Huit ans : c’est le temps moyen, en France, avant de diagnostiquer l’endométriose. Cette maladie, qui touche une femme sur dix en âge de procréer, provoque des douleurs intenses et invalidantes et peut causer une infertilité. Ses symptômes peuvent prendre des formes multiples. Et les examens pour la diagnostiquer sont longs et coûteux (échographies, IRM, cœlioscopie…). Or le temps perdu avant le diagnostic risque d’aggraver l’endométriose.
Mettre un terme à cette errance diagnostique et rendre le dépistage accessible à toutes, c’est le but d’Endotest. Ce projet de test salivaire a été présenté fin janvier 2022 par la start-up française Ziwig, en collaboration avec le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Une première étude, menée sur 200 femmes, a montré que l’analyse d’un simple prélèvement de salive permettrait de dépister l’endométriose avec 97 % de précision.
Les recherches s’appuient sur l’analyse des micro-ARN dans la salive des femmes. Ce sont des petites molécules présentes dans tous les fluides corporels. Des études menées sur d’autres affections, comme le cancer, ont montré que ces micro-ARN jouent le rôle de marqueurs biologiques de certaines maladies.
Les équipes de recherche ont donc séquencé les quelque 2 600 micro-ARN connus dans le corps humain avant d’isoler ceux qui étaient plus spécifiques des femmes atteintes d’endométriose. Ceci a permis d’identifier la « signature » de cette maladie, qui consiste en une centaine de micro-ARN caractéristiques. « L’intelligence artificielle a permis de traiter ces quantités phénoménales d’information, ce qui aurait été impossible pour des équipes « humaines », précise le Pr François Golfier, chef de service gynécologie-obstétrique à l’hôpital Lyon-Sud, qui participe aux études menées pour mettre au point ce test.
Le résultat espéré ? Un test que chaque femme pourrait réaliser facilement chez elle, en prélevant un échantillon de salive avant de l’envoyer pour analyse à un laboratoire. « En une dizaine de jours, le résultat permettrait de diagnostiquer une endométriose ou d’éliminer cette possibilité », poursuit le Pr Golfier, qualifiant cela de « révolution ».
Une nouvelle étude, sur 1 000 patientes cette fois, est actuellement menée dans cinq centres hospitaliers français pour élargir et préciser les résultats de la première. Une nécessité pour « éviter au maximum les risques de faux positifs, qui créeraient la confusion chez les patientes », tempère le Pr Michel Canis, gynécologue-obstétricien et spécialiste de l’endométriose. « Il faut être sûr que les marqueurs d’autres maladies n’interfèrent pas dans les résultats. La grande quantité de micro-ARN impliqués dans ce test devrait cependant permettre d’éliminer cette possibilité. »
La Haute Autorité de santé suit « de près ces avancées » selon le Pr François Golfier. Et ce d’autant plus que le gouvernement a lancé en février 2022 une Stratégie nationale de lutte contre l’endométriose.