L’infertilité masculine, en constante progression

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Anne-Sophie Glover-Bondeau (ANPM-France Mutualité)

Temps de lecture estimé 3 minute(s)

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L’infertilité masculine, en constante progression © Shutterstock/ciem

Les hommes des pays développés ont perdu plus de 50 % de leur production spermatique en trente ans. Comment expliquer cette diminution de la fertilité des hommes ?

« L’altération de la fertilité masculine et féminine est un phénomène qui a commencé il y a une quarantaine d’années », introduit le Professeur Samir Hamamah, chef de service de biologie de la reproduction du CHU de Montpellier et premier auteur du Rapport sur les causes d’infertilité (publié le 21 février 2022). Et elle est en constante progression. « On constate notamment un déclin qualitatif et quantitatif du sperme qui concerne les hommes du monde entier depuis 2017. Concrètement, un petit-fils a 56 % de concentration spermatique en moins par rapport à son grand-père », explique ce spécialiste. En outre, il y a également une augmentation significative des micropénis et du cancer des testicules, deux autres freins à la fertilité des hommes.

Quelles sont les causes ?

L’exposition à des polluants‚ notamment les perturbateurs endocriniens (PE) comme le Bisphénol A ou les phtalates présents partout (dans l’alimentation, l’eau, l’air, les plastiques, les cosmétiques, les pesticides, les métaux lourds comme le plomb, etc.), est probablement la grande responsable de la perturbation des systèmes de régulation hormonale. Cette pollution a des conséquences sur plusieurs générations. « Ces substances chimiques ont altéré des promoteurs de gènes impliqués dans la mise en place des organes reproducteurs », explique le Dr Hamamah. À cette exposition aux toxiques s’ajoutent le tabagisme, la consommation d’alcool, la surcharge pondérale, autant de facteurs d’atteinte de la fertilité masculine mais aussi féminine.

Les chiffres de l’infertilité en France

  • 3,3 millions de personnes sont touchées par l’infertilité
  • 12 % des couples en âge de procréer sont concernés
  • 123 000 tentatives en Assistance Médicale à la Procréation (AMP) pour l’année 2020
  • 10 % des couples restent infertiles après 2 ans de tentatives d’AMP
  • Jusqu’à 25 % des cas d’infertilité sont inexpliqués

Avec quelles conséquences ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ 186 millions d’individus, pour 48 millions de couples, sont concernés par l’infertilité définie comme « l’incapacité pour un couple d’obtenir une naissance souhaitée 12 mois après l’arrêt de toute contraception ». Un problème à ne pas sous-estimer pour le Dr Hamamah qui rappelle « que l’Assistance Médicale à la Procréation n’est pas une baguette magique avec un taux de réussite de FIV de moins de 25 %… ». Au-delà des situations d’infertilité, la mauvaise santé reproductive menace l’humanité. Le Dr Hamamah alerte sur le fait que le seuil de remplacement de 2,1 enfants par femme n’est plus atteint dans de nombreux pays.

La seule solution pour se prémunir des effets néfastes des perturbateurs endocriniens (PE) sur la santé humaine serait de diminuer le plus possible notre exposition à ces produits chimiques. « C’est pour cela que je milite auprès du gouvernement pour la création d’un logo reprotoxique qui avertirait la population, notamment les jeunes, des dangers de ces polluants sur la santé reproductive », explique le Pr Samir Hamamah. Celui-ci estime que pour préserver la fertilité et l’humanité, il va falloir totalement revoir nos modes de vie.

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