Écoresponsables ensemble pour une meilleure santé

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Angélique Pineau-Hamaguchi

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Comment réduire les dépenses de santé en France tout en améliorant l’état de santé de chacun d’entre nous ? L’équation paraît impossible. Et pourtant, intérêt collectif et intérêt individuel vont souvent de pair. Explications.

Comme la sobriété énergétique pour l’énergie, qui apparaît aujourd’hui indispensable pour le bien de la planète comme pour celui de notre porte-monnaie, une certaine modération dans le domaine de la santé n’est-elle pas souhaitable ? Certes, les effets ne seront pas visibles immédiatement. Mais si nos dépenses continuent d’augmenter, le risque n’est-il pas de mettre à mal tout notre système de santé ?

La réponse est clairement oui, selon le Cercle de recherche et d'analyse sur la protection sociale (CRAPS). « L’Assurance maladie est en déficit, tout comme les hôpitaux publics. On ne peut plus continuer ainsi. Car l’équilibre des comptes est la condition de la pérennité d’un système, insiste Jean-Paul Ségade, son président. D’autant plus que les Français n’en ont peut-être pas conscience mais ils contribuent à financer le système de santé – tout comme les entreprises – via les impôts, les cotisations sociales… »

12 % du PIB de la France consacré à la santé

L’efficacité ne semble pas non plus toujours au rendez-vous. « La France est l’un des pays qui dépensent le plus au monde pour sa santé (environ 12 % de notre PIB), rappelle le Pr Franck Chauvin, professeur de santé publique à l’université de Saint-Étienne et ancien président du Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Malgré cela, nos résultats sont assez médiocres en termes d’espérance de vie en bonne santé, de mortalité prématurée, d’inégalités… »

En chiffres

  • La hausse de la consommation de soins et de biens médicaux en France est de 3,9 % en 2022. C’est plus qu’avant la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 (+2 % en moyenne par an de 2010 à 2019).

Source : Les dépenses de santé en 2022 (Drees) et Vie-publique.fr.

  • 8 Français sur 10 inquiets de l’avenir de la protection sociale et près de 4 sur 10 se disent même « très inquiets ». Par ailleurs, 75 % pensent que le reste à charge va augmenter.

Source : Carnet de santé (2023).

  • Le coût social de l’inactivité physique pèse lourd en France : pas moins de 140 milliards d’euros par an. Ce qui correspond à plus de 38 000 décès et 62 000 pathologies causées chaque année. Ainsi, une personne inactive qui deviendrait active tout le reste de sa vie ferait économiser 840 euros par an si elle est âgée de 20 à 39 ans et plus de 23 000 euros si elle a entre 40 et 74 ans.

Source : L’évaluation socioéconomique des effets de santé des projets d’investissement public, France Stratégie, 2022.

La plupart des maladies chroniques évitables

Consulter votre médecin traitant dès qu’un souci de santé apparaît plutôt que de laisser votre état se détériorer, aller chez le dentiste au moins une fois par an pour traiter une éventuelle carie sans attendre d’avoir besoin d’une couronne (et sans oublier de vous brosser les dents deux fois par jour bien sûr)… De bons réflexes pour préserver votre santé et éviter les dépenses supplémentaires à l’avenir car, comme dit l’adage, « mieux vaut prévenir que guérir ». Mais il y en a d’autres. Au premier rang desquels avoir une alimentation équilibrée et pratiquer au moins 30 minutes d’activité physique quotidiennes.

Diabète, cancers, maladies cardiovasculaires… On ne le soupçonne pas toujours mais une bonne partie des maladies chroniques sont en réalité évitables, puisqu’elles sont le plus souvent liées à notre mode de vie : malbouffe, sédentarité, consommation de tabac, d’alcool…

La bonne nouvelle, c’est donc qu’il est possible d’agir, en reprenant notre santé en main. Et l’enjeu est loin d’être anodin. Aujourd’hui, pas moins de 24 millions de Français sont concernés par les maladies chroniques, soit 36 % de la population*. C’est deux fois plus qu’il y a vingt ans. Et leur nombre pourrait encore augmenter si nous ne changeons pas durablement nos habitudes.

Près de la moitié des cancers pourraient être évités

« Pour éviter les cancers de demain, c’est aujourd’hui qu’il faut agir », tel était le slogan d’une campagne de l’Institut national du cancer (INCa). En changeant nos comportements quotidiens et nos modes de vie, on pourrait empêcher près de la moitié des cancers détectés chaque année, estime l’INCa.

Certains facteurs de risques sont connus : le tabac, l’alcool, une alimentation déséquilibrée, le surpoids… Le tabagisme (actif et passif) est le premier d’entre eux : il est responsable de 68 000 nouveaux cas par an et de 46 000 décès par cancers.

Dépistages et vaccins : des alliés pour une bonne santé

On connaît également l’importance du dépistage pour déceler certaines maladies graves et les traiter le plus tôt possible, afin d’optimiser nos chances de guérison. Toutefois, seul un peu plus d’un tiers des 50-75 ans participe au dépistage du cancer colorectal et moins de la moitié des femmes concernées pour celui du cancer du sein.** Détecté tôt, ce dernier est pourtant soigné dans 90 % des cas.

De même, moins de 46 % des filles de 15 ans et à peine 6 % des garçons du même âge avaient reçu, en 2021***, au moins une dose du vaccin qui protège contre les infections par le papillomavirus humain (HPV), responsables de certains cancers, comme celui du col de l'utérus. Une couverture vaccinale bien inférieure à la plupart des autres pays industrialisés. La vaccination est recommandée – et non obligatoire – pour les 11-14 ans (deux doses sont nécessaires pour qu’elle soit efficace). Pour tenter d’inverser la tendance, elle est proposée gratuitement au collège aux élèves de 5e (garçons et filles), avec l’accord de leurs parents, depuis la rentrée scolaire 2023.

* Source : rapport de l'Assurance maladie, 2021.

** 34 % des 50-75 ans pour le dépistage du cancer colorectal sur la période 2021-2022 et 46 % des femmes du même âge pour le cancer du sein sur la période 2020-2021. Source : 30 propositions de l’Assurance maladie pour améliorer le système de santé et maîtriser les dépenses, 2023.

*** Source : Papillomavirus : faut-il généraliser la vaccination ?, Inserm.

Une aide financière de votre entreprise pour vos trajets à vélo ?

Un employeur, privé comme public, peut mettre en place le forfait mobilités durables dans son entreprise (ce n’est pas obligatoire). Il participe ainsi aux frais engagés par ses salariés pour se rendre à leur travail avec des moyens de transport plus « propres » : vélo, transports en commun, covoiturage… Son montant : jusqu’à 700 euros par an et par salarié exonérés d’impôt et de cotisations sociales (800 euros en cas de cumul avec la prise en charge de l'abonnement de transport en commun, dans le privé).

Si la mesure a des visées écologiques, elle encourage aussi l’activité physique dans le cas du vélo. Or, ce dernier a de nombreux bénéfices pour la santé car il sollicite presque tous les muscles du corps, et notamment le muscle cardiaque.

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