Victime d’un AVC, elle raconte comment elle a surmonté « cette fracture de vie »

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Patricia Guipponi

Temps de lecture estimé 4 minute(s)

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Isabelle Florentin est la présidente de l’antenne du Var de France AVC. Elle s’est engagée au sein de cette fédération nationale pour aider ceux qui traversent des épreuves qu’elle-même a endurées. © Getty Images

Isabelle Florentin est la présidente de l’antenne du Var de France AVC. Elle s’est engagée au sein de cette fédération nationale pour aider ceux qui traversent des épreuves qu’elle-même a endurées. En 2000, à 36 ans, elle est victime d’une attaque cérébrale massive.

Isabelle Florentin se souviendra toujours de cette journée de décembre 2000 où sa vie a basculé. Elle a 36 ans à l’époque et officie comme cheffe de cabine de long courrier. Alors qu’elle se trouve dans la chambre de ses filles, respectivement âgées de 4 et 5 ans, elle s’écroule sur le sol. « Par chance, j’étais chez moi et non pas en plein vol où j’aurais pu mourir faute de ne pas avoir été prise en charge à temps ».

Les pompiers sont appelés et l’emportent sur une civière devant les yeux des siens médusés. Isabelle a fait une attaque cérébrale massive. Elle était pourtant en bonne santé. « Quelques semaines plus tôt, j’ai eu l’impression de perdre la vision d’un œil alors que j’étais à bord. Je me suis assise et c’est passé ». Elle ignore qu’il s’agit d’un accident ischémique transitoire*, qui, si elle en avait connu les signes et avait consulté un médecin, aurait pu lui épargner un AVC.

Une rééducation quotidienne poursuivie des années après l’AVC

L’attaque cérébrale a immédiatement rendu Isabelle Florentin hémiplégique du côté gauche. On la conduit à l’hôpital de Toulon où une IRM confirme l’accident. Puis, elle est transportée à Marseille. Elle passe quinze jours en réanimation avant d’être hospitalisée en soins de suite et de réadaptation. Elle y reste trois mois durant lesquels elle parvient progressivement à délaisser son fauteuil roulant pour une canne tripode puis une canne simple. Elle a dû mal à parler, à articuler. Les bons soins d’un orthophoniste lui sont utiles. Un ergothérapeute l’épaule pour effectuer des tâches qui demandent de la dextérité comme faire ses lacets.

De retour à son domicile, la trentenaire poursuit la rééducation en hôpital de jour pendant deux ans. « Je faisais en sorte d’accompagner et d’aller chercher mes filles à l’école en taxi avant et après ces denses journées où se succédaient kiné, psychologue, orthophoniste et ergothérapeute », poursuit Isabelle, qui reconnaît que ces dernières ont été trop tôt responsabilisées : « Elles ont été formidables. Ma fille aînée était pour moi comme une petite maman. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui elle est infirmière ».

Son mariage, lui, ne survivra pas à l’après AVC. « Mon mari avait épousé une hôtesse de l’air, pas une personne handicapée ». Isabelle ne retrouvera pas non plus son métier qui la passionnait. « Cette période a été très dure. Un AVC chamboule la vie. C’est une fracture, trois petites lettres lourdes de conséquences ». Certains amis quittent aussi le navire. Ceux qui restent se comptent sur les doigts d’une main.

La fatigabilité est une réalité qui reste après l’AVC

Il y a deux ans encore, Isabelle Florentin suivait régulièrement de la rééducation dans un cabinet de ville. « J’ai arrêté car j’ai repris des études. Je ne pouvais pas tout concilier. Je vais voir le kiné seulement quand j’en ai besoin », raconte celle qui chute parfois car son côté gauche, toujours touché, lui joue des tours. Elle n’a pas récupéré la souplesse de son pied. Le muscle releveur fait défaut, ce qui ne facilite pas le mécanisme de la marche.

La fatigue s’est installée depuis l’AVC. « La fatigabilité est une réalité que les proches des patients victimes d’AVC doivent prendre en considération. On voudrait que ça aille plus vite mais le corps et la faculté de récupération ne sont plus comme avant ». Chaque chose en son temps, à son rythme.

Forte de son vécu, Isabelle Florentin s’est investie auprès de France AVC pour apporter son soutien et ses conseils aux victimes d’attaque cérébrale comme à leurs proches. Elle est devenue la présidente de l’antenne du Var. Les épreuves lui ont appris à relativiser. Elle n’a cessé de voir l’existence de façon optimiste. « Penser positif attire le positif. Cette philosophie m’a aidée. J’essaie de la transmettre », raconte celle qui dit avoir gagné en qualité de vie avec ses deux filles. « Elles me voyaient peu à la maison lorsque je volais. Je les ai vues grandir et les conséquences de l’AVC nous ont soudées ».

Il faut appeler le 15 sans tarder dès qu’un des signes d’alerte d’AVC se manifeste (faiblesse d’un côté du corps, difficulté à parler, paralysie du visage, du bras et/ou de la jambe.)

*Un accident ischémique transitoire (AIT) résulte d'une obstruction artérielle qui n'entraîne pas de lésion du cerveau. Ses symptômes sont les mêmes que l'AVC, mais ne durent que quelques secondes à quelques minutes avant le retour à la normale sans séquelles.

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