Après les fêtes et ses excès, il peut être tentant d’envisager une petite pause. L’alcool est parfois considéré comme le produit de la convivialité et de l’échange, lorsqu’il est consommé de manière ponctuelle. Mais il est aussi responsable de nombreux problèmes de santé.
« En France, 42 000 morts par an sont directement liés à l’alcool », déclare le Pr Amine Benyamina, addictologue et président de la Fédération française d’addictologie. Un chiffre qui témoigne d’un véritable problème de santé publique.
L’alcool est à l’origine de nombreuses pathologies. « Parmi lesquelles des maladies cardiovasculaires, des cancers, mais aussi des troubles mentaux et psychiatriques, comme la dépression et les troubles anxieux », énumère le Pr Amine Benyamina. Et certains dommages sont irréversibles, comme la cirrhose.
Outre ces risques sur la santé, l’excès d’alcool est également dangereux d’un point de vue social. Il peut générer un comportement addictif, voire une situation de dépendance. « L’alcool a un effet d’isolement social, de baisse des performances professionnelles », poursuit l’addictologue. Il peut aussi entraîner des conflits familiaux. « La moitié des violences conjugales serait liée à la prise d’alcool », selon Amine Benyamina.
La consommation d’alcool est souvent perçue comme indispensable aux moments de plaisir et de convivialité. « Il y a une confusion entre le bonheur de partager des moments ensemble et la nécessité de boire de l’alcool », estime le Pr Benyamina. Selon lui, l’industrie de l’alcool entretient volontairement cette confusion. « Arrêter l’alcool, ce serait arrêter de vivre et de s’amuser. Or c’est faux. »
La pression sociale pousse ainsi à consommer des boissons alcoolisées de manière systématique et parfois sans plaisir. S’interroger sur ses habitudes permet donc de sortir de ce schéma.
Dans un premier temps, on peut éviter de fréquenter les endroits où l’on a l’habitude de boire. « Il faut s’extraire de l’ambiance, pour prendre du recul », conseille Amine Benyamina.
Il est également important d’impliquer son entourage. Prévenir ses proches que l’on souhaite réduire sa consommation d’alcool leur permet de se positionner en soutien et de ne plus proposer de boissons alcoolisées. « Il faut s’entourer, conseille le médecin. Par exemple, s’y mettre à plusieurs ou en couple permet de s’encourager et de garder la motivation ».
En cas de doute et de difficultés, il est aussi possible d’être aidé par des structures, comme Addict’Aide, ou Alcool Info Service. Ces plateformes proposent une écoute et des conseils, tout en préservant l’anonymat et la confidentialité.
« L’alcool disparaît de l’organisme assez rapidement, à raison de 0,1 g par heure », explique le Pr Benyamina. Plus on diminue la quantité d’alcool absorbée, plus les effets sur le corps sont bénéfiques : perte de poids, baisse de la tension artérielle, amélioration de la qualité du sommeil, gain d’énergie, plus belle peau. Des bienfaits qui entraînent une amélioration générale de l’état de santé et du moral. Sans oublier les économies financières.
Pour expérimenter ces effets bénéfiques, l’addictologue recommande de faire régulièrement des pauses sans alcool. Des périodes de « diète » qui peuvent aller de quelques jours à quelques semaines. « Cela permet de faire le point, de laisser son corps se reposer et respirer », analyse le médecin.
Selon le Pr Amine Benyamina, une consommation modérée se prépare à l’avance. « Et cela passe par des choses très simples. Avant un dîner, on peut se fixer un nombre de verres à ne pas dépasser par exemple ». Et après un excès, faire une pause et ne pas prolonger ce « dérapage » sur une longue période.
On peut se référer aux seuils établis par Santé publique France pour se fixer des limites :
« Ces seuils ne constituent pas une recommandation de consommation, prévient le Pr Benyamina. Mais ils représentent une limite à ne pas dépasser, pour diminuer les risques de développer des problèmes de santé ou une addiction. » Pour autant, maintenir sa consommation d’alcool sous ces repères n’annule pas tous les risques.