« Quand je revois mes films de vacances d’il y a une dizaine d’années, je me rends compte que j’étais déjà très essoufflé », confie Alain Murez, 64 ans, président de la Fédération française des associations et amicales de malades insuffisants ou handicapés respiratoires (Ffaair). « J’ai une BPCO sans doute depuis longtemps, mais le diagnostic n’en a été fait par une pneumologue à l’hôpital qu’avec plusieurs années de retard ! » soupire-t-il. « J’étais directeur administratif dans l’industrie chimique, poursuit Alain Murez, et je n’étais pas protégé des vapeurs d’acide. Il y a une dizaine d’années, ces questions de pollution au travail n’étaient jamais évoquées. Même les généralistes les ignoraient. »
« La broncho-pneumopathie chronique obstructive est une maladie inflammatoire entrainant une obstruction des bronches, explique le Dr Gilles Jebrak, pneumologue à l’hôpital Bichat, à Paris, et spécialiste de cette pathologie. Elle est due à l’inhalation de produits toxiques : fumées de cigarettes, fumées en milieu professionnel, pollution atmosphérique… Il existe aussi des facteurs génétiques ou historiques. Une tuberculose ou un asthme dans l’enfance y prédisposent. »
Une bronchite chronique ou un emphysème pulmonaire peuvent être les signes précurseurs de la maladie. Si l’exposition aux substances nocives perdure et que l’on ne traite pas l’inflammation, cela peut devenir une BPCO.
Pour être soigné le plus vite possible, il est préférable de consulter sans tarder un pneumologue, en cas d’un essoufflement anormal, principal symptôme de la maladie, et ce, dès 40 ans. Le dépistage se fait par la mesure du souffle, à l’aide d’un spiromètre, un appareil mesurant les débits respiratoires.
« Les bronches se bouchent progressivement, entraînant un mauvais passage de l’air, indique le spécialiste. Souvent, les patients ne s’en rendent compte que tardivement. Et ils estiment que, comme ils fument, toux et expectorations sont normales ! Progressivement, ils ne peuvent plus faire certains efforts physiques, comme de monter un escalier, par exemple. »
Heureusement, plusieurs traitements efficaces existent mais il faut commencer par se protéger des substances toxiques, arrêter de fumer et veiller à ne pas s’exposer au tabagisme passif.
L’utilisation de bronchodilatateurs au quotidien permet d’aider les bronches à s’ouvrir. Ce sont des médicaments sous forme de poudre à aspirer dans un appareil ou à l’aide d’un spray. Certains sont à effet immédiat, pour les crises importantes. Parfois, lors de leurs déplacements, les personnes atteintes de BPCO ont recours à un petit appareil à oxygène pulsé, d’une autonomie de 6 heures ou d’un plus gros, d’une autonomie de 12 heures, ce qui leur permet de prendre le volant en toute sécurité. Dans les cas plus graves, une ventilation assistée est nécessaire durant la nuit.
« En cas d’aggravation aiguë, il est parfois nécessaire de compléter le traitement par des anti-inflammatoires tels que la cortisone et par des antibiotiques par voie orale pendant quelques jours, mais il faut éviter une prise en continue qui expose à des effets secondaires, prévient le docteur Jebrak. La voie inhalée pour la cortisone est néanmoins recommandée pour les formes sévères et instables. En plus de ces traitements, le vaccin contre la grippe et celui contre le pneumocoque sont largement recommandés. »
L’exercice physique est important dans les cas de BPCO car il contribue à améliorer la respiration et à conserver une bonne musculature, un rôle essentiel dans le traitement.
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