Le trouble de stress post-traumatique : est-il possible de le soigner ?

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Peggy Cardin-Changizi

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Le trouble de stress post-traumatique (TSPT) peut survenir chez certaines personnes après avoir vécu ou été témoin d'événements traumatisants (agressions sexuelles, accidents graves, catastrophes naturelles …). Le diagnostic et les soins sont généralement effectués par des professionnels de la santé mentale. Comment atténuer les symptômes ?

On trouve une définition simple du trouble de stress post-traumatique (TSPT) dans l’introduction du livre Le Trouble de stress post-traumatique. Savoir pour soigner1 : « Les troubles post-traumatiques interviennent en général après un traumatisme psychique, c’est-à‑dire à la suite d’une expérience qui déborde notre stratégie de défense habituelle. Le trouble de stress post-traumatique est le signe spécifique des réactions psychiques après un tel choc émotionnel ». En France, le TSPT prend place dans le débat public, notamment avec les attentats de 2015, les soldats français en opération à l’étranger, les violences faites aux femmes, les enfants victimes d’abus sexuels.

Que l’on soit victime ou témoin


« À chaque fois, les patients sont confrontés à un événement traumatisant présentant un risque de blessures graves ou de mort, ou une forme de violence sexuelle, qu’ils soient victimes, témoins, proches d’une victime ou exposés de façon répétée aux détails pénibles de l’évènement traumatique », explique le professeur Thierry Baubet, co-responsable scientifique du Cn2r (Centre national de ressources et de résilience) et psychiatre à l'Hôpital Avicenne (AP-HP) à Bobigny (93). Parmi eux : les accidents graves (voiture, travail…), les agressions physiques ou sexuelles, les attentats terroristes, certaines catastrophes naturelles (ouragans, tremblements de terre, inondations ou incendies), les expériences de guerre… 


Les situations potentiellement traumatiques ont donné lieu à diverses classifications. On distingue ainsi les TSPT de type 1 (événement unique, aigu comme une catastrophe naturelle, un accident de la route, un attentat) et les TSPT de type 2, dits aussi « complexes » (des événements chroniques, répétés comme des violences domestiques, des abus sexuels, de l’inceste, des guerres). 

Des flashbacks et des comportements d’évitement


« Tout le monde ne réagit pas de la même manière aux événements traumatiques, poursuit le professeur Baubet. Certains peuvent ne pas présenter de réaction immédiate. En revanche, 10 à 20 % des personnes développent un TSPT après une catastrophe climatique, alors que c’est le double face à de la violence interhumaine (ou intentionnelle) ». On regroupe ainsi les symptômes du stress post-traumatique en quatre catégories principales. « Tout d’abord, le syndrome de reviviscence dominé par des pensées intrusives liées à l'événement, explique le professeur Francis Eustache, neuropsychologue à l’Université de Caen et directeur d'études de l'École pratique des hautes études (EPHE). Ça peut être des images, des odeurs, des sons qui s’imposent à la conscience, comme si la personne revivait le traumatisme ». 
 

Deuxième catégorie : les mécanismes d’évitement. « La personne veut se protéger contre ces intrusions émotionnelles en évitant des activités, des situations, des endroits ou des personnes associés à l'événement traumatique. Le risque, c’est l’isolement, que la personne se coupe du monde. « C’est d’autant plus grave chez les enfants car ça va les empêcher de grandir et d’évoluer correctement ».

Irritabilité et pensées négatives


Troisième catégorie : les symptômes d'hyperactivité et de réactivité. « Les patients vont être constamment sur le qui-vive, alertes à tout danger potentiel, et vont sursauter au moindre bruit ». Des problèmes d’irritabilité, de concentration, de colère et de sommeil sont souvent associés. Enfin des changements négatifs dans l'humeur et la pensée sont possibles : sentiment de détachement ou d'isolement, pensées négatives, incapacité à se sentir heureux ou satisfait. « Cela peut évoluer vers une dépression, des addictions ou des tendances suicidaires ».
 

À noter que les symptômes de l’état de stress aigu sont très proches de ceux du trouble de stress post-traumatique. « La principale différence est leur durée : de 3 jours à un mois pour l’état de stress aigu (en fait ces symptômes peuvent être observés juste après le traumatisme), alors que le diagnostic de TSPT n’est posé que lorsque les symptômes sont présents pendant plus d'un mois ».
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Témoignage : « Je me suis tournée vers la thérapie cognitive-comportementale »

 

Jennifer, 38 ans, victime de viol.

« J'ai longuement tenté de contenir mes symptômes post-traumatiques par l’évitement. J’évitais des lieux, des bruits ou encore des odeurs. Ne pas entendre de sirènes de camions de pompiers, toujours m'asseoir à la place la plus proche possible de la porte, chacun de mes gestes me demandait un temps et une énergie inimaginables. Mais le soulagement n’était que temporaire et de plus en plus court, je devais prendre toujours de plus de précautions pour un bénéfice qui était inversement proportionnel.

Quand il m’est apparu nécessaire d’avoir recours à une aide extérieure, je me suis tournée vers la thérapie cognitive-comportementale (TCC). J’en lisais de bons résultats et la temporalité présentée comme brève me rassurait, je voulais que ce soit efficace et concis. J’ai aussi suivi un traitement médicamenteux qui m’a beaucoup aidé et j’ai finalement eu l’envie de prendre le temps de me découvrir pleinement, de réfléchir à mon histoire dans son ensemble et c’est avec une thérapie psychodynamique que j’ai finalement entrepris cela. Ce cheminement a aussi été vécu par mes proches qui ont d’abord eu peur, qui ont eux aussi dû faire face à l’inquiétude et à la méconnaissance. Mais il a aussi été inspirant puisque plusieurs personnes ont depuis choisi d'aller consulter pour eux-mêmes. » 

La psychothérapie en première intention

Le traitement du trouble de stress post-traumatique est une démarche complexe et individualisée qui implique généralement l'intervention de professionnels de la santé mentale (psychiatre, psychologue ou psychothérapeute). « Les traitements comme la psychothérapie visent à réduire voire supprimer les symptômes et améliorer la qualité de vie », concède le professeur Baubet.
La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) ciblée est l'une des approches les plus couramment utilisées pour traiter le TSPT. « Elle vise à modifier les schémas de pensée négatifs et à aider les individus à faire face aux pensées intrusives, aux cauchemars et aux évitements associés au traumatisme ». La TCC peut inclure des techniques comme la désensibilisation et le retraitement des mouvements oculaires (EMDR). 
Une thérapie psychodynamique peut aussi être proposée. Enfin, des séances peuvent être organisées avec le conjoint et la famille pour aider à améliorer les relations et à fournir un réseau de soutien essentiel.

Des médicaments en soutien

En plus de la thérapie, certains médicaments, tels que les antidépresseurs (surtout de la classe des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, ou ISRS) ou les anxiolytiques, peuvent être prescrits pour aider à gérer les symptômes. « Le choix du traitement dépendra des besoins individuels et sera déterminé en consultation avec un professionnel de la santé mentale », souligne le professeur Eustache.

Enfin, des techniques de pleine conscience, de méditation et de relaxation peuvent être intégrées pour aider à gérer le stress et à promouvoir le bien-être émotionnel.

1- Le Trouble de stress post-traumatique. Savoir pour soigner (Canini, El-Hage et Garcia, 2017)

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