Quels sont les dangers des pouches, ces sachets de nicotine ?

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Quels sont les dangers des pouches, ces sachets de nicotine ?
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Très tendance, les sachets de nicotine, encore appelés pouches, et les perles de nicotine, qui se positionnent dans la bouche, séduisent les jeunes. Mais ces produits inquiètent les professionnels et autorités de santé ainsi que les associations de lutte contre le tabac.

Attention, danger ! Depuis quelques semaines, les professionnels et les autorités de santé ainsi que les associations de lutte contre le tabagisme alertent sur les effets néfastes des sachets de nicotine (pouches) et des perles de nicotine. Ces produits sont proposés par l’industrie du tabac. Outre la dépendance qu’ils peuvent entraîner, ils ne sont pas sans risques vasculaires (palpitations, formation de caillots, phlébites, accident vasculaire cérébral...).

Présentés comme des bonbons, ces articles sont enrobés d’un emballage coloré. Ils se déclinent en plusieurs arômes acidulés. Les pouches sont conditionnés sous forme de mini-sachets, qui se positionnent entre la joue et la gencive où leur contenu sucé ou mâché va se diffuser. Ils sont en vente libre et séduisent principalement les adolescents grâce à leur packaging original et moderne. Il en est de même pour les perles de nicotine.

« Elles ont l’avantage de se dissoudre totalement dans la bouche alors qu’un sachet doit être retiré une fois son contenu diffusé », précise le professeur Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme (CNCT). Les gencives sont très vascularisées. Ce qui signifie que la nicotine passe rapidement dans le sang. « Ça fait comme l’effet d’un shoot ».

La nicotine est une drogue dure dont il est difficile de décrocher

Dans un sondage récent réalisé par Alliance contre le tabac auprès des 13-16 ans, il ressort que 47 % des interrogés ont commencé leur initiation à la nicotine via les pouches ou les perles. La moitié d’entre eux se sont tournés ensuite vers d’autres produits contenant de la nicotine ou du tabac. « C’est une porte d’entrée royale vers la cigarette ! Ces chiffres ont de quoi inquiéter », admet le président de la CNCT qui demande que ces dispositifs très prisés soient complètement interdits. « La nicotine est une drogue triste et surtout dure comme l’héroïne dont on décroche plus facilement quoi qu’on en pense. »

Les sachets et les perles contiennent entre 2 et 20 mg de nicotine. « Cependant, il ne faut pas se fier à ce qui est marqué sur les boîtes. Ce n’est pas forcément vrai », avertit le médecin. Ces produits sont avant tout composés de sels de nicotine, plus addictifs que la nicotine de base. « On en met en quantité suffisante pour bien accrocher les consommateurs à l’hameçon. La nicotine a un effet actif d’environ deux heures ». Au bout d’une heure en moyenne, l’usager est déjà en manque. « Et donc il reprend un sachet ou une perle pour satisfaire cette dépendance qui va varier d’un profil à l’autre ».

Ces produits, légaux sur le marché français, répondent au même mode de consommation que les snus, petits sachets de tabac interdits à la vente dans les pays de l’Union européenne. « Mais on les trouve facilement sur internet ou dans des pays non-membres de l’UE comme la Suisse ou la Norvège », précise le professeur Yves Martinet. Le sondage initié par Alliance contre le tabac révèle que 7 % des interrogés ont déjà consommé ces sachets prohibés.

Des jeunes victimes d’intoxication à la nicotine des pouches

Récemment, l’Agence nationale de sécurité sanitaire a tiré la sonnette d’alarme sur ces produits alternatifs à la cigarette. Les centres antipoison reçoivent de plus en plus d’appels pour des personnes intoxiquées notamment par les pouches et les perles de nicotine. Les principales victimes sont les jeunes âgés de 12 à 17 ans. Ces consommations sont intentionnelles et pour la beaucoup signalées par les établissements scolaires. Les signes de ces intoxications sont parfois aigus : vomissements répétés, déshydratation ou encore convulsions.

Ces appels ne sont qu’« une partie de l’iceberg. On ne voit pas ce qui est immergé », comme le rappelle le professeur Yves Martinet. En effet, l’Anses se base sur des données transmises par les centres antipoison relatives aux incidents déclarés. Le nombre de cas d’intoxication est de ce fait sous-estimé.

D’autres incidents ont été signalés à la suite d’absorptions par des enfants de ces produits dérivés du tabac ou de la nicotine. Ils ont conduit à l’hospitalisation de certains d’entre eux. Ces prises accidentelles et inconscientes se sont principalement déroulées au domicile familial.

L’Assemblée nationale vote la fin des Puffs

Le lundi 4 décembre 2023, l’Assemblée nationale a voté à l’unanimité une loi qui interdit les Puffs, cigarettes électroniques jetables à usage unique, très prisées par les jeunes. Le texte législatif doit être soumis au Sénat puis devra obtenir l’aval de la Commission européenne. Si ces deux institutions suivent les députés, les Puffs disparaîtront définitivement du marché français, où elles ont fait leur apparition en 2021, à la fin de l’été 2024.

Outre les risques vasculaires et de dépendance que ces cigarettes peuvent entraîner, elles sont un vrai fléau pour l’environnement. Elles se composent en effet d’une pile non recyclable qui doit, vidée de sa substance, être jetée en déchèterie ou dans un conteneur pour piles usagées. Le professeur Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme, s’est félicité de cette première étape et souhaite que « le même sort soit réservé aux pouches et aux perles de nicotine ».

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