir les rangs encore trop maigres des Français qui font leur trajet quotidien à vélo. En effet, la bicyclette ne représente encore que 3,5 % de ces déplacements. Thomas Voeckler, qui utilise lui-même le vélo comme moyen de transport « pour emmener ses enfants à l'école », par exemple, le souligne. « Aujourd'hui, nous n’avons pas le choix, face aux enjeux climatiques et ce, d’autant plus que la France accuse du retard par rapport à d'autres pays. Il faut continuer à démocratiser le vélo comme moyen de transport quotidien ». Et avant de se lancer, il conseille à tous de réapprendre à rouler en ville : « toujours anticiper, savoir partager la route, et bien prendre les ronds-points ».