Pierre Olivier Dufaux : « A la rentrée, les jeunes doivent trouver des endroits de socialisation autres que les lieux d’apprentissage »

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Victoire N’Sondé

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© Xavier Lorenzo

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Stress lié au retour en classe, fragilités persistantes suite à la crise Covid… Pour diverses raisons, nombre de jeunes peuvent être inquiets au moment de la rentrée scolaire, notamment les plus vulnérables. On fait le point avec Pierre Olivier Dufaux, directeur de Fil Santé Jeunes.

Comment vont les jeunes en cette période de rentrée scolaire ? Plus de trois ans après la survenue du Covid qui a eu de réelles répercussions sur leur santé mentale, la question est légitime.

Fort des 25 000 appels par an que son équipe, Pierre Olivier Dufaux dresse un état des lieux. Il dirige Fil Santé Jeunes, une ligne d’écoute téléphonique anonyme et gratuite, financée par l’agence nationale Santé Publique France.

Pouvez-vous présenter Fil Santé Jeunes ?

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PHOTO PORTRAIT PO DUFAUX

Pierre Olivier Dufaux : Notre équipe est composée de professionnels (psychologues, éducateurs et conseillers spécialisés, conseillère conjugale et familiale, psychomotricienne…) qui répondent aux appels des jeunes.

Plus d’un appel sur deux concernent des questions de mal-être, jusqu’à la crise suicidaire et un sur dix est en lien avec la contraception.

Nous n’avons pas la prétention de faire un diagnostic ou de soigner par téléphone ou par chat’. Après avoir pris le temps de conseiller et informer le jeune, nous l’orientons vers une structure qui fait un travail de terrain. Pour ce faire, nous disposons de plus de 20.000 adresses sur le territoire national.

Fil Santé Jeunes, une écoute téléphonique

Pour les 12-25 ans, 7 jours sur 7, 365 jours par an

Mal-être, contraception, violences, problèmes de santé…une équipe de professionnels répond aux questions des jeunes et les orientent. Et ce, gratuitement et de manière anonyme, tous les jours de l’année.

- Au téléphone : 0800 235 236 de 9h à 23h

- Par chat’ individuel sur www.filsantejeunes.com de 9h à 22h

- Par mail dans l’espace « Pose tes questions » également sur www.filsantejeunes.com

Fil Santé Jeunes est déjà particulièrement sollicité en août. Comment expliquer cette situation ?

Pierre Olivier Dufaux : Le mois d’août présente une particularité : beaucoup de structures d’accueil et de soins pour les jeunes ferment.

En août, nous ne recevons pas plus d’appels que d’habitude. Mais ces appels peuvent être plus longs, plus lourds… Notre dispositif va être davantage contacté pour maintenir un lien avec les soignants.

De même, autour de Noël et du Nouvel an, nous allons être sollicités par des jeunes qui ne disposent pas de réseaux amicaux. Durant les périodes de fin d’année, cet isolement, comme des difficultés familiales, peuvent exacerber le mal-être.

La rentrée scolaire est-elle aussi un moment d’inquiétude pour les jeunes ?

Pierre Olivier Dufaux :  Il est normal d’appréhender à la rentrée. Les appréhensions des jeunes sont plus fortes dans les périodes charnières : le passage du CM2 à la sixième, de la troisième à la seconde, quand ils quittent le lycée pour la faculté, quand ils quittent le giron familial…

Quels conseils peut-on leur donner en cette rentrée ?

Pierre Olivier Dufaux : Ils doivent redévelopper leur réseau de sociabilité et trouver des lieux dans lesquels rencontrer du monde ailleurs que dans les lieux d’apprentissage, par exemple en s’inscrivant dans un club de sport, en faisant du théâtre, etc.

Et si ça va mal, ils doivent se rapprocher des lieux qui existent pour en parler. A Fil Santé Jeunes, nous pouvons orienter les jeunes vers des structures adaptées à la situation de chacun.

En période post-Covid, peut-on dire que les jeunes vont mal ?

Pierre Olivier Dufaux : Il faut consulter le bulletin publié régulièrement par Santé Publique France et qui s’appuie sur le nombre de jeunes adolescents admis dans les services de santé mentale pour répondre à cette question.

Au moment de la crise Covid, dès 2020, Santé Publique France a constaté une augmentation des crises suicidaires, même chez les plus jeunes. Mais on ne peut pas dire que tous les jeunes vont mal.

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