Piscine, mer, rivière : comment se baigner en toute sécurité cet été

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Par Pauline Hervé

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© Sornranison Prakittrakoon

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Chaque année, plus de 1000 Français, dont la moitié d'enfants, sont victimes de noyades, très souvent mortelles. Des accidents qui peuvent être évités en suivant quelques conseils pour profiter de l'eau en sécurité, à tout âge.

« Vous tenez à eux, ne les quittez pas des yeux ! » : ce conseil, d'apparence simple est le slogan de la campagne de prévention de la noyade chez les enfants, lancée par les ministères de la santé et des sports en mai 2023. Un mot d'ordre qui pourrait éviter bien des accidents cet été. La campagne s’accompagne de témoignages poignants de mères qui ont perdu leur enfant noyé. Chaque année, en moyenne, plus de 1000 Français sont victimes de noyades (1400 en 2021). La moitié d'entre eux sont des enfants. Un peu plus d'un quart de ces noyades entrainent un décès, selon Santé publique France.
L'organisme menait depuis 2002, tous les trois ans pendant l’été, des enquêtes sur les circonstances des noyades. Désormais, un nouveau dispositif de surveillance, annuel cette fois, est mis en place. Objectif :  produire des indicateurs plus précis ? pour une prévention mieux adaptée.

La piscine familiale, menace numéro un pour les plus petits

La noyade est la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans, selon Santé Publique France. Chez les enfants de moins de 6 ans, les noyades arrivent majoritairement en piscine privée familiale, malgré la réglementation qui oblige à les sécuriser par une alarme, une barrière ou une couverture. Ces accidents sont principalement dus à un relâchement de surveillance de la part des adultes, mais sont- heureusement – très peu suivies de décès (6% des cas). Ce sont précisément ces noyades que la campagne gouvernementale vise à prévenir, en insistant sur la surveillance des adultes.
Les précisions d’Axel Lamotte, maître-nageur et directeur de la communication de la Fédération française des maîtres-nageurs sauveteurs : pour être optimale, cette surveillance doit être confiée « à un adulte, nommé responsable, qui reste dans l'eau, à distance maximale d'un bras des enfants. Ces précautions permettent d'éviter tout relâchement de quelques secondes, ou de croire à tort qu'un autre adulte surveille les enfants. C'est certes contraignant, mais c'est le prix d'une sécurité garantie à 99% pour les plus jeunes ».

Les seniors victimes de malaises

La deuxième catégorie de personnes la plus touchée par les noyades accidentelles est celle des plus de 65 ans (26% des noyades accidentelles en 2021, selon Santé Publique France). Celles-ci se produisent principalement en mer et aboutissent à un décès dans 41% des cas.
Chez les seniors, « la noyade est le plus souvent secondaire, elle se produit à la suite d'un malaise », explique Axel Lamotte. D'où l'importance de ne jamais nager seul, afin qu'une personne puisse donner l'alerte en cas d'incident, mais aussi de faire une évaluation médicale de sa santé physique, notamment cardiovasculaire, après 50 ans.
Le maître-nageur ajoute qu'il faut éviter de s'exposer longuement au soleil, de boire de l'alcool ou de consommer des stupéfiants avant de se jeter à l'eau. Le choc thermique qui en découle peut provoquer une hydrocution, qui est un malaise vagal. Dans tous les cas, il est conseillé de s'humidifier la nuque et le ventre avant d'entrer progressivement dans l'eau.
Quant à l'avertissement de nos grands-mères, « pas de baignade après manger », on peut l'oublier, car ce n'est pas déconseillé. « Sauf en cas de festin copieux ou arrosé », précise Axel Lamotte.

Savoir nager... et jamais seul

Quel que soit l'endroit où l'on se baigne, certaines précautions sont indispensables. On l'a vu, pour la sécurité des enfants, l'accompagnement d'un adulte est indispensable, même si l'enfant sait nager.

- Apprendre à nager aux enfants dès que possible, sans attendre l'apprentissage à l'école, est l'idéal. Pour cela, « l'enfant doit apprivoiser l'eau. On doit lui apprendre à nager avec tous les éléments possibles, bouée, gilet, planche, etc. et multiplier les situations afin qu'il maîtrise l'eau. Et, bien entendu, faire appel à un maître-nageur. Et tant que l'enfant ne sait pas nager, il doit y avoir un adulte dans l'eau avec lui », martèle Axel Lamotte.

- Perfectionner sa nage ou même apprendre à nager est possible à tout âge. Vous pouvez passer, auprès de maitres- nageurs, sauveteurs, le test « Sécu Nage » qui comporte plusieurs niveaux de maîtrise dans l'eau : savoir nager, se sauver soi-même et secourir les autres en cas de risque de noyade.

- Ne se baigner que dans une zone surveillée, dans les horaires de présence des sauveteurs, et respectez la couleur du drapeau.

- S'informer de la température de l'eau avant de s'y jeter.

- Ne jamais se baigner seul dans l'idéal, ou a minima, prévenir un proche que l'on va dans l'eau.

Mer, piscine, rivières : des précautions spécifiques

En mer, lieu de 47% des noyades, il est conseillé de nager parallèlement au rivage plutôt que vers le large. « Dans l’idéal, ne vous éloignez pas de plus de 10 mètres de la côte », ajoute Axel Lamotte. Si les enfants jouent avec un engin gonflable, restez toujours auprès d'eux : les courants ou le vent peuvent les emmener au large.
A la piscine, familiale ou publique (un quart des noyades), il convient d’équiper les enfants de flotteurs, brassards ou bouées s'ils ne sont pas nageurs et de rester avec eux. En dehors des moments de baignade, il est conseillé de ne pas laisser d'engin flottant dans la piscine au risque d'attirer les enfants.
En rivière ou sur un plan d'eau (un quart des noyades), il est recommandé de s’informer des possibles dangers en aval, ainsi que des possibilités d'y rejoindre la berge pour éviter tout épuisement. Ne nagez pas contre le courant et rentrez dans l'eau à un endroit où elle est peu profonde. Axel Lamotte conseille en outre de ne jamais se baigner dans un fleuve ou un canal :  la présence de bactéries dans l'eau peut entraîner la leptospirose, maladie grave et parfois mortelle.

Que faire si l'on est témoin d'une noyade ?

Si la personne est encore dans l'eau, la première chose à faire est d'appeler les secours : soit les sauveteurs présents sur place, soit par téléphone en composant le 18 ou 112 depuis un portable. Ne vous jetez pas à l'eau pour tenter de la secourir. En effet, à moins d'être formé au sauvetage, vous risquez de mettre votre vie également en danger. Si vous le pouvez, jetez-lui n'importe quel objet flottant pour la maintenir à la surface.
Une fois la personne sortie de l'eau, pratiquez, si vous les connaissez, les gestes de premier secours appliqués à la noyade : mettre la victime en position latérale de sécurité, faire un massage cardiaque ou du bouche-à bouche si nécessaire en attendant les secours. Vous pouvez vous demander une formation aux Gestes qui sauvent (GQS) auprès d'associations comme la Croix-Rouge ou la Protection civile.

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