Qu’est-ce que le traitement par injection de plasma riche en plaquettes (PRP) ?

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Solal Duchêne

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Le traitement par injection de plasma riche en plaquettes (PRP) est une thérapie cellulaire qui consiste à administrer au patient ses propres plaquettes. Non remboursé, il est indiqué contre l’arthrose et les tendinites, après échec des traitements conventionnels.

Une transfusion de plasma pour soulager des douleurs liées à l’arthrose, ou soigner une tendinite ? C’est le concept du PRP, Platelet rich plasma en anglais, ou plus communément plasma riche en plaquettes. Obtenu à partir du sang du patient, il contient des facteurs de croissance pouvant stimuler la régénération de certains tissus.

Le plasma, indispensable au fonctionnement du corps humain

Tout d’abord, qu’est-ce que le plasma et à quoi sert-il ? Composé majoritairement d’eau (environ 55%), il constitue la partie liquide du sang. Son rôle : transporter les cellules sanguines (globules blancs, globules rouges et plaquettes), les hormones, et les cellules immunitaires (anticorps…) vers les différents organes du corps. Le plasma est ainsi indispensable à la coagulation du sang, à l’irrigation des tissus et à notre système immunitaire chargé de défendre l’organisme contre les agressions (virus, bactéries…).

Les protéines qu’il contient présentent également des vertus thérapeutiques. Le don de plasma permet ainsi de soigner des personnes atteintes d’hémophilie (1), souffrant de déficits immunitaires ou de graves brûlures, grâce à une transfusion. On peut par ailleurs l’utiliser pour fabriquer des médicaments.

Mais, aussi riche soit-il, le plasma ne contient qu’1% de plaquettes, ces cellules chargées de la coagulation pour limiter les hémorragies. Précieuses, « les plaquettes peuvent libérer des centaines de protéines capables de stimuler la cicatrisation ou la réparation tissulaire », indique le docteur Douglas Levy-Biau, docteur en médecine et traumatologie du sport. La méthode du PRP permet d’en augmenter significativement le nombre dans un échantillon de sang.

Un plasma riche en plaquettes, obtenu par centrifugeuse

Le plasma riche en plaquettes est obtenu grâce à une technique mise au point depuis une dizaine d’années. Elle consiste à prélever du sang d’un patient, à l’aide un kit à usage unique, avant de le passer dans une centrifugeuse (2). « Après cinq minutes de centrifugation, les plaquettes et le plasma sont séparés du reste du sang, c’est-à-dire des globules blancs et rouges », explique le docteur Philippe Loriaut, chirurgien orthopédiste, une spécialité médicale qui a souvent recours à la méthode PRP.

L’ensemble des plaquettes isolées se concentrent alors dans un échantillon de plasma, que l’on dit désormais « riche en plaquettes ». « Le volume de PRP et sa concentration en plaquettes varient selon les procédés et la pathologie à traiter, expose le docteur Samy Djabelkhir. On isole en moyenne entre 3 et 12 millilitres de PRP, avec une concentration en plaquettes pouvant être multipliée par 3 ».  Ce PRP peut ensuite être administré au patient dans le cadre d’un traitement. Il s’agit d’une transfusion autologue, c’est-à-dire administrée avec le propre sang du patient.

Bénéfique pour la cicatrisation et la régénération des tissus

« Injecter les propres plaquettes d’un patient permet de stimuler la cicatrisation de lésions qui ne guérissent pas spontanément, en réactivant les processus de régénération tissulaire », détaille le docteur Levy-Biau.

Cette médecine dite régénérative utilise les constituants du patient (cellules, plasma), ce qui « évite tout problème d’incompatibilité », ajoute son associé Samy Djabelkhir, docteur en médecine et traumatologie du sport. De ce fait, très peu de contre-indication existent et le traitement bénéficie « d’une excellente tolérance », d’après le médecin.

Ces injections permettent également « de ralentir la progression de la maladie, de diminuer la douleur et l’inflammation, et d’améliorer la mobilité », complète le docteur Loriaut.

Pour traiter l’arthrose et les tendinites

Les injections de plasma riche en plaquettes sont principalement indiquées dans les affections de l’articulation, en particulier l’arthrose et la tendinite (3). « Nous obtenons les meilleurs résultats dans les stades précoces d’arthrose du genou, mais le PRP peut aussi être utilisé pour des cas d’arthrose ou de tendinite du genou, du coude, de la hanche, ou encore de l’épaule », précise Philippe Loriaut.

Dans le cas de l’arthrose, le traitement par injection de plasma « ne reconstruit pas le cartilage, mais ralentit l’évolution de son usure et soulage les douleurs », souligne le chirurgien orthopédiste. En revanche, dans le traitement des pathologies du tendon, le but est de guérir le patient par la cicatrisation.

Prélèvement et réinjection dans le même temps

« Le volume de PRP et sa concentration en plaquettes varient selon les procédés et la pathologie à traiter, expose le docteur Samy Djabelkhir. On isole en moyenne entre 3 et 12 millilitres de PRP, avec une concentration en plaquettes pouvant être multipliée par 3 ».

En pratique, le plasma est réinjecté dans l’articulation, à l’aide d’une seringue. Le protocole de cette autotransfusion prévoit que le prélèvement, la centrifugation et la réinjection soient faits dans le même temps et le même lieu. « Une fois injecté, le PRP libère des protéines qui sont facteurs de croissance, et stimulent la régénération des tissus », décrypte le docteur Loriaut.

« Le patient est revu trois mois après l'injection pour évaluer l’efficacité », rapporte Douglas Levy-Biau. En fonction des résultats, une deuxième injection peut être envisagée. Si le traitement est un échec, il faut envisager une prise en charge chirurgicale, comme la pose d’une prothèse dans certains cas d’arthrose.

Peu d’effets indésirables ou de contre-indications

Le PRP étant un dérivé du propre sang du patient, très peu d’effets indésirables sont attendus. Il peut néanmoins survenir une douleur au cours du geste, qui disparaît en quelques heures. « Il existe aussi un risque d’infection locale, qui est très rare en pratique », poursuit le médecin du sport.

Dans un premier temps utilisé uniquement en médecine sportive, le traitement est désormais accessible à tous, sauf contre-indications (cancer, lésions cutanées proches du site injecté, grossesse, hémopathie ou thrombopénie particulières). « Il faut systématiquement signaler au praticien tout traitement en cours, ainsi que ses allergies éventuelles », rappelle Douglas Levy-Biau.

Une pratique qui reste à règlementer

Le coût d’une injection varie entre 200€ et 300€, et n’est pas pris en charge par l’Assurance maladie*. Ce coût correspond « au prix du kit et à la réalisation du geste », assure le docteur Levy-Biau. Certains professionnels de santé ont alerté, ces dernières années, sur des pratiques tarifaires abusives et des injections réalisées de façon excessives. « Comme dans toutes les professions, il peut y avoir des abus, reconnait le médecin du sport. Il est important de réglementer la pratique, afin d’uniformiser les protocoles, et avoir la même qualité de PRP partout. »

Pour définir ce cadre d’usage, le Groupe de recherche international sur les injections de plaquettes (GRIIP) a été créé en 2021. La réussite de ses travaux pourrait un jour mener au remboursement partiel du traitement, espère Samy Djabelkhir, « car plusieurs études ont prouvé son efficacité », juge-t-il.

* Une prise en charge totale ou partielle peut être proposée par certaines mutuelles.

(1) L’hémophilie correspond à l’impossibilité pour le sang de coaguler. En cas de saignement, l’écoulement ne peut pas s’arrêter ou très difficilement.

(2) Comme son nom l’indique, cet appareil utilise la force centrifuge, qui lui permet de séparer les composants du sang à l’aide d’un fort mouvement de rotation.

(3) La tendinite, ou tendinopathie, est une maladie du tendon, une structure fibreuse reliant les muscles aux os.

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