L’économie sociale et solidaire (ESS) compte 69 % de femmes. Pourtant, seules 33 % en moyenne sont présidentes de leur structure. Par ailleurs, 41 % d’entre elles travaillent à temps partiel. Quant aux écarts de salaires, ils sont estimés à près de 17 %, comme pour la moyenne nationale. Autant dire qu’il y a encore du chemin à parcourir pour atteindre la parité et l’égalité entre les femmes et les hommes.
C’est pourquoi le secrétariat d’État chargé de l’Économie sociale, solidaire et responsable a publié, en mars 2021, ESSentiElles, un livret de conseils pour favoriser l’égalité femmes – hommes au sein des structures de l’ESS.
Dans ce livret, cinq objectifs ont été définis :
Chacun de ces objectifs est décliné en plusieurs conseils.
Pour aider à ces changements ambitieux, la secrétaire d’État a désigné cinq femmes ambassadrices de ce combat. Chacune est une figure tutélaire d’une grande famille de l’ESS. Parmi elles, Dominique Joseph est secrétaire générale de la Mutualité́ Française, présidente de MutElles et membre du conseil supérieur de l’ESS (dont Olivia Grégoire est présidente). Elle a notamment participé à la rédaction de ce livret.
Cette fonction d’ambassadrice est donc la continuité de ce travail. Et aussi une conviction. « L’ESS défend les valeurs démocratiques. L’égalité femmes-hommes est la preuve d’une démocratie qui fonctionne. C’est aussi une question de respect des adhérents dans les groupements mutualistes, car les femmes représentent 55 à 60 % des leurs adhérents », souligne-t-elle.
Deux rôles principaux incombent à ces cinq ambassadrices. Le premier : dynamiser les initiatives en faveur de l’égalité femmes-hommes dans le secteur de l’ESS. « Cela signifie relancer la communication autour de cet enjeu, diffuser le livret ESSentiELLES et le guide de bonnes pratiques édité en 2016 par le conseil supérieur de l’ESS et inciter les structures à accélérer les changements, détaille Dominique Joseph. Je voudrais aussi inciter les différents acteurs à se demander comment le conseil d’administration, le bureau, les fonctions administratives traduisent ces questions dans leur organisation. Pour cela d’ailleurs, le questionnaire du livret est utile ».
En résumé, pour Dominique Joseph, « il faut passer des valeurs aux actes. Il faut que les conseils d’administration inscrivent l’égalité femmes-hommes dans leur stratégie annuelle, que cela devienne une priorité ».
Autre rôle des ambassadrices : identifier les femmes engagées, ayant des responsabilités et portant des projets remarquables dans les territoires. L’idée étant dans un second temps pour Olivia Grégoire de rencontrer et mettre en lumière les actions de ces femmes inspirantes lors de ses fréquents déplacements.
Côté objectifs, la secrétaire d’État chargée de l’ESS souhaiterait qu’ils soient atteints « dans un temps très court » et qu’il y ait une accélération des efforts entrepris autour de cet enjeu, sur les volets à la fois opérationnel et de gouvernance des structures de l’ESS. Sans quoi, il n’est pas impossible qu’une proposition de loi soit présentée pour contraindre les structures de l’ESS à des quotas de femmes, à l’image de la loi Copé-Zimmerman qui en impose dans les conseils d’administration et de surveillance des moyennes et grandes entreprises françaises.
« Ce serait dommage d’en arriver là, insiste Dominique Joseph. Évitons les contraintes, favorisons l’engagement. On peut réussir. Certains groupements mutualistes le font déjà ». Pour la secrétaire générale de la Mutualité Française, la nomination d’un(e) référent(e) ou d’un(e) élu(e) référent(e) à l’égalité femmes-hommes dans chaque groupement mutualiste représenterait un premier axe de progrès remarquable. « Nous serions alors sur la bonne voie ».